2H30.
Le minuscule bip sonore de ma montre sonnant toutes les demies-heure me fait émerger du sommeil dans lequel je m'étais réfugiée. Je me réveille à cette heure-ci allongée à même le sol. J'ouvre lentement les yeux et l'obscurité de la cuisine, dans laquelle ma mère m'a déposée hier soir, me fait malgré elle un mal de chien à la tête. Mon crâne menace d'exploser, mon corps menace de céder à l'affreuse tentation de tout laisser tomber pour de bon. Les extrémités de mon corps sont gelées, paralysées par le froid. Allongée sur le dos en étoile étalée sur le carrelage glacé de la plus petite pièce de notre maison. Je pense rester encore longtemps dans cette position, n'osant pas bouger ne serait-ce que le petit doigt apeurée de sentir mes os fragilisés, apeurée de sentir les filets de mon sang rougeâtre coulés le long de mon corps déchiré, apeuré de perdre à nouveau connaissance. La sensation qu'on m'a coupée les ailes à larme blanche et qu'elles ne repousseront plus jamais, la sensation que je ne pourrai plus jamais m'envoler. Je n'ai pas d'autre choix que d'attendre l'Ange arrivé et m'emporter aussi haut que possible vers un nouveau monde beaucoup plus paisible où je pourrai vivre sans douleur.
"Azalée, tu n'es pas seule, même si tu le penses très très fort, tu n'es pas seule."
Je me répète cette phrase en vain dans ma tête mais mon esprit ne veut pas l'entendre. En ce moment je suis seule, personne ne m'aide. Je suis là, allongée par terre comme un tas de déchets que personne ne voudrait. J'ai affreusement mal, la douleur est bien présente malgré mon immobilité. Combien de temps encore ? Combien de putain de jours ? Ou ne serait-ce que de simples minutes qui m'attendent avant l'arrivée de l'Ange de la Mort tant attendu ?
Mon cerveau parvient-il à comprendre la folie qui commence à prendre possession de tout mon être ? Je suis athée et je commence à parler d'ange et de Paradis. Mon cerveau se souvient-il au moins ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment ? Mon cerveau se souvient-il ce qu'il s'est passé hier soir quand je suis rentrée du loft, alertée par l'appel de mère ? Se souvient-il les yeux de mon père me brûlant la chair, les poings de mon père s'abattant sur mon os, les paroles de mon père répétant que je mérite amplement ce qu'il m'arrive ? Ma mère a bien essayé de l'arrêter. Je m'en souviens. Ses cris résonnent jusqu'à n'en plus finir dans ma tête. Ses yeux remplis de larmes, ses bras et ses joues colorés tout comme les miens maintenant. Elle a essayé, en vain. Pourquoi on nous inflige cela. Pourquoi. Je suis née pour vivre, pas pour mourir.
Mon professeur d'Histoire a simplement appelé mes parents pour savoir si j'allais bien. Mon attitude au dernier cours lui a mis la puce à l'oreille, il a compris que quelque chose clochait et il a malheureusement demandé de mes nouvelles à mes parents. Vais-je bien ? En ce moment même ? S'il vous plaît... Venez m'aider. "S'il vous plaît... Venez m'aider... Par pitié..." Je crie dans le désert. Mais je ne peux pas lâcher. Je n'ai pas le droit. Je ne suis pas indispensable, certes. Mais je suis née pour vivre pas vrai ?
J'ouvre les yeux. La pièce est toujours plongée dans la pénombre. Un silence de mort mis à part les ronflements, rauques à cause de l'alcool, du monstre dans le salon. J'y vais petit à petit pour me relever. Mon corps est endolori par la fatigue et les coups. Je mets bien 30 minutes pour me mettre debout et pouvoir marcher, difficilement certes, mais je peux marcher. Petit pas par petit pas je constate que je n'ai à priori rien de cassé. Mon téléphone est dans la poche de mon manteau laissé dans l'entrée de la maison. De petites larmes presque invisibles coulent sur mes joues elles aussi douloureuses. Je m'approche doucement de mon manteau sans faire le moindre bruit. Je suis obligée de retenir les cris de douleur que j'aimerais tant pousser. J'attrape mon téléphone du bon des doigts et la lumière de l'écran m'aveugle instantanément.
Deux appels manqués et 2 messages non lus :
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Chercher son nom dans Beacon Hills
FanfictionAzalée Janys est une jeune fille qui vit à Beacon Hills. Meilleure amie de Lydia, elle lui dit tout. Sauf les violences qu'elle subit quotidiennement chez elle. Elle se sent seule mais tente de toujours être souriante devant ses amis. Néanmoins, que...