Jour 1 - VII

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Sa chemise blanche déboutonnée pendait sur sa peau bronzée. Son pantalon en cuir claquait si fort sur ses chevilles à chaque marche des escaliers parcourue que j'en percevais le bruit d'ici. Il portait sur ses hanches une ceinture noire dotée de deux poignards. Quelques mèches de cheveux plus longues bouclaient devant ses yeux, les cachant en partie, alors que le reste de sa chevelure était nonchalamment peignée.

Ses yeux étaient pointés dans ma direction.

Fernandez s'avança jusqu'à moi et me souleva – de la manière la moins subtile qui fût. Ensuite, il rigola à l'adresse de Shae.

– Tu as bien fait ça, dit-il en se courbant et en reniflant mon cou, puis, se retirant, il me regarda avec un énorme sourire. Tu ne pues même plus.

Je me jetai sur lui en grommelant. Peu importe ce que je lui causais ; le pousser, l'abattre au sol. Cependant, Fernandez m'attrapa par les poignets et plissa les lèvres.

– Tut tut, chérie. On ne va pas se mordre maintenant, si ? Conserve ça pour ce soir.

À ces mots, Naveen rit tant et si bien que les hommes assis aux tables voisines se retournèrent.

– Dans combien de temps auront-ils fini ?

– Ils sont bientôt prêts, Fer, répondit Naveen en plaçant un bras derrière l'épaule de Shae tandis que celle-ci ronronnait comme un chat nécessitant de l'attention.

Je marchai derrière Fernandez vers les longues tables. Le tout était si beau que je me sentais embarrassée comme quelques minutes auparavant. En fait, le sentiment avait prit forme à cause d'une accumulation de nombreuses choses : Fernandez se moquant de moi et de mon odeur, du fait d'être trop peu habillée pour traverser une taverne dans laquelle des hommes picolaient et ne prenaient pas la peine de se recouvrir le torse, me jugeant comme une cuisse de poulet qu'ils auraient énormément souhaité engloutir.

Pourtant, je gardai la tête haute, fièrement redressée, et avançai sans leur jeter ne fût ce qu'un seul regard.

La distance jusqu'à la tête de la table parcourue, Fernandez prit place sur le banc. Je ne savais pas quoi faire, aussi demeurai-je droite tandis que des gens offraient une soucoupe en céramique à Fernandez, qui salua ses hommes en rigolant.

– Assieds-toi, m'ordonna-t-il par-dessus son épaule.

Que voulait-il dire ? Sur le même banc que lui ? À l'extrémité de la table ? N'était-ce pas le siège de Dragtan, le maître de la maison ? Et le banc n'était-il pas trop étroit ?

Fernandez lança un regard derrière lui et me vit dévisager le banc, irritée.

– Assieds-toi.

Sa voix s'était faite plus impérieuse que la première fois.

Donc je me laissai glisser sur le bois. Deux personnes à peine étaient passées et pourtant je sentais déjà mes genoux toucher les siens par malchance. Il m'observa et un sourire apparut sur ses lèvres.

– Pas sur le banc, chérie. Sur mes genoux.

Alors que j'entrouvrais la bouche, les hommes commencèrent à chahuter.

– Mais...

– Ce n'était pas un proposition, répliqua-t-il avant que je m'assisse sur ses genoux en boudant suite au regard qu'il me lança.

Assise sur sa jambe gauche, j'éprouvais un dégoût inconcevable à l'idée de le toucher, de ne disposer que de deux bouts de tissu pour nous séparer.

– C'est une blague ? maugréai-je.

Fernandez apporta son verre à sa bouche et but goulûment quelques gorgées.

Rubis de SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant