Point de vue de Lyliana.
J'ouvre doucement un il et m'étire. Je prends le temps de regarder autour de moi et de me remémorer la soirée d'hier. Le bar, le retour chez Liam, la grande discussion avec son père ainsi que le film que nous, je veux dire qu'il regarde, étant donné que je me suis vite assoupie. La lumière du soleil traverse le store, éclairant la pièce.
J'observe la chambre dans laquelle je me trouve. Elle est assez petite mais suffisamment grande pour son utilité, c'est assez joliment décoré. Il n'y a qu'un canapé-lit avec en face un meuble et une télé. Sur la gauche de ce meuble se trouve un sofa avec une grosse masse sombre dessus. Je pense d'abord à une pile de vêtements puis en plissant un peu les yeux, je me rends compte que ça bouge légèrement.
J'essaie d'appeler Liam pensant que c'est lui. Puis je vois la masse se lever et s'approcher du lit. Plus ça s'approche, plus la lumière vient baigner cette chose. Lorsqu'il est suffisamment proche de moi, je reste bouche bée. Kyllian.
Je suis instantanément prise de panique, mon corps entier se met à trembler, mon cur à palpiter et je sens déjà mes larmes monter. Je sais que j'ai fait une bêtise, je n'aurais pas dû lui mentir. Je m'en veux et il doit également m'en vouloir, ce qui fait que je suis encore plus en colère contre moi-même.
Son silence me fait d'autant plus peur. Impossible de savoir ce qu'il pense ni même ce qu'il compte faire. Et puis comment est-il arrivé là au juste ?
Peu importe, il est là et moi je suis là aussi. Nous sommes tous les deux seuls dans cette pièce. Je suis à nouveau seule face à mon destin.
Il se contente de rester penché au-dessus de moi. Son visage durci par ses traits sévères. J'attends le moment fatidique. Le moment où je comprendrai enfin ce qu'il compte faire. Avec lui, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Mais là, je lui ai menti et en plus de ça, je suis allée dormir chez un autre garçon. Pourra-t-il seulement me le pardonner un jour ?
Soudain, je sens un métal froid me transpercer le ventre. Cette douleur est telle que je n'arrive pas à pousser le moindre cri. Je suis comme paralysée, la main posée sur l'origine de ma torture. Cette douleur est en train de me déchirer les entrailles et quand je pense enfin que la douleur ne peut pas être pire, je sens Kyllian enfoncer encore un peu plus le couteau dans ma plaie.
— Tu m'as menti.
La honte m'enveloppe petit à petit, accompagnée d'un sentiment d'agonie. Je viens de commettre la plus grosse erreur de ma vie...
Mon cur n'a pas l'air de tenir le choc. Il pourrait s'arrêter d'un moment à un autre. Je n'arrive plus à respirer, le moindre mouvement de mon diaphragme me fait encore plus mal, la moindre respiration, le moindre battement de cils me donne l'impression de mourir à petit feu.
Je suis prise d'un sursaut. Je me relève dans le lit, trempée par la sueur. Un cauchemar, encore. Je suis traumatisée. Dans celui-ci, j'ai été comme paralysée. Je ne pouvais plus bouger, ni parler et encore moins fermer les yeux, ce qui était mon seul échappatoire.
Mes joues sont inondées de larmes, mon cur ne ralentit pas ses battements et tous mes membres continuent à trembler. Je prends quelques minutes pour m'en remettre, agrippant mes cheveux de mes mains comme si j'allais me les arracher.
Mes pleurs continuent et ça n'arrange rien. Je n'ai jamais eu un cauchemar aussi intense. Et pourtant, il m'arrive souvent de rêver de la mort. De ma mort en particulier.
Je sais que chaque jour qui passe pour moi relève du miracle. Et pourtant, je suis toujours là à m'accrocher à la vie comme une enfant à sa mère. Aurai-je un jour une vie normale ? Une vie sans risque, sans menace, sans coups et sans bouteilles d'alcool qui traînent partout, répandant leurs odeurs répugnantes ?
Ou suis-je condamnée à vivre entre la vie et la mort chaque jour de cette misérable vie ?
Trente minutes se sont écoulées et je ne me calme toujours pas. Je prends mon courage à deux mains et pars dans la chambre de Liam. Lui au moins saura m'apaiser. Je m'avance dans le couloir et ouvre chaque porte aussi silencieusement que possible jusqu'à trouver la bonne.
Sans faire de bruit, je m'approche de son lit. Il semble dormir profondément. Je soulève la couette et me glisse auprès de lui. Je sens qu'il bouge sous l'affaissement du matelas.
Lorsqu'il se rend compte que je suis là, il passe un bras autour de mes épaules et coince sa tête dans mon cou. J'ai l'impression de tromper Kyllian en faisant ça mais d'un autre côté, son contact me fait tellement de bien. Je n'arrive pas à résister. Il relève sa tête subitement ce qui me fait sursauter.
— Lyly, tu pleures ? me dit-il d'une voix tendre.
— C'était juste un petit cauchemar.
— Tu veux en parler ?
Je secoue la tête en signe de négation. Je ne veux pas revivre ce mauvais rêve. Il resserre son étreinte autour de moi. À cet instant, je comprends qu'avec lui, rien ne peut m'arriver.
Le soleil vient caresser délicatement mon visage et me réveiller de sa douce chaleur. Cette fois-ci, ce n'est pas l'origine d'un cauchemar mais bel et bien d'un rêve éveillé. Me lever dans les bras de Liam et baignée de son doux parfum me met de bonne humeur dès le matin.
Je descends les escaliers le sourire aux lèvres, Liam sur mes talons. Nous déjeunons avec son père dans la même bonne entente qu'hier puis Liam propose de me ramener.
Je suis hésitante au début. S'il nous voit rentrer ensemble, Kyllian le tuera, c'est sûr. Mais après réflexion, j'accepte. Certes nous habitons seulement à quelques minutes l'un de l'autre, mais je pense que voir sa tête avant de passer le palier de ma porte me donnera de la force pour affronter mon copain.
C'est donc ce que nous faisons. Je glisse un dernier regard à Liam avant d'ouvrir la porte et de me retourner. Je retiens mon souffle comme pour me donner plus d'assurance et m'avance jusque dans le salon où je retrouve Kyllian assis sur le canapé.
Il semble calme mais je le connais que trop bien, je sais que ce n'est qu'un masque. Le calme avant la tempête.
Les mains posées de part et d'autre du canapé, je peux sentir jusqu'ici son regard pesant sur moi. Mais je ne sens pas que ça. C'est une odeur qui me prend aux tripes. De l'alcool, encore et toujours cette source à problème. Quand va-t-il arrêter ça ?
Je baisse les yeux et croise le chemin de sa batte favorite. Mon cur loupe un battement. Je relève les yeux pour croiser son regard sombre. Je veux tenter de parler pour détendre l'atmosphère mais il me devance :
— Mon amour, pourquoi tu m'as menti ?
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L'emprise du silence
RomanceJe reste là, à subir allongée à terre, attendant la fin de cette énième crise de nerfs. Arrêter de résister était la meilleure solution. Je l'ai compris avec le temps. "Tu parles, tu meurs", c'est ce qu'il ne cesse de me répéter. Alors je ne dis ri...