20 - Les bons mots

183 19 6
                                    

Point de vue de Lyliana

Ne sachant plus quoi faire, je me mets à courir sous ces torrents de pluie. Le ciel s'éclaire de temps à autre à cause des éclairs qui jaillissent de part et d'autre, déchirant le ciel sur leur passage. Le tonnerre gronde derrière moi, semblant vouloir me réprimander pour mes actes passés.

Je cours à m'en décoller les poumons et je laisse tomber mon sac. Il ne me semble plus utile à présent. Je l'abandonne ici, au milieu d'une rue que je n'ai jamais empruntée. Je parcours plusieurs rues en espérant qu'elles finissent par me mener là où je veux aller. Après quinze minutes, j'arrive à bout de souffle devant la maison de Liam.

Je faillis vomir, heureusement que je suis sportive et que je cours régulièrement quand mes blessures me le permettent. Je me retrouve face à une impasse. Je n'ai plus le numéro de Liam, l'ayant supprimé pour me concentrer à nouveau sur ma relation avec Kyllian. Je croyais qu'il recommencerait à me parler mais visiblement, j'ai trop fauté pour ça.

Mon cur se serre à nouveau face à cette pensée. Je suis perdue, mes jambes m'ont conduite ici d'elles-mêmes mais je ne peux pas simplement revenir vers lui « comme une fleur », comme l'avait si bien dit Ella.

J'étais destinée à vagabonder seule dans les rues à jamais. Je prends tout de même la décision de sonner à la porte, au cas où...

J'ai peur de réveiller son père mais je ne sais plus quoi faire. J'attends quelques minutes mais rien ne vient.

Ce fut comme un électrochoc. Ma gorge se noue et les larmes coulent à nouveau. Mes jambes flageolantes ne feignent plus de me tenir en équilibre. Je m'effondre en un fracas sur le béton mouillé.

Mais qu'est-ce que je peux être faible ! Quelle idiote. Je suis seule désormais et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

Je m'effondre sur la route, encore en pleurs. Par réflexe et sans doute à cause du stress, je me gratte frénétiquement jusqu'au sang. J'entends finalement une porte s'ouvrir et quelqu'un crier.

— Non mais ça va pas la tête ! Qui est le con qui sonne aux portes à une heure pareille !

Je ne relève même pas la tête. Je suis incapable de le regarder dans les yeux. J'entends des pas frapper contre le sol traversant les flaques naissantes. Puis je sens des bras m'entourer.

— Lyliana, qu'est-ce que tu fais dehors à une heure pareille ? Il y a de l'orage, c'est dangereux. Tu es gelée. Viens, rentre.

Je secoue la tête vivement.

— Comment peux-tu encore vouloir m'aider après tout ce que je t'ai fait ? Je t'ai mis en danger, je t'ai menti, je t'en ai fait baver pendant des jours et des jours avant que je ne daigne te répondre. Puis j'ai arrêté de te répondre, puis je suis revenue et j'ai à nouveau disparu. Comment peux-tu encore être là avec moi ? Comment peux-tu continuer à me faire confiance après toutes ces choses horribles que je t'ai faites endurer. Personne ne me croit, alors pourquoi toi si ?

— Je sais que tu es sincère, Lyly, et moi je t'apprécie. Alors je sais que, peu importe ce que tu fais, si tu reviens, je t'accueillerai. Tu n'es pas mauvaise, tu sais. Je te l'ai dit, tu as un bon fond, comme ma mère. Tu es une fille rayonnante même si tu ne le vois plus actuellement. Tu ne te rends pas compte du bien que tu fais autour de toi. Moi tu m'as fait du bien. Tu m'as permis d'évoluer, de changer ma façon de penser et de voir le monde. Tu m'as appris à être plus positif. À faire plus attention aux personnes qui m'entourent. Tu m'as appris à m'attacher à quelqu'un.

— J'ai abandonné mon ancienne vie, j'ai abandonné ma famille et maintenant je t'ai abandonné toi, ainsi que mes amies actuelles. Plus personne ne me croit. Ella ne m'a pas cru pour Kyllian. J'ai merdé de A à Z alors arrête de dire que j'ai un bon fond.

— Je vais t'aider à renouer avec tout le monde, tu peux t'en sortir et tu le sais. Je suis là pour t'aider maintenant. Je ferai tout pour.

— Tu ne comprends pas ! Personne ne me croit et personne ne me croira jamais, dis-je en hurlant.

Il relève mon visage doucement et passe ses mains sur mes joues rougies par le froid. Je vois de la compassion dans son regard. Mais j'y vois surtout de la pitié, de la peine. Je dois être horrible à voir.

Je vois son visage se rapprocher. Mon pouls s'accélère. Il colle son front contre le mien tout en gardant l'une de ses mains posée sur ma joue. Ses lèvres semblent chercher les miennes. Je n'ose plus bouger. Il le comprend et franchit ces derniers centimètres qui séparent encore nos lèvres.

Un éclat surgit dans mon ventre, laissant place à une sensation agréable. Le bonheur me prend aux tripes, me clouant sur place. J'ai attendu ce moment depuis si longtemps. Ce baiser est doux et rempli d'amour. C'est tout le contraire de ce que j'ai connu avant de le rencontrer.

Il se décolle légèrement et me chuchote ces derniers mots :

— Moi, je te crois.

Vote et commente⭐⭐⭐

L'emprise du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant