7 - ALYSSA

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Je suis assise à la table de la salle à manger et ne peux m'empêcher d'observer Aaron toujours installé dans le canapé. La télé est allumée mais il est plutôt concentré sur son téléphone. Je dois reconnaitre qu'il m'a bien eu tout à l'heure et ça n'a pas manqué de m'énerver.

    Je joue avec ce qu'il reste dans mon assiette du bout de ma fourchette n'ayant plus faim et fronce les sourcils alors qu'Aaron me jette un coup d'oeil de sa place.

    — Tu veux ce qu'il reste ?  je propose en désignant mon assiette de pâtes.

    Il observe mon plat méfiant et pose son téléphone.

    — Tu as mis quoi dedans ? demande t-il sur ses gardes s'attendant peut-être à ce que je tente de l'empoisonner.

    — Tu n'as jamais vu de pâtes ?

    Il se lève et tire la chaise en face de moi pour s'installer à table. Il semble hésiter un instant mais fini par faire glisser l'assiette vers lui avant de me prendre la fourchette de la main.

    — Ne me remercie pas surtout, dis-je face à son comportement.

    Il lève les yeux sans pour autant me remercier et goute le plat avant de se remettre à écrire je ne sais quoi sur son téléphone.

    — Pourquoi tu te comportes comme un connard ? je demande subitement n'arrivant pas à le cerner.

    — Je dois le prendre comme une insulte ? me questionne t-il en retour sans lever les yeux de son écran.

    — Non, c'était une vraie question.

    Il sourit puis éteint son téléphone avant de se remettre à manger. J'observe les veines qui sillonnent ses avant bras puis les tatouages qui les recouvrent. Ils n'ont aucun rapport entre eux mais s'accordent parfaitement. Les emplacements sont bien choisis et j'ai bien l'impression qu'ils sont tous réfléchis.

    — Tu ne réponds pas ? j'insiste.

    — Je n'en ai pas envie, rétorque t-il.

    — Donc, il y a bien une raison en particulier pour laquelle tu te comportes comme un connard, en déduis-je.

    Il cesse de manger et m'observe de ses deux yeux bleus hypnotisants. Ce garçon a un regard intense et profond qui contraste avec la noirceur de ses cheveux. Sa mâchoire bien dessinée et les traits fins de son visage le rendent particulièrement beau. Dommage que ce ne soit qu'un con de plus.

    — Il n'y a aucune raison, ne cherche pas à en trouver, prévient-il.

    — Laisse moi deviner, tu t'es fait briser le coeur ? je lance sarcastiquement.

    Il souffle du nez retenant un rire me laissant deviner que cette théorie est absurde.

    — Personne ne peut me briser le coeur, je n'en ai pas, plaisante t-il.

    — Pourquoi tu as habité un certain temps chez ma mère quand tu étais plus jeune ?

    Maman n'a jamais voulu me donner la raison pour laquelle elle avait hébergé son amie Elizabeth et ses deux enfants des années plus tôt. J'étais chez papa à cette époque pour ne pas avoir à changer d'école avec le divorce, je n'ai donc pas croisé le détestable Aaron.

    Il pose sa fourchette l'air contrarié et le muscle de sa mâchoire tressaille brièvement.

    — Je préfère quand tu fermes ta gueule et que tu t'enfermes dans ta chambre.

    — Tu fuyais quoi exactement en venant chez ma mère ?

    — On ne fuyait pas, rétorque t-il froidement.

HATE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant