𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚘𝚗𝚣𝚎

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Bonne lecture !

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Peut-être qu'à l'époque c'était la mode de mettre du papier-peint sur les portes, mais en tout cas maintenant ça lui rend simplement la tache plus difficile.

Une fois tout en place, Atsumu n'attend pas plus longtemps pour commencer à poncer. S'il veut pouvoir trouver un peu de sommeil avant sa soirée ne devienne une matinée, alors il doit faire ça vite et bien.

En vérité, il n'aime pas vraiment poncer. Il préfère couper du bois, mettre en place des étagères, porter des trucs, peindre ; poncer, c'est long et répétitif. Mais pour le coup, il n'a rien d'autre à faire alors il s'y attelle avec application. La radio grésille un peu de temps en temps, mais c'était celle de son père alors Atsumu ne veut pas y toucher. Elle est épaisse, posée sur l'étagère du haut, et pleine de poussière. Il ne la règle pas, et ne la touche que pour l'allumer ou l'éteindre — pour le reste elle marche encore alors il croise les doigts en espérant ne jamais avoir besoin de trafiquer le moindre fils à l'intérieur.

Cette radio ne passe que des vieux tubes. Atsumu n'est pas très au courant de se qui passe en ce moment (la radio de sa voiture est tout aussi vielle que celle-ci, et il ne va jamais traîner sur YouTube pour voir autre chose que des tutos de bricolage ou alors des rediffusions de championnats. Parfois, il voit des vidéos d'élevages de chiens dans ses suggestions et sait alors que son frère est passé par là) mais au moins il connaît ces musiques par cœur. Copacabana passe dans un grésillement sonore, et Atsumu s'applique encore davantage en remuant un peu le bas de son corps.

Il fait encore très chaud, et dans un coin de son esprit occupé il salut sa décision de ne pas avoir été sous la douche directement en rentrant de sa soirée. À présent il transpire à grosses gouttes en chantonnant les paroles de chaque chanson qui passe. À sa surprise, il termine le recto de la porte bien plus vite qu'il ne l'aurait cru. Il s'éponge le front avec le bas de son t-shirt, puis se retourne pour changer de papier ponce et pouvoir retourner le tout afin de continuer encore un peu. Il se sent fatigué, mais un tout petit peu plus d'effort serait parfait...

Dans l'entrée de son garage, un garçon l'observe avec la respiration haletante et de grands yeux ouverts.

Atsumu se recule d'un pas en butant violemment contre la porte allongée derrière lui. Ça fait un bruit sourd mais ça ne tombe pas, pourtant le garçon sursaute. Atsumu lui sent son cœur lui remonter dans la gorge tellement la surprise est grande. Son sang se fige et il lâche :

— Putain !

Il pose une main sur sa poitrine et lâche son papier rouge qui vient voler lentement jusqu'à ses pieds. Devant lui, le garçon est aussi tout transpirant. Ses cheveux vont dans tous les sens, jusque devant ses yeux. Sa bouche est entre-ouverte, il a l'air complètement figé, pourtant il ne dit rien.

Ils se jugent du regard quelques secondes, puis Atsumu se reprend.

Il se racle la gorge, pointe le sol du doigt et affirme :

— Je suis pratiquement certain.... que t'es dans mon garage.

Parce que c'est le cas. Il est tard, et ce gars vient juste de remonter l'allée de sa maison pour s'inviter dans son garage.

Atsumu remarque que ses jambes tremblent un peu. Il a l'air complètement perdu, et reste derrière l'établi central comme si ça pouvait le protéger en cas de besoin. Ses cheveux sont complètement roux, et pour une raison étrange Atsumu trouve ça étonnant. Ça n'a pas l'air d'être une couleur, comme lui, mais bon ça pourrait tout à faire l'être car ceux qui ne les foirent pas on parfois un très bon résultat. En tout cas, ça fait très naturel.

Le garçon hoche lentement la tête. Il regarde autour de lui, son regard se pose sur le vase de tournesols fanés qu'Atsumu a oublié de changer, puis il fixe chaque outil avant de revenir à la seule autre personne de la pièce.

— Je... qu'est-ce que tu fais là ?

Il n'a pas l'air d'être là pour le voler. Ou pour le gronder pour le bruit. Ce n'est pas un voisin, il est certain de ne jamais l'avoir vu : et Atsumu est certain de connaître presque tous ses voisins, étant donné le nombre de plats de lasagne qu'on lui a apporté, à lui, son frère et sa sœur, quand leurs parents sont morts.

Vu ses habits, ce gars était en train de courir. Et vu son teint à moitié rouge et à moitié pâle, il n'a pas l'air dans son assiette.

Soudain, Atsumu écarquille les yeux.

— Oh merde — , tu t'es fait emmerder ? Tu viens te cacher ? Il faut que je t'emmène à l'hôpital ? Je peux, mais je me souviens plus vraiment du chemin et mon GPS marche pas bien, et merde c'est urgent ? T'as pas un couteau dans le dos, au moins ? S'il faut transporter ton corps inconscient jusqu'aux urgences, je préférais quand même avoir le temps de prendre mon téléphone et... oh ! Mon téléphone ! Tu veux que j'appelle les secours ?

Le garçon cligne des yeux plusieurs fois. Ses sourcils se haussent, et il l'observe avec curiosité pendant de longues secondes. Il se redresse un peu. Puis finalement, il secoue lentement la tête.

Atsumu soupire de soulagement.

— D'accord, j'appelle pas. Super, je déteste appeler. Et je déteste l'hôpital. Donc tu vas bien, alors ?

Nouveau hochement de tête. Ce mec n'est pas très grand, mais pas vraiment petit non plus. S'il vient se mettre à côté, Atsumu le dépasse sûrement largement. Ses jambes sont bronzées, et il commence à reprendre un peu ses couleurs.

Il soupire à son tour, puis tout à coup s'abaisse. Il s'incline poliment, comme pour s'excuser. Quand il se redresse, leurs regards se croisent. Atsumu déglutit. Mais encore une fois, l'inconnu ne dit pas un mot : il se retourne et commence à se baisser afin de passer à nouveau en dessous du grand store coulissant.

— Attends !

Il s'arrête. Le regarde. Atsumu se gratte l'arrière du crâne.

— Attends... je veux dire... est-ce que t'es sûr que tout va bien ? T'es perdu, peut-être ?

Il sait immédiatement qu'il a vu juste, car le garçon se redresse tout de suite et hoche vivement la tête. Il ne se rapproche pas, n'ouvre pas la bouche, et sa respiration toujours rapide ne réussit pas à se faire entendre à travers la musique qui emplit le garage.

— Oh, t'es paumé. D'accord.

Atsumu baisse les yeux vers son vieux short plein de poches trouées, puis vers la grosse tache de peinture marron sur son t-shirt autrefois blanc.

— Je...

Le garçon l'observe, et il trouve que ce regard là est étrange. Il a des yeux vraiment grands, tout ouverts, et Atsumu à presque l'impression qu'il peut lire dans ses pensées. Ce mec n'est peut-être pas blessé, mais il a tout de même l'air d'un animal sous les phares d'une voiture.

Atsumu espère que ce n'est pas l'un des junkies qui traînent parfois sur la plage le soir.

— Je peux peut-être te ramener, si tu veux ? J'ai une voiture, alors....

Il se sent un peu coupable de le laisser partir comme ça. Peut-être que ce gars faisait son jogging et s'est fait suivre ? Il a l'air d'avoir des muscles sous son débardeur, si Atsumu se fit à ce qu'il voit de ses bras et de ses jambes, mais ce n'est pas une raison.

Il ne répond pas tout de suite.

Semblant peser le pour et le contre, il fixe Atsumu pendant de longues secondes, puis tourne ses yeux vers le vase de tournesols. C'est étrange, mais quand il revient sur lui sa réponse est simple : un nouveau hochement de tête.

— D'accord. Alors... tu peux m'attendre dehors ? Je vais chercher mes clés.

Atsumu attend qu'il passe en dessous la porte de son garage pour aller la refermer. Ensuite, il éteint la lumière et la radio et se dirige vers l'entrée. Ses clés sont là où il les a posé en arrivant.

Avec une étrange impression de faire quelque chose de très étrange, il claque la porte derrière lui.

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La danse des tournesols || AtsuHinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant