Chapitre 18.

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Louis

- Qu'est-ce que t'en sais ?!

Je reculai de quelques pas face à son ton agressif. Mon cœur tambourinait à trois mille dans ma poitrine, tapant ma cage thoracique, me heurtant de plein fouet. J'avais mal. Mes yeux me piquaient. Je détestais le voir ainsi. Au sol.

Au sol parce que ses jambes n'étaient plus capable de le porter, au sol parce que la montagne l'avait vaincu.

Je le connaissais. Même après tout ce temps, je savais ce qu'il devait ressentir.

Il devait tomber. De la même hauteur que moi, mais beaucoup plus vite. Le noir se rapprochait, il atteignait le fond et plus personne ne pourrait le relever après cela.

Je ne pouvais rien faire. Encore moins que les autres, parce que pour Harry, cela faisait longtemps que mon cerveau avait arrêté de penser, laissant la charge à mon cœur. Et mon cœur ne supportait pas de le voir ainsi.

Je voulais aller m'accroupir près de lui, au risque de me faire rejeter. M'accroupir et le serrer dans mes bras, le relever, l'installer dans son fauteuil et le rassurer. Le consoler, lui promettre que je serai là, que je l'aiderai. Que nous l'aiderions tous.

Pourtant je ne pouvais pas, parce qu'entre nous, il y avait du vide. Il n'y avait que du vide. Du vide si profond que même en battant des ailes pour le rejoindre, je n'y arriverai pas.

Je ne pouvais pas aller le prendre contre moi, je ne pouvais rien lui promettre.

Tout tomberait dans le vide, avec nous.

- Je n'en sais rien Harry... je chuchotai, prenant garde aux mots que j'utilisais. Je le vis serrer des dents, serrer ses poings, fuir mon regard. Je savais que ses mots me blesseraient. Mais j'étais prêt.

J'étais prêt que ce soit sur moi que sa tristesse se déverse. J'étais prêt que ce soit sur moi qu'il s'énerve. J'étais prêt et je l'acceptais parce que je voulais qu'il aille mieux.

Voilà tout ce que je pouvais faire.

- Si tu ne sais rien, tu ne dis rien, il claqua, m'envoyant sa remarque sans pitié.

Mes yeux me piquèrent un peu plus car jamais Harry ne s'énervait. Jamais il ne perdait patience, comme jamais il n'abandonnait.

Sauf lorsqu'il était à bout. À bout de se battre, à bout de persévérance.

Et cela n'arrivait que rarement. Très rarement.

Comme lorsque nous étions petits. Il était accroché au rocher. Au même caillou depuis près d'une heure, ayant le mouvement, les prises, tout. Pourtant, il n'y arrivait pas. D'en-bas, son père l'encourageait, mais Harry avait rapidement fait entendre sa voix, nous disant sèchement de nous taire.

Il avait fini par redescendre, d'une humeur massacrante. C'était la première fois qu'il échouait dans une voie.

Jamais je n'avais vu ses yeux verts autant brillant d'exaspération. Les mêmes que j'apercevais maintenant.

Il était énervé. Mais pas contre moi, contre lui-même.

Et c'en était même encore plus douloureux.

- Tu ne vas pas réussir Harry, je dis calmement, décidé à ne pas me laisser déstabiliser par son regard qui me hurlait de partir. M'enfuir loin de lui. Et je ne pouvais pas ; il m'avait appelé.

- Ne dis rien, si tu ne sais rien ! Il claqua une nouvelle fois.

Je fermai mes paupière, accusant le coup, mais ne releva rien.

ClimbheartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant