Jour 1 - III

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J'entrebâillai la bouche et dévisageai le tabouret.

– Nous devons continuer, dit Ferdi par dessus son épaule en apercevant un garde venir de la taverne.

– M-mais... Je ne peux pas la laisser tomber ! Où est-elle ? Où est-elle ?!

– Nous reviendrons pour elle. Vraiment, assura Sheila en me prenant le poignet et en me traînant avec elle.

Je titubai dans un voile de brouillard formé d'incompréhension. Juste après avoir cherché une ruelle et être aboutis à une échelle de corde, je me défis de son étreinte.

Benji grimpa sur l'échelle et ne m'accorda plus un regard. Ferdi, lui, me pinça le bras avant d'escalader l'échelle.

– Allez, Ash. Nous devons y aller, il n'y a pas de temps pour cela. Nous la chercherons dès que nous aurons donné la Pierre de Guérison à l'empereur.

– C'est une enfant de six ans ! contestai-je. Dans une ville pleine de barbares ! Je ne peux pas la laisser derrière comme ça !

– Mesdames, viendriez-vous ? demanda Benji, la tête levée, en fronçant les sourcils par dessus la corniche. Ou dois-je vous rappeler que les gardes sont sur nos talons et que nous serions foutus si nous nous faisions attraper ?

– Je viens, lui marmonna Sheila en me fixant droit dans les yeux. Viens avec nous, Ash. C'est la meilleure solution. Lorsque nous ne serons plus hors-la-loi, nous aurons tout le temps du monde pour rechercher Layla ! Allez.

Elle sangla ses mains autour de la corde pour commencer à monter, cependant j'attrapai son manteau et la tirai sur le sol.

– Je ne viens pas avec, informai-je en balançant la tête. Je dois trouver Layla. Je ne peux pas la laisser seule ici.

Sheila serra les lèvres, agacée, mais acquiesça avec compréhension.

Après lui avoir flanqué mon manteau dans les mains, je retirai mes doigts des poignées de mes couteaux et les logeai dans son sac.

– Le ferais-tu quand-même ? demanda-t-elle, songeuse.

J'affaissai les épaules.

– Si je ne veux pas être reconnue ou soupçonnée, je dois me comporter comme un simple citoyen. Ils se trouvent derrière quatre silhouettes avec un manteau, et je vais me promener dans cette taverne comme je l'entends ; sans manteau, sans arme. Tout pour ne pas attirer l'attention.

– Trouve Layla et reviens directement, d'accord, fit promettre Sheila en me faisant un câlin.

– Et quoiqu'il se passe... poursuivis-je en l'éloignant un peu de moi afin qu'elle fût à longueur de bras, ne reviens pas pour moi, OK ? Occupe-toi de ramener la pierre à l'empereur. Garantis-nous la liberté.

Malgré le fait qu'elle ouvrît la bouche afin de me contredire, je voyais dans ses yeux qu'elle réalisait que c'était le meilleur à faire. Donc elle hocha la tête. Elle me pinça une dernière fois la main et grimpa l'échelle de corde. Une fois arrivée en haut, Benji sortit son épée et trancha la corde qui, avec un plof, tomba sur le sable.

Puis, ils disparurent derrière la corniche, Sheila en dernier lieu, ses yeux inquiets posés sur moi.

Je voyais les gardes traverser la route secondaire. Il ne restait plus beaucoup de temps avant qu'ils découvrissent l'échelle et comprissent que les voleurs s'échappaient par le toit.

Je dévalai la ruelle et me mélangeai à la foule. Je baissai les épaules et inclinai ma tête en direction du sol.

Je m'introduisis à nouveau dans la taverne. Les hommes mangeaient et buvaient normalement pendant que des gardes nettoyaient les corps de leurs amis. Un sentiment triomphal m'étreignit la poitrine ; nous avions bien fait notre infraction. Personne ne nous avait blessés et nous avions la Pierre. Notre mission était accomplie à la perfection.

Rubis de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant