Chapitre 33 : Illusion

1.5K 76 40
                                    

Allongée sur la banquette arrière de la Jeep de Stiles, il n'y a pas un bruit. Je suis inconsciente, mais bizarrement, j'arrive à sentir la main de Lydia me caresser les cheveux. Une de ses larmes s'échappe et tombe sur ma joue. Elle l'essuie tendrement en faisant très attention de ne pas me blesser davantage. Elle laisse sa main sur mon visage et me masse le front avec son pouce. Mes céphalées s'estompent. Tout est incroyablement calme. J'entends simplement la respiration calme de ma meilleure amie, et les gouttes de pluie marteler le pare-brise de la voiture. Le ronronnement du moteur et les dos-d'âne agissent comme une berceuse. Je résiste pour ne pas m'endormir, par peur de me réveiller à Eichen House et de voir que tout ceci n'était qu'un simple rêve. J'entends la voix inquiète de Stiles demander aux autres personnes dans la voiture :

- Elle est toujours inconsciente...?

Son timbre est tremblant, comme s'il s'apprêtait à pleurer. Il renifle deux fois puis la réponse lointaine de ma meilleure amie parvient à mes oreilles :

- Oui, je crois qu'elle s'est endormie... répond-elle avec un soupçon de soulagement mélangé à de la tristesse.

Un long silence pèse dans la Jeep. Je pense qu'ils ne s'attendaient pas à me voir aussi faible et en aussi mauvais état. Je sens un tissu doux sur mes jambes frissonnantes. Un membre de la meute a mis son pull sur mes mollets qui se réchauffent seulement quelques minutes après. Je ne sais pas qui est là, ils sont probablement venus avec plusieurs voitures. Je sais que je suis dans les bras de Lydia à l'arrière et que Stiles est au volant. Cependant, je ne sais pas qui nous accompagne. Mon dernier souvenir est Peter qui me tient dans ses bras, puis plus rien. Je ne me rappelle pas avoir entendu le moteur s'enclencher, ni la meute rentrer dans la voiture. Les éclats de lumières constants des lampadaires passent entre mes paupières closes.

J'essaye de manifester ma présence mais, à peine je tente de bouger ma main, que la fatigue me rattrape. Je résiste quelques temps mais pas longtemps... La peur disparaît, laissant sa place à un sentiment de sécurité et de soulagement. Tout ceci n'est pas un rêve, je peux m'endormir en paix. Je me laisse aller dans le monde des rêves, calée dans les bras de ma meilleure amie, enfin retrouvée.

*

Je me réveille dans un lit confortable, dans des draps incroyablement doux. L'odeur est impeccable. Je connais cette odeur... Mais d'où ? Je n'ouvre pas les yeux tout de suite. Ma tête tourne avant même que mes paupières osent esquisser un mouvement. Je porte ma main à mon front. À ma grande surprise, ma peau est douce comme celle d'un nourrisson, je ne peux m'empêcher de la caresser et d'éprouver une sensation de bien-être. Quelqu'un m'a mis de la crème sur le visage. Sauf que, personne auparavant ne m'a jamais mis de la crème. Une personne s'est occupée de moi et ça n'était pas arrivé depuis... Depuis très longtemps. Ma main contre mon visage est douce, elle-aussi. Je ne prends même plus en compte mes douleurs à la tête. Je me demande encore où je suis.

Quand j'ouvre les yeux, une chevelure rousse est endormie sur une simple chaise au bout de la pièce. Je suis entourée de murs blancs ornés d'une fenêtre. Les volets sont fermés, il doit sûrement faire nuit. Mais où suis-je ? Que fais-je ici ? Je tourne la tête de tous les côtés espérant trouver des réponses le plus rapidement possible. J'essaye de me rappeler, mais mes souvenirs semblent bloqués. Je suis prise de nausées que j'essaye au maximum de contrôler. Je ne comprends pas... Je ne comprends pas...

Mes souvenirs apparaissent par flash-back. Je suis inondée d'images. Des dizaines et des dizaines, je ne m'y retrouve plus. Je vois un infirmier blond qui me force à manger de la nourriture tombée au sol, des regards menaçants et humiliants, une grande rousse qui me hurle dessus, son maquillage coulant sur ses joues enflammées par la colère. Une petite à lunettes qui rigole à mes blagues, qui me parle de ses livres préférés dans une cantine aux nombreuses tables. Des murs blancs entourant une minuscule pièce équipée d'une salle de bain tout aussi petite. Une piqûre, deux piqûres, trois piqûres, je ressens mes articulations lâcher, ma bouche devenir pâteuse, mon vomi dégoulinant sur mon corps déjà sale et fatigué par cette survie permanente. Une décharge électrique. La faim me tiraillant le ventre. Le visage de ma mère. Celui de mon père. De la poudre d'aconit. Les bras de Peter me retenant. Ceux de Daphné me portant pour partir le plus loin possible. Des cris. Mes cris. Les questions de Daphné réclamant des réponses. La peur me bouffant les entrailles. L'envie de partir, de se laisser mourir sur le carrelage froid de ma prison.

Chercher son nom dans Beacon HillsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant