9 - relations inavouées

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Point de vue de Lyliana.

Il ne lâche toujours pas l'affaire. Il continue ses petites attentions. C'est plutôt maladroit d'ailleurs, mais c'est l'intention qui compte, comme on dit. On voit qu'il ne sait pas trop comment se comporter. Mon manque de réponse et de réaction doit y jouer pour quelque chose, mais je peine à faire confiance à nouveau.

Kyllian était tellement attentionné auparavant, mais vu comment ça a tourné, j'ai peur que ça recommence. Même mes amis m'ont abandonnée. Je me suis éloignée de ma famille, et mon petit ami est la seule personne qu'il me reste.

Liam est gentil, certes, mais je ne comprends pas le but de ses actes, d'autant plus qu'il s'est comporté comme un connard peu de temps avant. Que me veut-il réellement ? Veut-il vraiment devenir mon ami ou a-t-il de mauvaises intentions ?

Je dois avouer que petit à petit je me crispe moins quand il est près de moi. Il fait tellement d'efforts, après tout, personne n'avait jamais fait ça pour moi... hormis Kyllian, bien entendu, mais j'ai peur que le même scénario recommence.

Malgré tout, au fur et à mesure, je me livre progressivement à lui, je ris même parfois. Il a toujours une blague nulle à faire ou un vieux jeu de mots minable. Mais c'est ce qui me fait le plus rire. Le voir me regarder avec fierté après avoir sorti une de ces blagues me donne d'autant plus envie de rire.

Il a même réussi à m'intégrer à un groupe de copines, nous sommes trois et passons pas mal de temps ensemble. Elles sont comme moi, simples, discrètes, qui n'ont pas envie de se faire remarquer. Je ne sais pas comment il a fait pour m'intégrer à elles, mais il a bien réussi son coup.

Malgré le fait que j'ai peur qu'elles découvrent ce que Kyllian me fait, je suis très heureuse d'enfin pouvoir parler à d'autres filles de mon âge. J'ai peur qu'elles me jugent par rapport à mon copain, alors je ne dis rien, ni à lui, ni à elles.

Après tout, ce ne sont que des phases, il n'est pas toujours violent. Et puis de toute façon je sais qu'il ne veut pas me faire de mal, c'est uniquement parce que je le mets en colère qu'il réagit comme ça. Mais malgré tout, je sais que ce sera difficile pour lui de concevoir que j'aie de nouvelles amies, il n'aimera pas ça.

L'une s'appelle Ella, elle est blonde avec quelques mèches plus foncées. Elle est plus grande que moi, ce qui en même temps n'est pas très difficile. Elle a des yeux bleus absolument magnifiques et un teint très pâle. On la compare souvent à un zombie ou à Blanche-Neige. Elle préfère la deuxième comparaison, qui est tout de même plus glorieuse.

June, elle, est tout l'opposé d'Ella. Brune aux yeux bruns, un teint hâlé, tout aussi élancée qu'elle par contre. Encore une fois elle est plus grande que moi, ce qui, je le rappelle, vu mes 1m20, n'est pas compliqué.

Elles sont toutes les deux magnifiques mais restent tout de même discrètes à l'école. Ça m'arrange, je ne veux pas qu'on me remarque. Je leur montre les coins où je m'éclipse pendant les pauses afin que personne ne me voie. Elles aussi sont contentes d'avoir un coin à l'abri des regards.

*

J'ai remercié Liam des centaines de fois. J'étais tellement heureuse d'avoir trouvé des filles à qui parler. Sur ce coup-ci, j'avoue qu'il a marqué des points. Peut-être qu'il n'est pas si méchant que ça, tout compte fait, mais je garde tout de même en tête l'épisode de la classe, et celui de sport. Cette façon de penser est monstrueuse, cela ne peut pas exister.

Durant une conversation, j'ai parlé à Liam que j'aimerais faire de la guitare. J'en ai une chez moi, mais je ne l'utilise jamais. J'ai bien essayé d'apprendre seule, mais c'était trop compliqué, je n'arrivais pas à suivre. Je ne comprenais même pas les termes.

Il m'a alors proposé son aide et j'ai décidé d'accepter. J'adore ça, et pour une petite soirée, ça fait toujours son effet. Peut-être que je pourrais sortir avec mes nouvelles amies de temps en temps. Il m'a alors donné son numéro, écrit sur un petit bout de papier déchiré, pour que je puisse le contacter.

Je lui donne le mien en retour, sur un petit bout de papier également. Allez savoir pourquoi, je trouve cette façon de faire amusante. À notre époque, nous n'avons plus l'habitude de faire cela. Il suffit d'écrire le numéro directement dans notre téléphone et voilà. Mais je suis quelqu'un qui a besoin de voir réellement la chose, autrement que sur un simple écran. Cette intention me reste en tête un moment.

Nous nous rejoignons alors pendant nos heures d'étude, nous en avons trois par semaine, et nous nous retrouvons dans une salle libre. Cette leçon-ci est la cinquième. Ça nous rapproche de jour en jour. Je commence à le voir différemment. Il est attentionné, il continue ses petites surprises et aides au fil des jours. Il est vraiment adorable.

Alors qu'il se penche un peu plus vers moi pour replacer mes doigts correctement lors d'un énième accord raté, je prends le temps de l'examiner un peu plus. Il a une peau bronzée, il est sûrement parti en vacances avant la rentrée scolaire. Il a des cheveux bruns toujours bien coiffés. Aussi, il s'habille vraiment très bien comparé aux autres garçons de notre classe.

Peut-être devrais-je être plus gentille avec lui. Il est tellement attentif à ce que tout aille bien pour moi. Il fait tellement d'efforts pour que je trouve ma place dans cette nouvelle école. Je peux lui faire confiance. Je la lui octroie petit à petit. Mais je ne lui dis pas, rien n'est encore gagné.

Je le vois se tourner vers moi. Wow, je ne l'ai jamais vu d'aussi près. Nos têtes sont littéralement à quelques centimètres l'une de l'autre. Je peux sentir son souffle s'abattre sur mon visage. Et ses yeux... ils sont envoûtants, d'un vert qu'on ne saurait décrire. Ils sont tellement clairs, c'en est perturbant.

— Lyliana, tu m'écoutes ? me demande Liam en fronçant les sourcils.

Je secoue la tête pour reprendre mes esprits. Je m'excuse auprès de lui, il rigole face à mon air rêveur. Son rire est tellement communicatif que je ne peux que le rejoindre dans son hilarité.

La porte s'ouvre en un coup assourdissant. Je relève les yeux vers Liam qui lui, se trouve face à la porte. Je l'interroge du regard, me demandant qui a bien pu faire ça.

Voyant qu'il a l'air de me poser la même question muette, je me retourne, comprenant qu'il ne répondra pas. Quand mon regard se pose sur lui, je blêmis, comprenant qui se trouve dans l'embrasure de la porte.


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