Lorsque je me réveillai le lendemain matin, le matelas à mes côtés se révéla vide. Les fines couvertures étaient pliées au bout du lit et l'air de la tente était lourd à cause de nos corps dormant.
Je bâillai et m'extirpai du sac de couchage. Mes jambes et mon derrière me faisaient souffrir dû au long voyage à cheval de la veille. Je gémis lorsque je me remémorai que nous devrions encore chevaucher un certain temps ce jour-là. Mais si tout se passait bien, nous atteindrions la ville Indra vers une heure ou deux. Rapidement, je m'habillai d'un pantalon et d'une chemise propre et jetai un coup d'œil aux matelas qui étaient si proches l'un de l'autre que les bords de mousse s'effleuraient.
Mon cœur commença à battre plus vite lorsque je repensai à l'incroyable baiser que j'avais échangé avec Fernandez, à comment je l'avais trouvé terrifiant – bien que je ne l'avouerais jamais – et à comment Fernandez y avait abruptement mis fin.
Mes doigts caressèrent inconsciemment ma lèvre inférieure. Elle était gonflée à cause du doux baiser, mais c'était vraisemblablement plus mon imagination qui me jouait des tours que la réalité.
Je me laissai rouler sur le matelas et rampai hors de la tente.
– Ah, la grosse dormeuse est là ! Diego me fit signe, installé sur la bûche.
Avec un couteau tranchant, il dépeçait un lapin tandis qu'un autre rotait déjà, empalé au dessus du feu. Pablo fit rouler entre ses doigts le bâton sur lequel était embroché l'animal mort et me sourit.
Armano était – comme toujours – allé analyser les alentours et n'était visible nulle part. Naveen, lui, se laissa descendre contre un palmier jusqu'à être profondément établi dans le sol et tira en tous sens un brin d'herbe.
– Bien dormi ?
– Il faisait chaud dans la tente, dis-je en haussant les épaules, mais c'était bien. Et toi ? As-tu beaucoup souffert de ta blessure ?
Pablo éloigna le bout de bois du feu et gratta les morceaux de viande brûlée avec son couteau.
– Pas mal.
Je vis pourtant que ce n'était pas « pas mal ». Les cernes sous ses yeux étaient d'une couleur mauve foncé qu'il fallait sans aucun doute attribuer à une nuit blanche. Le bandage n'était pas renouvelé et était inondé de pus rose clair.
Pendant que Pablo départageait le lapin entre nous six, je changeai son bandage. La gaze blanche et propre se détachait nettement sur sa poitrine brunie.
– Salut, Asha, dit Fernandez en s'approchant, les cheveux désordonnés comme s'il était tout juste sorti du lit, mais les yeux brillants.
Lorsque je le saluai en retour, Diego commença à glousser comme une adolescente.
– Wow. Que s'est-il passé hier soir dans cette tente ? rit-il en haussant exagérément les sourcils.
À ses mots, je pris le poignard de Pablo dans sa ceinture et le propulsai en direction de son frère cadet, où la lame pénétra le sol à environ deux centimètres du pied de Diego. Avec un regard angoissé, Diego courba les orteils et je l'examinai, défiante.
– OK, OK ! Je me tais !
Pablo rit aux éclats et un gloussement se fit même entendre dans les buissons, venant de Naveen.
J'arrachai le petit lapin brûlant des mains de Diego et le tins au dessus du feu tandis que les hommes démontaient les tentes et chargeaient nos possessions dérisoires dans les sacs que transportaient les chevaux.
Lorsque le lapin fût entièrement rôti, je le coupai en tranches et l'amenai, accompagné de quelques fraises sauvages qui poussaient à la lisière de l'oasis, et un bout de pain, chez les hommes qui travaillaient dur.
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Rubis de Sang
FantasyAshara est une voleuse réputée. Elle et son groupe d'amis volent et tuent pour survivre. Ainsi, l'empereur a mis un prix sur leurs têtes : des Rubis de sang ; une preuve que les adolescents sont perçus comme des hors-la-loi et que l'empereur Shivan...