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Le jour de son treizième anniversaire, avait été une journée maussade et froide. Le village venait de se remettre d'une énième épidémie, affaiblissant leurs réserves et nuisant aux humeurs. Des familles pleuraient encore leurs pertes, tandis que des messes se multipliaient en l'honneur des perdus. La journée d'Édith fut donc rythmée par les veuves qui, tristement, venaient demander de quoi manger pour leurs enfants amaigris. Sans grande surprise, une lettre était parvenue pour lui annoncer que cette année sa mère ne viendrait pas. Toutefois, pour changer, la lettre mentionnait la hâte grandissante qu'ils éprouvaient de la revoir – elle, son frère et son beau-père. Cette fois l'excuse avait été la fièvre, l'année passée une mission de guerre, l'année prochaine serait peut-être la survenue d'une grossesse. Cela ne changeait pas grand-chose en définitive. Depuis longtemps déjà, l'enfant s'était habitué à ne plus compter sur son espoir de les revoir. Ils lui manquaient, mais elle pouvait vivre avec. Aujourd'hui, des choses plus importantes l'attendaient que son égoïste tristesse.
Édith ne s'était pas toujours estimée chanceuse. Orpheline de père et abandonnée par sa mère, la jeune enfant avait toujours pensé en un sens que sa vie n'avait pas d'importance. À qui manquerait-elle si elle venait à disparaître ? Cette idée l'avait réconfortée pendant longtemps. Cela lui enlevait une pression, rendant ses actions vides de conséquences. À ce titre, elle pourrait vivre sa vie comme elle l'entendait sans devoir des excuses à qui que soit pour le simple fait d'exister. Cette illusion n'avait pas duré longtemps ceci étant dit. Ses devoirs l'avaient rapidement rattrapé et ses écarts s'étaient ratifiés. Son amitié avec Aethelbert lui avait toutefois permis de ne pas voir ses petites fantaisies disparaître.
Aujourd'hui, Édith ne sait plus ce qu'est la chance. Serait-ce le fait de survivre encore et encore ou de mourir avant de ne perdre plus que ce que nous avons à donner ? Étrange question pour une bien fatiguée jeune femme. Après tout elle aurait tout le temps d'y réfléchir une fois sortie du piège dans lequel elle s'était avancée. Son maigre avantage commençait à disparaître tandis que l'homme se rapprochait dangereusement de sa position.
Le souffle court et les muscles tendus, Édith tente tant bien que mal de creuser la distance. Ses balades lui avaient permis de se familiariser avec le paysage mais pas suffisamment pour avancer comme elle le devrait. Certains repères parvenaient néanmoins à se dessiner dans la nuit. Un rond de roches avec au centre un plant de løk [oignon] avait été le premier. Un arbre aux branches ouvertes, le second. La fille les suit docilement dans la clarté de la nuit. Malgré de nombreux doutes, un bruit grandissant finit par lui indiquer qu'elle ne s'était pas trompée.
Dans son dos, la fille sent la menace s'approcher. Chaque chemin lui étant offert comportaient son lot de dangers et de contre-temps ; ils lui revenaient de ne pas se tromper. L'Homme pourrait être n'importe où, à quelques mètres ou à des dizaines.
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𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌
Fanfiction"𝘛𝘩𝘦𝘳𝘦 𝘪𝘴 𝘯𝘰 𝘴𝘸𝘦𝘦𝘵𝘦𝘳 𝘪𝘯𝘯𝘰𝘤𝘦𝘯𝘤𝘦 𝘵𝘩𝘢𝘯 𝘰𝘶𝘳 𝘨𝘦𝘯𝘵𝘭𝘦 𝘴𝘪𝘯𝘴 " - 𝖧𝗈𝗓𝗂𝖾𝗋 𝖣...