Jour 3 - V

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Lorsque le soleil eut terminé sa descente et que les dunes vallonnées semblèrent être devenues feu et flammes, nous décidâmes de nous arrêter.

Pablo avait perdu beaucoup de sang, ce qui le rendait nauséeux et étourdi. Il avait assuré que faire halte n'était pas nécessaire, pourtant, quand il s'était évanoui et avait atterri dans le sable un quart d'heure plus tôt Fernandez avait tranché qu'il était temps d'établir le campement.

Nous avions chevauché quinze minutes encore, jusqu'à avoir atteint cette magnifique oasis. C'était l'endroit où les commerçants et bergers avec leur bétail s'arrêtaient pour se détendre.

L'oasis était grande – plus grande que ce que j'avais jamais vu – et animée. L'eau était immobile sous les ombres des palmiers. Dans l'herbe autour broutaient des moutons tandis que des chevaux et des chameaux prenaient de grandes bouchées de plantes rases. Des grenouilles croassaient sur la rive, dans l'eau peu profonde, regardant les poissons qui nageaient.

Les derniers rayons de soleil oranges brillaient comme une couverture tissée par-dessus la végétation.

J'étais assise sur une pierre et scrutais l'eau calme, où des ondulations prenaient forme lorsque l'un de nos chevaux commençait à boire. Des marchands présentaient leurs marchandises entre eux en discutant pendant que les fermiers et les bergers pestaient sur la sécheresse de cette période-là de l'année et sur la difficulté qu'ils avaient eue à maintenir leurs bestiaux en vie.

Diego, Naveen et Armano, eux, montaient nos tentes. Nous en avions au total trois qui nous seraient départagées.

Je gloussai lorsque je vis les hommes s'empêtrer avec les montants de la tente. C'était ironique qu'ils pouvaient dérober la vie d'un soldat sans sourciller, mais qu'établir une tente fût tout une épreuve.

Fernandez avança avec Pablo vers le bord de l'oasis et aida son ami à pénétrer dans l'eau. Pablo gémit qu'elle était trop glaciale et Fernandez lui fit une pichenette sur la tête.

– Tu t'es plains la journée entière qu'il faisait trop chaud et maintenant que les dieux t'accordent un bain froid, ce n'est pas au goût de monsieur ! fit remarquer Fernandez en jetant un regard désespéré au-dessus de son épaule dans ma direction, après quoi je lui fis un sourire en retour lorsqu'il fit un geste obscène.

Il mouilla un essuie dans l'eau et l'essora avant de nettoyer les contours de la blessure de Pablo avec. Elle saignait encore ; plus autant qu'avant, mais le bandage était à présent retiré, et le saignement reprit de l'ampleur, le sang pouvant à nouveau jaillir.

Le liquide rouge se mélangeait à l'eau et changeait la peau de Pablo en une couleur cuivre. Quand Fernandez ne faisait pas des gestes assez soigneux il sifflait de douleur.

– Ne pouvez-vous pas faire cela autre part ? maugréa un fermier qui altérait ses bêtes. Mes moutons boivent de l'eau au sang !

– Ne puis-je pas soigner mon amis, voyons ? Cet homme a presque donné sa vie pour la mienne, il mérite un peu de soins pour sa plaie et un bon bain froid.

Le berger ouvrit la bouche pour rechigner, cependant je l'interrompis avant qu'il eut pu dire un mot.

– Ne nous ennuie pas comme ça, s'il te plaît, lui aboyai-je.

Ses yeux se plissèrent et examinèrent mes mèches blanches, mes sourcils froncés de frustration et les plis d'épuisement sur mon front. Il leva les bras au ciel, abattu, et se retourna avec entêtement. Il avait un bon argument, mais je me souciais beaucoup plus de Pablo que du bétail d'un fermier inconnu.

Pablo hocha la tête vers moi, reconnaissant, et j'agitai la main.

Pour me rendre un peu utile – comme nul n'avait encore achevé sa tâche et lui n'était pas en état d'en faire –, je ramassai des bâtons et des feuilles séchées afin de faire un feu. L'accord concernant les oasis qui se situaient sur des voies commerciales était qu'il était interdit de déplier sa tente sur des sols fertiles et qu'il fallait donc la mettre autour de ces terres afin que les bêtes eussent assez de place pour brouter et que l'herbe ne flétrît pas.

Rubis de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant