Bonne lecture !
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La première chose que lui dit Osamu est décrochant l'appel vidéo, c'est :
— Parle pas trop fort, Suna a la gueule de bois.
Il est en train de cuisiner, et sa tablette doit être coincée entre un livre et un pot de fleurs, car Atsumu perçoit des feuilles sur le côté de son écran. Il répond :
— 'samu, je vais tellement hurler que c'est toi qui va avoir la gueule de bois.
— Ça veut rien dire.
— Tu passes à côté de l'essentiel, là.
Son frère soupire, et touille quelque chose dans une casserole. Il a revêtu un tablier d'une couleur parfaitement ennuyante. Il finit par lui lancer un coup d'œil, voit son air parfaitement sérieux — il fait un geste de la main dans sa direction.
— Bon, vas-y. Raconte-moi. Je sens que t'as des trucs à dire.
C'est un euphémisme : Atsumu a l'impression que s'il ne lui déballe pas tout dans la seconde, il va exploser. La sensation d'euphorie le grise depuis le début de la journée, depuis qu'il a vu Shoyo entrer dans la cuisine et lui sourire et l'embrasser et faire comme si des jours comme ça, il y en aura plein d'autres.
Atsumu adore la normalité, le train-train quotidien, la routine. Il aime avoir quelque chose sur lequel s'appuyer de tout son poids. Pas besoin de montagnes russes un jour sur deux : Atsumu Miya ne veut que serrer Shoyo contre lui en s'endormant, et se réveiller avec ses cheveux près de son nez.
— Je suis un homme heureux et comblé, et la vie est merveilleuse, dit-il, car ça résume tout.
Osamu manque de laisser tomber sa cuillère en bois dans la casserole et ouvre grand la bouche.
— Je... crois que j'ai loupé quelques étapes là. T'es dégoûtant.
Mais il sourit quand même, parce qu'Atsumu a l'air aux anges et ça le fait chier de dire qu'il est content pour lui.
— Je sors avec Shoyo !
Son annonce est bien trop forte, alors un grognement se fait entendre au loin. Osamu se retourne, tend le bras pour baisser sûrement le son, et se racle la gorge.
— D'accooord, dit-il lentement. La dernière fois, il passait à peine l'étape de ton garage. Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Tant de trucs, 'samu. Tant de trucs.
Il prend une inspiration, mange un morceau de la pomme qu'il s'est coupé avant d'appeler (il a été faire les courses en chantonnant l'après-midi même, sans faire la gueule et râler après la caissière, et tout le monde le fixait comme un fou et c'était génial!) puis déballe tout.
— En fait t'avais raison, il est bien dans notre fac et c'est lui qui parle à personne, sauf qu'à moi il m'a parlé presque tout de suite ! En fait c'est parti en couilles quand je l'ai vu sur la plage l'autre soir et qu'il a eu l'air super flippé, et franchement je croyais que j'allais plus jamais le revoir parce qu'il est parti comme une fusée avec une expression affreuse, et je me suis dit « whaou, mec t'as merdé il va plus revenir » et en fait si ! Il est revenu ! Hier soir ! Il m'a raconté des trucs horribles, on s'est embrassé, je lui ai raconté des trucs horribles, on s'est encore embrassé, et maintenant on sort ensemble parce que lui aussi m'aime bien et la vie est merveilleuse même s'il est sûrement traumatisé à vie.
Il fronce les sourcils.
— Bon, la vie est une pute, mais parfois elle fait des trucs cools comme : me faire sortir avec Shoyo ! Je vais manger chez sa tante demain soir, qui est un peu sa tata cool je crois, et y'aura sa petite sœur qu'il a l'air d'adorer alors....
Atsumu baisse les yeux sur son t-shirt.
— Oh, merde. Tu penses que je devrais me trouver de meilleurs trucs à mettre ? Shoyo vient toujours avec ses affaires de sport alors si ça se trouve ils s'habillent tous en costume toute l'année dans sa famille.
— 'tsumu, personne fait ça.
— Ah ouais, pas faux. Un jean et un t-shirt alors ?
— Un jean et un t-shirt, confirme son frère.
Le silence s'installe quelques secondes, mais tout à coup Osamu se redresse et se tourne vraiment vers la caméra.
— Ok, alors attends deux secondes. Tu racontes vraiment mal, je dois rassembler tes conneries.
Atsumu se balance un peu sur le tabouret, et mange un nouveau morceau de pomme. Il se sent mieux, soudain tout est vraiment réel : Shoyo est réel, et ses sentiments si niais le sont aussi.
Il sourit largement. Osamu plisse les yeux.
— Tu sors avec quelqu'un, dit-il.
— Oui.
— Et t'es heureux.
— À fond. Totalement.
Ses cheveux gouttent encore un peu dans sa nuque : Atsumu vient de prendre sa douche, et aujourd'hui il n'a pas envie de faire de travaux. Il a envie de voir Shoyo, de regarder un film, et cette fois il sait qu'il n'aura pas attendre tout seul avec incertitude — il a son numéro, enfin. Alors c'est sûr, certain, agréable et génial.
Il attend, en sachant que Shoyo va arriver.
— D'accord, dit Osamu. Cool. Je rentre dans quelques semaines, j'espère que t'auras réussi à le garder d'ici là.
Son frère sourit, et ce qu'Atsumu voit c'est sa peau bronzée, son air heureux, et ses cheveux un peu trop longs.
— Me porte pas la poisse.
— T'as pas besoin de moi pour ça. La dernière fois que t'as essayé de sortir avec quelqu'un, c'est moi qu'on a baffé à la rupture.
— C'est arrivé une fois.
— Une fois de trop.
Atsumu sourit. Son frère lui manque. Mais là, tout de suite, c'est un peu plus supportable.
— Bon, et toi alors ? Raconte.
— Tu veux un bon conseil ? Si un jour un Brésilien vient te voir pour te proposer un cocktail qu'il a baptisé lui même le « tord-boyaux de la mort », ne le bois pas.
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La danse des tournesols || AtsuHina
Fanfic| Miya Atsumu X Hinata Shoyo | Fiction terminée | Atsumu est seul pour l'été, dans sa grande maison qu'il décide de retaper. Shoyo reste avec sa sœur chez sa tante, et livre des plats dans toute la ville sur son vélo. Atsumu se sent seul, Shoyo es...