Chapitre 2.

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Harry

Le jour suivant, à la même heure, j'étais en cuisine, préparant des pâtes à la tomate pour deux portions.

Ma journée avait été longue. J'avais dîné seul avec Louis et Victoire, les écoutant parler, n'essayant en rien de prendre part à leur discussion. Mes cours avaient été beaucoup trop longs. Je ne pensais qu'à cette roche que je voulais tant pouvoir toucher. Pourtant, ce n'était que les touches de mon clavier que mes doigts encore légèrement meurtris avaient eu le privilège de frôler.

Quand à mes révisions, elles étaient sur le point de se terminer, j'avais l'impression de ne penser qu'à ça, que dans ma tête, la liberté de mes pensées montagnardes avait disparue, laissant sa place à des formules et des numéros, en faisant encore plus besoin du grand air.

Je savais exactement ce qu'il se passait dans ma tête. Les montagnes me manquaient.

Même si j'avais grandi en Angleterre, sur ces terres plus plates qu'un fond de casserole, j'étais un enfant de la montagne, ne jurant que par ça. J'admettais volontiers que mon pays natal était magnifique... Mais les montagnes n'étaient pas présentes. Certes, il y avait quelques rochers, quelques collines, quelques reliefs, mais pas assez.

Alors souvent, j'avais le mal du pays. Chose qui était bien ridicule, mais les montagnes me manquaient et cette terre plate parvenait même parfois à me rendre malade.

Cependant, je vivais ici. C'est ici que j'avais grandi, c'est ici que j'avais appris à marcher. Même si c'était en Suisse, avec mon père, que j'avais commencé à grimper, ce pays plat était le mien.

Je mélangeai mes pâtes au moment où la sonnette de ma porte retentit. Je soupirai, grognant des mots inintelligibles. Je rangeai rapidement un dernier livre qui traînait sur la table, remettant mes boucles en place pour aller ouvrir.

Une jeune fille souriante apparût devant moi, posant un bisou sur ma joue avant d'entrer.

- Tu m'a manqué Harry, elle s'exclama en enlevant ses chaussures.

- Toi aussi, je répondis en refermant la porte.

Je tournai ma tête vers elle, tombant sur un sourire qui se voulait charmeur. Elle s'approcha de moi, posant rapidement ses lèvres sur les miennes, avant d'attraper ma main pour me tirer jusqu'à ma petite cuisine. Je la laissai ouvrir les casseroles, commentant ce que bon lui plaisait sur ce que j'avais fait. Ma main dans la sienne, elle se rapprocha de moi, revenant à la charge avec ses lèvres.

Je réussis à m'en séparer et récupéra ma main pour servir notre repas.

Nous mangeâmes face à face. Je l'écoutai me narrer ses journées, se plaindre de ne pas assez me voir, rouspéter face à ma fâcheuse manie de remplacer mes moments possibles avec elle, par des journées d'escalade.

Je ne l'écoutai pas vraiment, acceptant ses remarques.

- Et toi ? Comment tu vas ?

- Bien.

Et c'était reparti pour un tour. Elle s'appliqua à me reprocher le non-développement de mes réponses, enchaînant sur mes réponses trop courtes à ses messages, passant par le fait que je ne me confiais jamais à elle. Je soupirai, me levant pour débarrasser nos plats, la rejoignant ensuite sur le canapé où elle avait allumé la télévision.

- C'est quoi ces fiches ? Elle demanda en attrapant mes observations sur la table basse.

- C'est rien.

- Tu vas repartir, n'est-ce pas ? Sans moi.

Je haussai les épaules, les lui prenant des mains.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant