𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

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Bonne lecture !

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Atsumu essaye d'éviter le rayon de soleil qui passe à travers le store cassé de son bureau, mais ça n'est définitivement pas concluant. Il tombe sur son épaule, chauffant le tissu comme si la chaleur de la pièce n'est pas une torture suffisante.

Mais ça, ce n'est en tout cas pas suffisant pour lui ôter son sourire.

Car Atsumu Miya n'est désormais plus l'employé grognon et soupirant qu'il était autrefois : il est un garçon nouveau, pétillant, et poli.

Ce qui ne semble pas être au goût d'Akaashi Keiji.

— Arrête de faire ça.

Mais bon, en vérité, rien n'est au goût d'Akaashi Keiji.

— Faire quoi ?

Ça.

Atsumu se décale sur la droite, entre leurs deux ordinateurs, et regarde son collègue ronchon en face de lui. Le bureau est étroit, la pièce n'est pas large, mais deux postes tiennent facilement pour peu que la proximité n'effraie pas : ce n'est pas comme si leurs supérieurs en ont quelque chose à faire, mais l'idée est là.

Face au visage définitivement blasé et presque irrité d'Akaashi Keiji, Atsumu hausse un sourcil.

Ça quoi ?

— Sourire. Arrête de sourire, ça m'énerve.

Atsumu ne s'énerve pas, parce qu'il est un homme nouveau. Il sourit encore plus et bat des cils.

— Pourquoi est-ce que tu fais ça ?

— Alors il suffisait de te sourire pour te faire parler ? Je l'aurais fait plus tôt si j'avais su. Je suis heureux, c'est tout !

Et c'est le cas. Il se sent bien, il dort bien : Hinata Shoyo est passé presque tous les soirs depuis une semaine, et ça change tout. Il vient, s'installe un peu sur son établi, essaye de citer les titres qui passent à la radio (et étonnamment, sa culture est vraiment pourrie : qui ne connaît pas Beyonce ? Shakira ? Les Beatles ?) et aide parfois Atsumu avec deux ou trois trucs.

Il ponce comme un fou, visse tout ce qui est possible d'être vissé, et assemble toutes les étagères de la nouvelle salle de bain d'Atsumu. Il a même monté le meuble à serviettes.

Alors oui, Atsumu aime bien ça. Il aime bien avoir de la compagnie, avoir quelqu'un à qui parler (parler ! Shoyo ne la ferme jamais : il ne savait pas qu'il était possible de sortir autant de mots à la suite) et il est gentil quand il ne parle pas des possessions matérielles des Miya. Comme la voiture, ou son short à poches trouées, et sa vieille boite à outils rouillés.

Non, même dans ces moments-là il est gentil. Et Atsumu a parfois l'impression qu'il pourrait dire n'importe quoi, il le trouverait toujours adorable.

Ce qui est à la fois dangereux et incroyable.

— Arrête d'être heureux, grogne Akaashi Keiji.

Et même son sérieux ne suffit pas à le démoraliser.

— Fait comme d'habitude. Les soupirs et la mauvaise humeur ça me va très bien : on est au boulot.

Pour répondre, Atsumu sourit encore de toutes ses dents : pas simplement le petit rictus satisfait et amusé, lèvres closes, qu'il arbore parfois. Non, le vrai sourire heureux, car irriter Akaashi Keiji n'a pas de prix.

— Je te hais, Miya.

— J'avais cru comprendre. Mais aujourd'hui, tu me parles ! Quelle belle journée, n'est-ce pas ?

— La ferme.

Il repart sur son dossier, et essaye de faire comme si Atsumu n'a jamais existé.

Tout en lisant celui qui se trouve devant lui, Atsumu se dit que ce soir sera peut-être le bon moment : Osamu doit l'appeler après le dîner (ou le petit-déjeuner, en fonction du jumeau sur lequel on se base) et il n'arrête pas de se demander s'il doit parler. S'exprimer. Partager tous ses sentiments dégoûtant et heureux pour noyer son frère avec et le l'écœurer à distance.

Il a rencontré un mec dans son garage, il le trouve génial, et il a envie d'en parler à tout le monde sur son chemin (mais ne le fait pas, parce qu'il a l'impression que dire son seul secret le rendrait terriblement ennuyeux et exposé).

Alors peut-être que ce soir sera le bon moment. Ou peut-être pas.

Sa tentative d'ignorer l'existence d'Atsumu fonctionne pendant de longues secondes, jusqu'à ce qu'Akaashi Keiji soupire :

— C'est l'heure de ta pause. Depuis cinq minutes.

— Oh. OH ! Oui, ma pause adorée. Que tu es gentil.

Il termine son dossier avec attention, car le nouveau Atsumu Miya ne fait pas les choses à moitié.

— Je veux juste me débarrasser de toi.

— Oui, je n'en doute pas.

Il sourit, et bat des cils encore plus fort : Akaashi Keiji semble sur le poing de lui arracher la tête derrière son écran d'ordinateur.

Atsumu se lève rapidement, car maintenant il craint un peu pour sa vie. Il attrape des pièces, son badge, puis tourne les talons vers la porte.

La main sur la poignée, il demande tout de même :

— Tu veux toujours pas de café, j'imagine ?

— Miya, dégage.

— Oui. À tout à l'heure.

Il part en sifflotant dans le couloir, et dit bonjour à son supérieur en passant à côté de lui.

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La danse des tournesols || AtsuHinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant