𝟨. 𝘏𝘪𝘥𝘦 𝘢𝘯𝘥 𝘚𝘦𝘦𝘬

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𝗍𝗐 : 𝗏𝗂𝗈𝗅𝖾𝗇𝖼𝖾, 𝗆𝗈𝗋𝗍(𝗌)

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𝗍𝗐 : 𝗏𝗂𝗈𝗅𝖾𝗇𝖼𝖾, 𝗆𝗈𝗋𝗍(𝗌)

Édith s'était toujours demandée ce que ferait l'effet d'une pierre jetée sur un crâne. Un crâne adulte et ferme. Elle imagine que cela doit bien dépendre de la taille de la pierre et de la violence de l'impact. Dans le meilleur des cas, cela ne ferait qu'une simple bosse qui disparaîtrait presque aussi vite qu'elle était apparue. Dans le pire des cas, cela l'ouvrirait en deux comme une belle et ronde pêche. 

Édith s'était toujours demandée ce que ferait l'effet d'un coup utilement placé. Les secondes qu'ils faudraient à l'autre pour s'effondrer. Édith avait pensé à bien des choses seulement, jamais elle n'avait imaginé la quantité de sang qui pourrait surgir d'une aussi petite blessure. Pas plus qu'une entaille. Elle ne s'était ni souciée de la quantité ni de l'odeur atroce de chair brûlée qui en découlerait. La fille avait à peine penser à la mort, comment aurait-elle pu prévoir le reste ?

Les hommes saignent comme des porcs. Ils ne se soucient pas d'en mettre partout, de laisser derrière eux une tache indélébile sur les tapis et les sols. Ils s'affalent en attendant la mort. Il n'y a rien de grandiose là dedans, rien de digne. Rien de grand. La fille n'avait donc jamais imaginé une telle quantité de sang. Qui aurait pu penser qu'on en comptait autant ? Désormais, au moins elle savait.

Sa robe pèse lourd contre sa peau, chacun de ses pas répandant derrière elle les traces de ce qu'elle a fait. Marquant de son péché les chemins de son enfance, la fille en est sûre : elle aurait dû mourrir ce soir. Ils auraient dû mourrir. Son poignet l'a fait souffrir, sa main aussi. Les dernières minutes semblent s'être transformés en un instant informe dont l'on peine à se souvenir.

La fille erre, sans crainte d'être vue. Elle ne fuira plus, elle n'en n'a plus besoin. Édith n'a plus rien à défendre. Sa vengeance a été servie, le sang a été versé. L'homme est mort mais ce n'est pas suffisant. Rien ne sera jamais suffisant, rien ne pourra jamais le ramener. Jamais elle ne pourra le faire payer. Et pourtant, ce soir, Édith s'est damnée. Ce soir, Édith a tué. Ainsi, elle ne les reverra jamais. Ni Ebbon, ni son père ; tout deux volés par le même diable. La fille s'était damnée mais ne regrettait rien. Sa vengeance avait été trop courte, trop sourde. Ce n'était pas assez et cela ne le serait jamais.

Le corps d'Ebbon repose froid, à côté d'elle. L'homme rigole lorsqu'il l'attrape par les cheveux. Il l'appuie contre une table et soulève sa jupe. Tant de moments qu'elle ne ressent plus, tant de moments qu'elle imagine. L'homme ne l'a pas touché, il n'en a pas eu le temps. Édith ne se souvient pas de comment elle s'est retrouvée sur lui, dague en main. Elle se souvient seulement de l'odeur, cette odeur de chair brulé qui la dégoûte. Cette odeur et le sang. Cette quantité immense de sang. Qui aurait pu penser qu'un humain en comptait autant ? Édith ne se souvient pas de comment elle a enfoncé sa lame dans son torse. Encore et encore. Et ce, jusqu'à ce que son corps l'empêche de poursuivre. Encore et encore.

𝖥𝗈𝗋𝖾𝗂𝗀𝗇𝖾𝗋'𝗌 𝖦𝗈𝖽 | 𝖵𝗂𝗄𝗂𝗇𝗀𝗌 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant