Regard

et à jamais

Tu me prends dans tes bras, m'embrasse sur le front.
Je devrais me mettre à pleurer, évacuer tout ce que je garde en moi, lâcher prise, parce qu'avec toi je ne risque rien.
Pourtant, je n'y parviens pas.
Si je te montre encore une fois comme j'ai perdu ma force, j'ai peur de ta réaction.

Tu prends mon menton entre tes doigts, et je me plonge dans tes yeux d'un bleu si profond que je pourrais m'y noyer.
Je sais que tu lis dans les miens une infinie tristesse, celle que tu connais par cœur, celle qui m'accompagne depuis bientôt deux ans.
J'en souffre encore.
Bien sûr que j'en souffre encore.
Bien sûr que j'en saigne encore.

Bien sûr que j'en crève encore.

Il est partout.
Même dans les paroles de celui que j'aime, il est là.
Il me hante, m'a privée de tant de belles choses, m'empêche de m'ouvrir à mon unique amour lorsque je le devrais.

Tu ne me regardes plus, du moins plus mon visage.
Tu m'observes de haut en bas.
Est-ce que tu te rappelles de ces nuits où tu pansais mes plaies, où tu me suppliais de couper les ponts avec ce monstre?

Tu relèves ma manche, tu sais exactement où est la cicatrice que tu recherches.
Une marque si profonde qu'elle restera certainement en moi pour toujours.