Cri du coeur

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À l'instant où je mets les pieds dans la clinique, tout ce que j'ai tenté d'enfouir profondément en moi pendant 3 ans remonte à la surface.
Submergée par une foule d'émotions, les larmes aux yeux, je m'avance jusqu'à l'accueil.
La secrétaire n'a pas changé. Candice me regarde, longuement.
" - Tu viens nous rendre une petite visite, ma chérie?
- Non, je viens pour une admission."
D'un coup d'oeil, elle avertit ses collègues que " petit soleil" est de retour.
Petit soleil, surnom lié à mon indéfectible sourire malgré la maladie qui me rongeait à l'époque.
On me conduit jusqu'à une chambre, froide, impersonnelle.
Sur mon passage, on murmure.
Je n'écoute pas.
Je me remémore.
Les cris, les pleurs des malades.
La violence dont je faisais preuve lorsque je refusais de prendre mon traitement.

La douleur, bordel la douleur.

Je pose mes sacs sur mon lit.
" - Tu as vu, on t'as remise dans la même chambre qu'à l'époque!"
Candice me sourit, fière de son idée, je suis incapable de lui dire que cela ne fait qu'augmenter mon malheur.
Bientôt, les infirmiers défilent.
Je me retrouve à nouveau avec la perfusion dans le bras.
Les sourires rassurants du personnel médical, leurs voix douces, les regards voulus discrets qu'ils échangent, tout me fait peur.

Je voudrais leur dire que je ne suis plus malade, que c'est pour tout autre chose que je suis de retour.
Quelque chose me retient.
Comme s'ils savaient quelque chose que j'ignore.
J'attrape le bras de Marie, l'infirmiere dont j'étais si proche il y a quelques années.
" - Eh Marie, il n'y a rien de grave dans mon retour tu sais !
- Une rechute est toujours grave, mon petit soleil."

Une rechute? Connerie.

Furieuse, je me dresse devant Marie.
En un clin d'oeil, elle comprend ce que je veux prouver.
Je grimpe sur la balance.
Mon poids est bon.
Tout va bien, je ne suis là que pour une opération banale.

Pourtant, lorsque je reviens dans ma chambre, c'est l'équipe médicale qui s'occupait de moi il y a 3 ans, qui m'y attend.

Non, non, non!

Vous ne me prendrez pas ma vie, pas encore.

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