Jour 1 - VI

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Shae m'enveloppa des deux morceaux de tissu et comme elle l'avait prédit, une partie de mon ventre était visible ainsi que l'extérieur de mes jambes. En me regardant dans le miroir, je haussai les sourcils. Malgré ma nudité et mon inconfort, c'était vraiment beau. La matière brillait à chacun de mes mouvements. Shae me présenta de nouveaux joyaux d'argent. Sur mon poignet, elle attacha une large bande ornementée de saphir. Puis, deux boucles d'oreille en anneau, également en argent, furent pendues à mes oreilles. Le seul objet subtil semblait être le collier à mon cou ; ficelé d'argent, il était orné d'un saphir en son milieu.

Shae m'assit sur le tabouret qui attendait quiconque voudrait se toiletter, et commença la longue tâche de démêler mes cheveux mouillés.

– Charmants, ces cheveux blancs ! déclara-t-elle.

Shae, elle, avait d'épais cheveux noirs qui ondulaient en petites vagues jusqu'au bas de son dos, à l'instar de la plupart des habitants de cette ville. Peut-être me jalousait-elle, bien que je faisais de même, prête à commettre un meurtre pour ses discrets cheveux noirs.

– Trop particuliers, acquiesçai-je via le miroir. C'est encombrant pour une voleuse.

– C'est pour cette raison que tu es ici ? s'enquit Shae alors que le brosse arrêtait de se muer dans mes cheveux et qu'elle me dévisageait de ses grands yeux bruns.

– Que veux-tu dire ?

– Tu as cambriolé Fernandez ?

Je haussai les épaules.

– Dragtan plus précisément, étant donné que le pierre se trouvait dans sa chambre...

– Crétine, grommela Shae.

Je reniflai.

– Pourquoi mérité-je cette insulte ? dis-je en pivotant sur mon siège afin de la regarder d'une autre façon que par le miroir. Écoute, si j'avais eu l'occasion de le faire autrement, je l'aurais fait. Pour tout, chuchotai-je en repensant à ma bêtise d'amener Layla là-bas, à ma naïveté d'avoir pensé qu'elle nous attendrait sagement, seule sous le chaud soleil. Mais cette pierre promettait ma liberté. Ce dont moi et mes amis avions grandement besoin.

Shae se tourna et je m'examinai dans le miroir. Elle reprit le brossage de mes cheveux.

– Qu'y a-t-il d'unique à cette pierre ?

Elle rit doucement, sans joie.

– Quelqu'un n'a pas fait son travail avant de partir.

Je rétorquai, les yeux sarcastiques, à travers le miroir :

– Mes amis et moi ne faisons pas de vérification de l'objet que nous devons voler. Du moment que tu en connais la réelle valeur, tu sais ce qui dépend de ta mission. La panique et l'angoisse provoquent des fautes inutiles qu'il est de notre devoir d'empêcher.

De ses doigts habiles, Shae tressa les mèches rigides de cheveux humides et ne dit plus un mot.

– N'es-tu pas la cousine de Fernandez ? Seras-tu au dîner ce soir ?

Elle hocha la tête.

– Bien. Je m'assoirai à tes côtés. Tu es la seule qui, jusqu'à maintenant, n'a pas tenté de me trancher le cou.

– Qui prétend ça ? argua-t-elle en détournant les yeux vers la glace et en me foudroyant du regard.

Je me figeai, puis Shae gloussa.

– Je faisais une blague. Ou pas tout à fait. Je suis fâchée contre toi d'avoir volé la pierre. Elle a une importance capitale, et pas uniquement d'un point de vue de coût. Quant au dîner, je ne miserais pas sur l'autorisation de Fernandez de nous asseoir l'une à côté de l'autre.

Rubis de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant