𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚜𝚎𝚙𝚝

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Bonne lecture !

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Shoyo se réveille dans un lit vide.

La chaleur le fait soupirer, il ouvre les yeux, profite de l'air du ventilateur qui arrive sur ses jambes, et tend le bras pour couper la vibration de son téléphone. L'écran affiche sept heures. Il se redresse, regarde dans le vide en essayant de se souvenir à quel moment il s'est endormi (ses dernières impressions, ce sont les doigts d'Atsumu qui passent dans ses cheveux) mais n'y arrive pas.

Shoyo se lève, coupe le ventilateur, observe ses pieds nus sur le sol d'une chambre qui n'est pas la sienne, et inspire profondément. L'odeur est agréable.

Il descend au rez-de-chaussée après avoir trouvé la salle de bain. Elle sent encore la peinture fraîche, mais l'eau fonctionne bien et il peut se rincer le visage. En bas des escaliers, c'est l'odeur de nourriture qui le guide : il débouche dans la cuisine, ses yeux s'attardent sur le dos d'Atsumu qui tente de cuisiner, et il sourit.

Pieds nus, il s'approche. Ses mains entourent son torse, et Shoyo le serre fort — Atsumu est là, à portée de bras, il n'a pas disparu, le ciel ne leur est pas tombé sur la tête. La veille n'était pas un rêve.

— J'espère que la nourriture cramée te dérange pas.

— Bien sûr que non, c'est ma préférée.

Il entend Atsumu ricaner, derrière les battements de son cœur. Shoyo reste encore immobile quelques secondes, l'oreille contre son dos, si proche de lui. Quand il s'éloigne enfin, un pas sur le côté est suffisant pour observer ce qui se trouve dans la poêle.

Les œufs sur le plat ressemblent à un tas blanc, jaune, et noir.

— C'est grillé, dit-il.

— Brûlé, plutôt. Mais merci d'épargner mon ego.

Atsumu verse le tout dans deux assiettes, puis se tourne pour aller les poser sur le bar de la cuisine. Il y a du riz, aussi. Shoyo sourit :

— T'as essayé de préparer de petit-déj'.

— Ouais, le mot essayer est important, t'as raison.

— C'est mignon.

Il le pense. Il n'est jamais resté dormir, et voilà ce qu'il l'attend en se réveillant : l'attention est adorable. Il ne lui demande pas de partir, et n'a pas l'air de regretter.

Atsumu se retourne vers lui en faisant la moue. Shoyo sourit de plus belle. Il fait un pas en avant, se met sur la pointe des pieds — il n'attend que quelques secondes avant qu'Atsumu se penche pour l'embrasser. De simples lèvres collées, mais c'est la sensation dans le ventre qui est agréable.

Shoyo aime bien ça. Il se sent heureux. Un bisou, et le monde est à ses pieds.

— Tu voudras que je te dépose quelque part ? demande Atsumu, une dizaine de minutes plus tard.

Ils mangent tranquillement, et Shoyo réfléchit une seconde.

— Chez moi, répond-il. Je dois me changer, et récupérer mon vélo. Ça te dérange pas ?

Leurs regards se croisent, et non, de toute évidence ça ne le dérange pas. Les cheveux d'Atsumu partent dans tous les sens, et les siens ne doivent pas faire mieux. Le t-shirt qu'il porte est tellement grand qu'il a retroussé les manches.

Autour de lui, la maison lui paraît presque familière, et c'est curieux. Curieux, plaisant, et facile. Si facile.

— Alors, tu comptes faire quoi maintenant ?

Shoyo relève la tête de son bol de riz. Ses pieds s'agitent sous la table : les tabourets sont hauts.

— Je sais pas.

Il n'y a pas besoin de précision : Shoyo sait de quoi parle la question. À l'extérieur, la vie l'attend. Est-ce qu'il est prêt ? Pas entièrement, mais suffisamment.

— J'ai parlé à ma sœur.

Apparemment, le grain de riz qu'Atsumu vient d'avaler passe mal car il tousse bruyamment et tend la main pour vider son verre d'eau.

— Quoi ? finit-il par dire d'une voix étranglée.

— Y'a deux... trois jours. Le soir où on s'est vu à la plage. J'ai été chez un ami, pour la nuit, et en repartant chez moi, j'ai parlé à Natsu. C'était que quelques mots, mais...

Mais c'est le début, l'élément déclencheur — sa gorge ne s'est pas serrée, il n'a pas vomi, il a juste ouvert la bouche et les mots sont sortis. Comme ils sont censés le faire.

Shoyo croise à nouveau le regard d'Atsumu, et ce qu'il y voit lui fait plaisir. Il a l'air content, fier, touché. Atsumu Miya n'est plus l'inconnu du garage.

— Je vais... essayer de continuer.

Puis, car il ne veut pas que sa journée commence par quelque chose d'aussi sérieux, Shoyo ajoute :

— Oh, au fait. Tu veux venir manger chez ma tante demain soir ? Je suis sûr que ma sœur et elle seront contentes de te rencontrer.

Et même si Atsumu blanchit un peu, il acquiesce lentement. Le stresse de la rencontre familiale paraît alors si normal, ordinaire, que Shoyo éclate de rire.

Cette fois encore, c'est agréable. Dans sa poitrine, tout est chaud.

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La danse des tournesols || AtsuHinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant