5 - ALYSSA

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— Donc, tu es le capitaine ?

Owen redresse fièrement le menton en affichant son plus beau sourire.

— Exactement, tu as devant toi le capitaine, plaisante t-il. Il faudra que tu viennes nous voir jouer, propose t-il enthousiaste.

— Je ne comprends pas vraiment toutes les règles du football américain, j'avoue lui arrachant un rire.

— Ce n'est pas si compliqué, je t'expliquerai tout ce qui a à savoir.

Je souris tout en prenant le temps de le détailler. Ce garçon est plutôt mignon en plus d'être poli et charmeur, je suis étonnée qu'il n'ait pas déjà une copine. Sa carrure athlétique, ses cheveux châtains en désordre et son sourire doivent pourtant en attirer plus d'une.

Mon regard tombe sur Aaron et ses deux amis qui tournent étrangement le dos au bar et je plisse les yeux perplexe, ces types ne sont vraiment pas nets

— Tu habites sur le campus ? demande Owen m'arrachant à ma contemplation.

— Non, j'habite chez le fils d'une amie à ma mère, j'explique en désignant Aaron dans son dos.

Owen fronce légèrement les sourcils en apercevant mon colocataire et m'envoie un regard dubitatif.

— Celui avec les tatouages ? Aaron Wade ?

J'acquiesce et il ne semble pas ravi. À vrai dire, ça ne m'étonne pas. La réputation d'Aaron ne doit pas être jolie, ce garçon est un nid à problème il n'y a pas de doute.

— Ce mec là est..., commence Owen ne trouvant pas les mots adéquats pour décrire Aaron.

— Un con ? je propose ce qui parvient à le faire rire.

— Je n'aurais pas trouvé un meilleur adjectif.

Aaron boit sa bière ne se doutant pas que l'on parle de lui. J'observe les tatouages visibles sur ses bras curieuse

— Tu le connais ? je demande en reportant mon attention sur Owen.

— Tout le monde connait Wade. Méfie toi de lui, il n'est pas fréquentable.

Je lance un coup d'oeil dans la direction du concerné et suis surprise de croiser son regard. Il détourne rapidement les yeux pour interpeller le barman et je me concentre de nouveau sur le capitaine de l'équipe.

— Sinon, tu as un copain ? me demande t-il curieux.

Ma gorge se noue presque immédiatement alors qu'il aborde le sujet que je préférerais éviter. Je secoue la tête n'arrivant pas à formuler une phrase.

— Tu en avais un avant de venir à Chicago ?

Ses questions sont innocentes et pourtant elles me refroidissent instantanément. Je dois oublier le passé et tout ce qui va avec.

— Oui mais ça s'est terminé.

— Il s'est passé quoi ?

Je resserre ma prise sur mon verre essayant de garder la tête froide. Je ne veux pas parler de lui ni de ce qu'il a pu faire. Aujourd'hui je suis à Chicago loin de lui et de tous les autres.

— On ne voulait pas d'une relation à distance.

Owen hoche la tête compréhensif puis regarde sa montre.

— J'ai un entrainement demain matin, je ferais mieux de rentrer, annonce t-il. On se revoit vite, dit-il en m'adressant un clin d'oeil avant de partir avec ses trois amis.

Je l'observe sortir en saluant plusieurs personnes au passage et Kimberly m'envoie un petit sourire malicieux.

— Tu as tapé dans l'oeil d'Owen Riviera.

Je secoue la tête en souriant, je n'ai vu ce garçon que deux fois, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions.

— Et toi ? Aucun de ces footballeurs ne n'intéressent ? je demande en retour.

Elle lance un coup d'oeil en direction d'Aaron et soupire.

— Je crois que je ne suis pas faites pour les relations sérieuses.

Je suis son regard et découvre qu'Aaron est désormais en compagnie d'une brune que je n'avais encore jamais vu. Je ne comprendrais jamais les filles qui se jettent dans les bras des garçons comme Aaron, je ne vois pas quel plaisir il y a à se faire jeter au petit matin par un mec arrogant comme lui.

— Qu'est-ce qui a bien pu te plaire chez lui ? je la questionne n'arrivant pas à comprendre comment Kimberly a pu se laisser avoir.

Elle le regarde tristement tout en réfléchissant puis reporte son attention sur moi.

— Quand il est arrivé à Chicago il y a quelques années, il est rapidement devenu ami avec Stan et je me suis bien entendue avec lui. Je suppose qu'on voulait simplement vérifier qu'il n'y avait rien d'autre que de l'amitié entre nous.

— Aaron est ton ami ? je souligne incrédule.

— Je sais qu'il n'en a pas l'air mais, Aaron est un mec gentil au fond. Cette attitude détestable n'est qu'une couverture. Je ne sais pas exactement ce qu'il a vécu avant son arrivée ici parce qu'il n'en a jamais parlé mais ce garçon est complètement détruit. Je pensais que je pourrais l'aider et qu'il changerait pour moi mais c'est peine perdu.

Elle a peut-être raison mais ce n'est pas pour autant que je vais éprouver de la compassion pour lui. Aaron n'a pas arrêté de se montrer méchant depuis que je suis ici et je doute que lui trouver des excuses soit judicieux. Il vaut mieux qu'on se contente de cohabiter lui et moi, dans quelques mois je partirais et reprendrais le cours de ma vie loin de lui.


❖ ❖ ❖


Je ne suis pas rentrée tard, épuisée par ma première journée ici. L'eau chaude de la douche parvient un peu à me détendre et après une bonne dizaine de minutes je me décide enfin à sortir pressée d'enfin pouvoir dormir. J'enfile le t-shirt trop grand qui me sert de pyjama et quand je sors de la salle de bain je manque de faire un arrêt cardiaque en tombant sur Aaron que je n'avais pas entendu rentrer. Je jette un coup d'oeil dans son dos m'attendant à y trouver la fille avec qui il était au bar mais ce soir, il est visiblement rentré seul.

Son regard glisse sur mes jambes nues sans gêne et je fronce les sourcils mal à l'aise. Le muscle de sa mâchoire tressaille alors qu'il plonge son regard dans le mien puis, il affiche un petit sourire narquois.

— Pas mal, commente t-il.

— Je ne pensais pas que tu serais du genre à t'exciter sur des jambes comme un adolescent.

    Son sourire s'élargit alors qu'il se redresse un peu me dominant de toute sa hauteur.

    — Je ne joue pas dans la même cour que le capitaine, s'il y en a bien un qui est encore un adolescent, c'est lui.

    — Tu es jaloux, je suggère étonnée qu'il m'ait observé plus tôt dans la soirée en compagnie d'Owen.

— Jaloux vis à vis de toi, répète t-il moqueur. Ça ne risque pas d'arriver et être jaloux d'un de ces abrutis de sportif, encore moins.

Je l'ignore et le contourne avant d'entrer dans ma chambre. Je souffle en posant mes affaires, je ne vais pas supporter son attitude longtemps. Je suis là depuis seulement trois jours et je suis déjà épuisée. Comment Kim a t-elle fait pour le supporter ?

Vivre avec cet idiot est malheureusement ma seule solution pour l'instant et il est hors de question que je retourne à Denver chez mon père. Au moins ici, je suis en sécurité même si Aaron est un emmerdeur. Peut-être que Kim a raison, finalement il cache peut-être juste quelque chose. S'il est autant sur les nerfs c'est peut-être parce que lui aussi son passé n'est pas la meilleure chose qui soit.

HATE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant