Bonne lecture !
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Atsumu s'en va sitôt le dîner terminé. Le dessert lui reste un peu en travers de la gorge, tout comme le silence et les conversations auxquelles il n'a pas pris part. Takano le raccompagne jusqu'à la porte d'entrée tandis que sa sœur termine de débarrasser la table.
Il lui souhaite bonne soirée, il lui offre un sourire un peu gêné, et il attend qu'Atsumu soit rentrée dans sa voiture pour refermer la porte.
Une fois seul, il soupire si fort que ça fait bouger le petit sapin bleu clair accroché à son rétroviseur. Le moteur vrombit, il met la marche arrière, puis s'éloigne en fourrant presque sa tête par la fenêtre : la nuit ne le rafraîchit pas.
Sa sœur n'habite pas si loin, surtout en voiture, alors Atsumu roule très lentement pour prendre le temps de se calmer. Ça n'était pas si terrible. Il s'en est sorti comme un chef. Sa sœur et sa nouvelle famille, ça fait déjà un moment qu'il la gère : il s'est pointé à leur mariage, avec son frère, a été invité à la crémaillère de leur maison, à accepté des repas tous les dimanches au début. Les demandes s'étaient faites plus rares, jusqu'à finalement ne recevoir qu'un coup de fil tous les six mois, mais qu'est-ce que ça change ?
Un jour, Atsumu aussi va avoir sa vie de son côté. Un jour, peut-être qu'il se sentira près à partir. Peut-être qu'il se trouvera une copine étrangère ou un mec à l'autre bout du pays.
Il fait la moue, et pose son coude contre le rebord de sa fenêtre ouverte. Son t-shirt bouge légèrement, ses cheveux sentent encore bons le shampoing, et ses joues sont encore un peu rouges à cause du vin qu'il a bu (oui, peut-être qu'il a un peu abusé, mais la conversation sur la couche du bébé à changer l'a achevé) (sa sœur a toujours été un garçon manqué un peu bourrin, et pendant son adolescence elle passait son temps à commander pizza et à bosser dans une petite entreprise de déménagement — et maintenant quoi ? Elle se boucle les cheveux, porte du rouge à lèvres, et a accouché d'un enfant ? Merde).
Sa voiture tourne dans son quartier de maisons pavillonnaires. C'est le long de la deuxième rue qu'il traverse à trente kilomètres-heure qu'Atsumu aperçoit une figure au milieu de la route, qui se décale sur le côté en le sentant arriver. Ses phares l'éclairent, et il remarque immédiatement ce short large, ces jambes bronzées, et ces cheveux roux décoiffés. L'inconnu court rapidement sur le trottoir, en regardant droit devant lui, et Atsumu roule un peu plus vite jusqu'à arriver à sa hauteur.
Il se sent un peu coupable en voyant son expression légèrement effrayée. Et se rend sûrement compte un peu tard qu'une voiture qui ralentit au milieu de la nuit est flippante et bizarre et qu'il doit le prendre pour un crétin prêt à le siffler.
Il crie presque par la fenêtre ouverte :
— Hé, c'est moi ! Je voulais pas te faire peur.
Le rythme de l'inconnu ralentit, et il se tourne vers Atsumu, les sourcils haussés. Sa bouche forme un « oh » silencieux. Il s'arrête, et Atsumu fait de même en serrant le frein à main et en passant le point mort.
Sa respiration est haletante, et son visage est trempé. Il passe la main dans ses cheveux pour les ramener vers l'arrière.
— Tu allais quelque part, peut-être ?
Il ne sait pas pourquoi il s'est arrêté. Il ne sait pas pourquoi il essaye de lui parler. Ou plutôt, si il le sait très bien et ça l'énerve. Sa sœur est avec sa famille, son frère est sur une plage au soleil, et lui est seul dans sa grande maison à regarder des gens marcher dans des espaces verts et taper dans des balles à la TV.
Et ce gars est là, à venir sans rien demander en échange. À être mignon et à ne pas lui donner envie de se comporter comme un con.
Il détourne le regard ; Atsumu sourit.
— T'allais chez moi ? Mon garage est ouvert, si tu veux.
Il l'est, même si c'est bizarre.
Atsumu se penche pour ouvrir la porte du côté passager, et elle grince quand il la pousse. Là, juste devant, encore sur le trottoir, l'inconnu hésite. Il fronce les sourcils et fixe Atsumu et sa voiture les bras ballants.
— Je vais faire des travaux, dit-il. Sûrement terminer ma porte. Tu peux venir un peu.
Il regarde à droite et à gauche, mais la rue est déserte. Oui, monter dans une voiture comme ça n'est pas des plus rassurant, mais...
— Tu squattes mon garage, argumente-t-il dans un petit rire. Et t'es déjà monté, la dernière fois. Je t'ai pas jeté à la mer ou enterré quelque part en ville.
Il sourit largement, parce que cette fois le rouquin ne semble pas à deux doigts de s'évanouir : il sourit un peu, comme si tout à coup c'est un peu amusant (ils partagent quelque chose, ils partagent une blague absolument désolante et Atsumu n'a toujours pas pris une gifle ou un coup de poing, pour une fois) puis hoche la tête.
Il grimpe dans la voiture, claque la portière, et monte de lui-même le volume de la radio. Ce soir, c'est rock des années 80.
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La danse des tournesols || AtsuHina
Fanfiction| Miya Atsumu X Hinata Shoyo | Fiction terminée | Atsumu est seul pour l'été, dans sa grande maison qu'il décide de retaper. Shoyo reste avec sa sœur chez sa tante, et livre des plats dans toute la ville sur son vélo. Atsumu se sent seul, Shoyo es...