trou noir

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Tu l'aimes vraiment ?
Je veux dire... c'est elle ?
La femme qui est censée te remettre dans le droit chemin, c'est vraiment elle ?
Non pas que je veuille être désagréable, mais sur les photos de vous deux qu'elle met sur les réseaux sociaux, elle s'accroche à toi comme une moule à son rocher, et toi t'es sacrément crispé, tu sais, t'as le sourire figé. Enfin, je veux pas critiquer, je vis pas avec vous après tout.

Seul le silence me répond. Je n'ose pas me tourner vers lui, de peur de lire dans ses yeux que je me trompe, que c'est elle la femme de sa vie. Cette même femme qui lui a interdit de m'adresser la parole, de me regarder. Je crois que je ne pourrais pas le supporter.

Tu sais que ça fait un moment que ça dure entre elle et moi.

Perdue dans mes pensées, je sursaute en l'entendant prendre la parole. J'ose enfin croiser son regard, dans lequel brille une lueur que je ne saurais décrire.

J'ai été exemplaire. Je lui ai fait des surprises, des cadeaux, des repas somptueux, je la prends en photo dès qu'elle le veut. Je n'ai pas devié du droit chemin, je ne l'ai pas trompée. Je vis avec elle, j'accepte sa présence lors de mes soirées avec mes amis d'enfance. Nos amis d'enfance en réalité, même si toi tu leur as tourné le dos. Non, tais-toi, laisse moi parler.
Je fais de mon mieux, et pourtant elle ne me fait pas confiance. Personne ne me fait confiance. Tout le monde attend que j'échoue, comme si c'était normal. Comme si j'étais un connard prêt à fauter à la moindre occasion. Personne ne veut comprendre que j'ai changé. Même pas elle. Elle ne comprend pas pourquoi je l'ai laissée attendre avant de lui dire que j'étais prêt à être avec elle. Ou plutôt, si, elle l'a compris il y a bien longtemps déjà. Et ça fait un an que je maintiens que ce n'était pas à cause de toi.
Je suis fatigué de mentir. Je croyais que la femme avec qui je fonderais une famille, ça serait toi. Toi et ton caractère de cochon, tes cicatrices et ton putain de sourire.
Il s'est avéré que ce n'était pas toi. Tant pis. Je fais avec.

Sous le choc, je mets quelques instants à apercevoir du coin de l'œil la silhouette féminine qui se tient à quelques pas de nous. Un objet à la main.
Je n'ai que le temps de le pousser avant de recevoir, à sa place, le grand vase qu'elle lui jetait au visage, avec la rage d'une femme meurtrie.

Non !

Trou noir.

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