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Margrethe était revenue, nuit après nuit. Les jours s'étaient écoulés, les semaines aussi. Les habitudes s'étaient installées et leurs conversations s'étaient allongées. Avec lenteur, l'une s'était habituée à l'autre. Ce rapprochement facilitait leur rapport et apaisait leurs nerfs. Il leur avait fallu du temps pour se l'admettre : elles n'avaient pas besoin de se faire la guerre.
Margrethe lui avait ramené des laines afin de faire face à l'hiver. Édith avait même commencé à se mettre de côté quelques réserves. Au cas où, se disait-elle. La fille avait prévu de s'enfuir, bien sûr. A dire vrai, elle y pensait tout les jours. Un rien lui retenait simplement la main : le bon moment finirait bien par arriver et alors, elle serait prête.
En attendant, la vie suivait son court et l'Étrangère faisait tout ce qui était en son pouvoir afin de s'y habituer : elle apprenait les termes de bases, le nom des plantes et les mélanges utiles. A deux, elles parvenaient à mêler leur savoir et leur secret. Edith apprit à la fille des cataplasmes guérisseurs pour ses mains gercées et l'esclave lui apprit en retour des baumes pour ses plaies.
Une chose en entraînant une autre, elles commencèrent à être suffisamment à l'aise pour que Margrethe la rejoigne plus tôt. La rejoignant l'après-midi, lorsqu'elle était libre, l'Esclave venait tisser en sa compagnie tandis que Édith mangeait les victuailles qu'elle lui avait dérobé. L'Étrangère commence même à apprécier le goût âpre du vin sec.
En quelques mots, sa condition s'améliorait - qu'on le veille ou non - au sein de cette forêt. A l'abri des hommes, des autres, la fille reprenait des forces qui lui manquait. Retrouvant jour après jour l'appétit, son ventre était plein et son esprit aussi. Seul le sommeil lui manquait. Il lui manquait même terriblement.
La veille au soir, le ciel s'était déchiré. L'humidité l'avait enveloppée de toute sa force et les bourrasques de vent s'étaient échouées contre ses murs. Son esprit fatigué rêvait de départ, de fuite et d'obstacles. Il ne lui était pas exceptionnel de deviner derrière la porte, le grattement d'un corps meurtri qui lui suppliait l'asile, une multitude de voix lui criant de leur ouvrir, de les sauver, de ne pas les abandonner. Elle avait eu raison de penser avoir amené une partie du Sussex avec elle : ses démons l'avaient bel et bien suivi jusqu'ici. Ils lui tenaient désormais compagnie dans la noirceur de la nuit.
Les souvenirs qu'elle avait occulté durant les quelques jours mouvementés de son voyage commençaient à se faire plus lisses. Ils devenaient plus clairs qu'ils ne l'avaient jamais été. Il lui arrivait souvent de surprendre dans une lueur, une éclaboussure de sang sur un visage, une chaussure abandonnée au détour d'un couloir, des râles agonisants qui se mêlent aux cris du vent. Tant de détails qui retrouvaient toutes leurs importances.
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𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌
Fanfiction"𝘛𝘩𝘦𝘳𝘦 𝘪𝘴 𝘯𝘰 𝘴𝘸𝘦𝘦𝘵𝘦𝘳 𝘪𝘯𝘯𝘰𝘤𝘦𝘯𝘤𝘦 𝘵𝘩𝘢𝘯 𝘰𝘶𝘳 𝘨𝘦𝘯𝘵𝘭𝘦 𝘴𝘪𝘯𝘴 " - 𝖧𝗈𝗓𝗂𝖾𝗋 𝖣...