Mon cœur se serra à la vue de la lueur blessée sur le visage de ma demi-sœur.
Je poussai Fernandez sur le côté et me pressai vers elle. Ses mèches foncées étaient plaquées sur son front et sa nuque par la sueur – due à la peur. De la terre recouvrait sa peau habituellement douce et ses yeux étaient soulignés de cernes mauve foncé.
– Layla !
Ma voix se fit rauque lorsque je criai son nom entre les cellules. Elle commença spontanément à pleurer alors que je m'agenouillais près d'elle et que je passais ma main entre les barreaux rouillés.
– Es-tu blessée ? Tout va bien ? lui demandai-je, pourtant, elle sanglota si fort qu'elle ne put répondre sur le moment.
– T'ont-ils fait mal ? m'enquis-je en prenant sa main et en caressant sa peau sale du pouce. Tu as mal, Layla ? répétai-je, mi-présente, tandis qu'elle secouait la tête et qu'un tremblement de soulagement parcourait mon corps.
Je tournai la tête vers Fernandez qui nous regardait, les bras croisés.
– Monstre ! lui criai-je. Comment peux-tu lui faire ça ? C'est une enfant ! De six ans ! Elle n'a que six ans ! hurlai-je.
Je lâchai la main de Layla, me redressai et enjambai l'espace qui me séparait de Fernandez, enragée, chose qui fit pleurer Layla d'autant plus fort. Pourtant, je laissai de côté les choses extérieures. Fernandez payerait pour ses actes.
– Laisse-la en dehors de ça ! assénai-je. Elle n'a rien fait. Tout le ressentiment que tu nourris est contre moi. Moi, pas Layla ! Laisse-la hors de ça. C'est une enfant ! Tu ne peux pas lui faire ça ! dis-je alors que mon poing s'abattait sur sa poitrine et que les mots roulaient sur mes lèvres, implorants.
Les hommes derrière nous resserrèrent l'étau sur leurs épées lorsque je cognai une fois de plus la poitrine de Fernandez. Celui-ci leva pourtant la main pour leur signifier de ranger leurs armes. Pour leur signifier que c'était sécure, que je ne constituais pas une menace.
Je reniflai. Il devait prendre garde.
Tout était logique. La raison pour laquelle Shae s'était montrée peinée et distraite, pourquoi je logeais dans une magnifique chambre, passant la journée dans de doux oreillers, de délicieux bains avec des huiles parmi les plus chères et pourquoi une armoire avec de superbes robes à ma disposition était installée dans ma chambre.
Pour que je me sentît coupable du sort de Layla ici-bas. Si j'avais moi-même été maintenue dans des conditions aussi mauvaises, j'aurais également été furieuse contre lui. Mais la belle chambre qui donnait l'idée que j'étais demeurée dans le luxe tout ce temps tandis qu'elle dépérissait ici fût ce qui me fit sentir le plus vaincue et menacée. Ce fût la goutte qui fit déborder le vase.
Je le giflai.
Ma main claqua contre sa joue chaude à tel point que mes doigts en tremblèrent quand je retirai ma main.
Fernandez moulut de la mâchoire, étonné, et m'examina d'un regard intense et calculateur. Il fit un hochement de tête, ses mèches foncées et bouclées ondoyant comme des vaguelettes. Les gardes sortirent de l'ombre et m'attrapèrent avant que je comprisse ce qu'il se passait.
Je fus entraînée loin de Layla. Elle appelait mon nom et mon cœur martelait contre ma poitrine à cause de l'adrénaline.
– Layla ! rugis-je. Layla ! Je reviens ! Je vais te sortir d'ici !
Sa réponse ne fût rien d'autre qu'un sanglot assourdissant qui se mélangea aux geignements des prisonniers tandis que j'étais emportée de plus en plus loin d'elle.
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Rubis de Sang
FantasyAshara est une voleuse réputée. Elle et son groupe d'amis volent et tuent pour survivre. Ainsi, l'empereur a mis un prix sur leurs têtes : des Rubis de sang ; une preuve que les adolescents sont perçus comme des hors-la-loi et que l'empereur Shivan...