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Il n'y aucune honte dans la violence. Aussi laide et brutale soit-elle, la violence n'a rien de terrible ou d'insurmontable. Hedda n'est pas un monstre. Ni une bête. Elle est simplement une fille. Le monde est violent, il est logique qu'elles le soient aussi.
La guerre n'est jamais belle, jamais pure ; il suffit simplement de faire ce que nous devons faire pour survivre. S'entraîner devient donc essentiel dans un monde où le moindre danger guette. Nous avons chacun une part de violence, plus ou moins grande en fonction de ce que la vie en a faite ; il nous revient à peine de choisir ce que nous pouvons en faire. Certains en usent pour se défendre, d'autres pour attaquer : face aux Dieux, quelle différence cela peut faire ?
Les hommes ont le don de savoir justifier leurs actions : aucune âme n'est jamais prise en vain. Hedda sait pourtant que dans son cœur qu'il n'en est rien. Des hommes et des femmes meurent tout le jour sans que le monde ne change : leur mort ne veut rien dire, pas plus que leur existence toute entière. La quête du sens de cette violence la motive jour après jour à faire ce qui est juste. Aujourd'hui plus que jamais, cette recherche est essentielle. Bientôt, Hedda devra faire un choix. La guerre gronde et la fille la sent venir. Il n'est plus qu'une question de temps avant que toute cette violence n'explose. Terminés les entraînements et les faux-semblants, dans quelques semaines il serait temps d'agir. Pour le meilleur comme pour le pire.
— Qu'est-ce que tu attends ? Lui demande une Edith prête à frapper. Nous avons du travail.
Voilà de longues semaines qu'elles s'entraînent. Hedda voit du progrès bien sûr, mais elle n'est pas sûre que cela suffise : Edith n'a pas ce qu'il faut pour résister au pire. Dans le meilleur des cas, elle pourrait se défendre face à un civil; ce qui n'aide en rien. Malgré leurs séances, elle reste fragile.Elle frappe encore et encore, sans avoir le moindre objectif.Son séjour ici ne lui a-t-il rien appris ?
La hache reste sans doute le pire.Hedda pensait pourtant que cela lui serait plus facile, l'arme étant plus légère qu'une épée. La guerrière avait seulement oublié un détail : pour qu'elle fasse le travail, elles devraient se battre au corps à corps. Ce peu de distance la laissait cruellement exposée sans l'emploi du moindre bouclier ; car bien entendu, Edith ne sait pas manier les deux.Lagertha voudrait venir constater l'étendue de ses progrès et risquait d'être déçue.
Si d'ordinaire leurs entraînements se déroulaient en début ou en fin de journée afin d'éviter le public, ces recommandations venaient d'être changées. Qu'elle s'entraîne aussi longtemps que tu l'estimeras nécessaire, lui avait concédé Torvi. Depuis, les deux jeunes filles passaient la plupart de leur journée à chahuter dans la boue au vu et au su de toutes.Si au départ la plupart feignait de ne pas s'y intéresser, les apparences avaient reculé devant la curiosité.Si les premiers jours le comportement des guerrières leur permettait de passer au-dessus, cela ne devait pas durer.
