Jour 3 - III

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– Assez parlé de moi, souris-je, les yeux vitreux, en chassant mles larmes qui coulaient. Comment est-ce de ton côté ? Comment se fait-il que tu sois si fort ? Pourquoi n'as-tu pas salué ton père avant de partir ?

Fernandez rit légèrement à mes mots tandis qu'il observait Pablo offrir son trognon de pomme aux chevaux qui haletaient toujours de leur effort physique lors de cette chaude journée.

– Tu disais que ton père n'accepterait pas la proposition de Shivan ; qu'il ne donnerait pas Entremonts pour son propre fils. Pourquoi crois-tu cela ?

Il se tourna finalement vers moi, les yeux tristes.

– Mon père m'inculpe de la mort de ma mère, répondit-il.

Je déglutis, indignée.

– Ça n'a aucun sens !

Je me rendis soudain compte que je ne savais rien de la mort de la mère de Fernandez et que j'aurais d'abord dû en connaître un peu plus avant de poser un jugement. Aussi demandai-je doucement :

– Que s'est-il passé avec elle ?

– Elle était avec moi le jour de l'incendie. Nous étions chez les parents de Shae. Lorsque le feu s'est allumé et propagé, aucun de nous n'était parvenu en sécurité à la sortie. Shae n'était heureusement pas présente à ce moment, mais ses parents... ont tous deux péri.

– C'est triste, murmurai-je. C'est pour ça qu'elle habite chez toi !

À ces mots, Fernandez hocha la tête.

– J'étais jeune et faible et suis tombé le premier. Ma mère m'a porté jusqu'à la sortie et a demandé qu'on m'aide d'abord. Avant que mon père arrive avec la Pierre de Guérison dans ses mains blêmes, ma mère et moi étions mortellement blessés. Mon père souhaitait la soigner en premier, et ma mère...

– A insisté pour que Dragtan te guérisse au préalable, terminai-je la phrase à sa place lorsqu'il se tût.

Fernandez détourna le regard.

– Tandis que j'étais soigné par mon père, ma mère quittait ce monde. Depuis ce jour, il m'accuse du fait que je sois vivant et elle pas.

– C'est ridicule ! tonnai-je. Tu ne pouvais pas y changer quoi que ce soit ? Premièrement, c'était le choix de ta mère et non le tien. Et deuxièmement, tu es le fils de Dragtan. Tu étais un jeune enfant et tu étais son sang, dis-je en déposant ma main sur l'épaule de Fernandez. Que Dragtan t'accuse en dit plus long sur lui que sur toi, Fernandez. Ce n'était pas ta faute, m'entends-tu ? Fernandez, articulai-je son nom avec sévérité, le faisant finalement se tourner vers moi. Ce n'est pas ta...

Mais ma phrase fût interrompue par Naveen et Armano qui couraient entre les maisons d'argile. Armano criait le nom de Fernandez et pointait le doigt en direction du nord, vers l'étendue sablonneuse et déserte qui s'étirait au loin.

Nous tournâmes tous deux la tête afin d'apercevoir ce qu'Armano nous indiquait.

Un grand nuage de poussière tourbillonnait rapidement vers nous.

– Qu'est-ce que c'est que... ça ? m'enquis-je en regardant à l'horizon. Une tempête ?

– Non, dit Fernandez en secouant négativement la tête, ses boucles foncées dansant autour de ses oreilles. Ce sont des soldats. Des soldats de l'empereur.

Puis il sauta du rebord du puits et vint à la rencontre d'Armano et Naveen.

– Que font-ils ici ? Il ne sont pas du tout censés être ici ?!

Rubis de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant