Mes cheveux fouettent le vent. J'ai atrocement chaud et je transpire abondamment. Mes pieds nus martèlent le sol terreux. Autour de moi, des arbres par centaines, par milliers même. Je n'arrive pas à savoir s'il fait jour ou bien nuit. Je n'ai pas le temps de regarder ma tenue, mais je sens sur mon dos, un simple tee-shirt à manches courtes. Dans ma course déchaînée, des branches d'arbres, de buissons et de haies me griffent le visage, les bras et les jambes.
Mes pieds saignent mais je ne ressens aucune douleur. Pourtant, les cailloux sur lesquelles je cours sont parfois aiguisés comme des lames de rasoirs. Mais non, je ne ressens absolument rien. La terre s'immisce dans ma chair coupée, risquant de créer une quelconque infection. Mais est-ce que cela m'intéresse ?
Mes jambes ne s'arrêtent pas, elles vont trop vites, beaucoup trop vites. La vitesse crée alors déséquilibre que je parviens à maîtriser en me cramponnant au tronc d'un des arbres se trouvant sur mon chemin.
Pratiquement suffocante, je me tiens la poitrine de ma main libre. L'autre, quant à elle et à ma plus grande surprise, cherche un précieux médaillon qui loge habituellement au creux de mon cou. Ma respiration s'accélère mais le contact de ma peau sur la note de musique argentée me rassure quelque peu. Quand mes yeux se posent sur mon tee-shirt noir de crasse, je me sens honteuse sans même savoir pourquoi. Comment suis-je arrivée ici ? La douleur de mes pieds jusque là inexistante commence à me faire grincer des dents au moindre petit mouvement. Ils saignent et s'infectent. Malheureusement, mon marathon ne risque pas de se terminer de sitôt. Je me retourne apeurée par un bruit au loin. Ayant à peine eu le temps de reprendre mon souffle, je repars en courant en hâte vers une destination inconnue.
À chacun de mes pas, la terre rentre et torture ma chair ouverte. Je suffoque d'angoisse et d'appréhension. La peur broie mes boyaux et mon cœur veut quitter mon corps. Je veux rentrer à la maison, je veux crier des horreurs à mon père, je veux boire un chocolat chaud emmitouflée dans un plaid moelleux. Tout ce que je veux, c'est une vie normale. Pourquoi suis-je ici, dans un labyrinthe d'arbres ? Qu'est-ce que j'essaie de fuir ? Je cours de plus en plus vite, mes jambes tremblent sous l'effort intense que je leur oblige de faire. Dans ma tête, un flot d'horreurs et d'idées cauchemardesques.
Au moment même où mon cerveau pense à une habitation dans laquelle j'aimerais me trouver, la maison des Hale se dresse devant moi, aussi imposante et intimidante que d'habitude. Je continue de courir à une vitesse folle vers la porte d'entrée. Mais, plus je pense m'approcher de la maison, plus elle semble s'éloigner de moi. La panique me surprend, la transpiration perle à grosses gouttes sur mon front sale et griffé par les branches de sapins. Je ne compte pas m'arrêter, pas à quelques mètres seulement de la demeure qui a autrefois succombée aux flammes. Je ne prête pas attention aux nombreuses courbatures qui me font mal aux muscles. Je ne prête d'ailleurs plus attention non plus à mes pieds meurtris. Je ne suis qu'à quelques mètres, mais pourtant, elle semble être à des heures de marche.
Cette maison dans laquelle Derek et moi avons eu le contact physique qui a changé ma vie, cette maison où Peter est restée des heures au chevet de sa famille. Cette maison qui nous a servi de refuge quand nous devions soigner nos blessés. Pourquoi me rejette-elle au moment où j'ai absolument besoin d'aide ?
La force du vent me projette au sol et je tombe face contre terre dans un cris de surprise. Mes oreilles sifflent atrocement et je n'arrive pas à me relever, malgré ma détermination. Une nouvelle rafale me plaque sur le ventre dans un tourbillon de feuilles mortes, de branches et de pommes de pin. Je ne vois pas d'autre solution que de me cacher le visage avec mes mains et d'attendre que la tempête passe pour pouvoir me relever et partir me réfugier.
Des coups de tonnerre se mêlent au brouhaha et aux sifflements. J'accroche de mes ongles la terre pour ne pas m'envoler, sans grand succès puisque une rafale me décolle du sol et me propulse en l'air. Ma tête cogne un plancher dur et je mets quelques temps à comprendre que je suis sur le palier de la demeure des Hale. Quand je relève la tête, une nouvelle gifle glaciale me plaque pour la énième fois au sol. Mais je garde espoir car, quand le moment sera venu, je pourrai me lever et franchir les quelques centimètres qui me séparent de la porte d'entrée. Ma main moite serre la note de musique contre ma poitrine. Le sol dur, les planches en bois, l'odeur de brûlé et d'orage, j'ai l'impression d'être dans un cauchemar. La tempête ne me laisse pas une seconde de répit, je ne peux pas me lever. La transpiration coule encore et encore et j'arrive à me demander comment c'est possible d'autant transpirer. Le bois sous ma poitrine devient humide et l'espoir s'envole peu à peu, tout comme mon âme que le vent semble aspirer. Je ferme les yeux, priant pour que ça s'arrête, pour que quelqu'un vienne me sauver.
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Chercher son nom dans Beacon Hills
FanfictionAzalée Janys est une jeune fille qui vit à Beacon Hills. Meilleure amie de Lydia, elle lui dit tout. Sauf les violences qu'elle subit quotidiennement chez elle. Elle se sent seule mais tente de toujours être souriante devant ses amis. Néanmoins, que...