HATE ME

27 - ALYSSA

  Aaron a un comportement étrangement normal. Je pensais que la venue de son père ferait de lui une vraie furie, mais il en est rien. Il a même fait un travail pour l'université, j'ai l'impression de rêver. Comment sommes-nous passés de pire ennemis à ce que nous sommes aujourd'hui en l'espace d'une soirée au restaurant ? Bien sûr, il garde son comportement froid et distant la plupart du temps, mais parfois il adopte un comportement complètement opposé, il vient vers moi et se montre attentionné. Je ne pensais même pas qu'Aaron pouvait avoir un tel comportement et lui non plus visiblement. Il est sûr de lui mais il n'est pas difficile de voir que la situation est une nouveauté pour lui. Mais c'est presque naturellement qu'il attrape ma valise pour la descendre dans les escaliers alors qu'il tient déjà la sienne dans l'autre main. On n'est pas vraiment un couple, on passe le plus clair de notre temps sans se calculer, mais parfois sans raison, on se retrouve dans les bras l'un de l'autre. Comme si on lutte contre ce que l'on ressent la majorité du temps et que d'un coup, le temps d'un instant, on met notre raison de coté. Je n'ai pas essayé de reparler de son père évitant le conflit, même s'il dit me considérer de façon différente que les autres il n'est pas disposé à se confier. Aaron est compliqué et je ne pense pas qu'il se mette à me raconter sa vie une nouvelle fois, il m'a tout raconté à propos de son père mais il ne m'en dira pas plus sur ce qu'il ressent. Je me contente de ce que j'ai, de toute façon je ne m'engage à rien puisque ne nous sommes pas dans une relation officielle. Disons, que notre lien est tout aussi complexe que nos deux personnalités et que c'est très bien comme ça. Je ne peux pas assurer que ce sera durable mais pour l'instant ça nous convient.

  Je n'ai jamais réellement connu sa mère mais vu son humeur morose depuis ce matin, je sens que le séjour va être interminable. Je monte dans la voiture après qu'il ait mis nos valises dans le coffre. Il vient s'installer derrière le volant en soufflant et met le contact.

- Retour à Denver. Dit-il faussement enthousiaste.

Je peux comprendre qu'il n'ait pas envie d'y aller, par chance mes parents n'habitent pas à Denver même, ils sont à plusieurs kilomètres de la ville et je ne croiserai surement personne que j'ai pu connaitre par le passé. Je ne suis pas encore prête à affronter de nouveau tout ce que j'ai fuis. Et lui, il ne doit pas être heureux à l'idée de retourner dans la ville de son enfance si chaotique.

  Il n'a pas prononcé beaucoup de mots depuis ce matin et je ne le pousse pas à parler. Quand Aaron est dans sa phase fermée au monde extérieur, je ne préfère pas le confronter. Il s'arrête devant chez Hope qui arrive avec une grande valise souriante. Il y en a au moins une qui est d'humeur joviale aujourd'hui. Aaron souffle ne souhaitant surement pas partager le bonheur de Hope.

Elle monte à l'arrière en nous saluant et ça change immédiatement mon humeur. Cette fille a le don pour rendre heureux toutes les personnes qu'elle croise, si on exclut Aaron du schéma qui tire toujours la gueule.

- Laisse moi deviner, il fait la gueule ? Demande-t-elle.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire en voyant la mâchoire crispée d'Aaron, si ce n'était pas sa soeur il l'aurait déjà sortie de la voiture.

- Tes parents n'habitent pas à Denver si je me souviens bien ? Demande Hope.

Je lui explique la situation et lui dit aussi qu'il est inutile de les prévenir que je suis chez leur mère parce qu'ils ont du boulot. C'est en partie vrai, mais je ne veux surtout pas les voir si tôt. Je leur ai causé beaucoup de soucis avec Jayden et le mieux c'est que je les laisse respirer un peu.

  Je parle avec Hope jusqu'à ce qu'Aaron se gare sur le parking de l'aéroport et adresse un regard noir à sa soeur dans le rétroviseur.

- Vous êtes sûres de ne pas vouloir y aller sans moi ? Demande-t-il.