10 - désillusion

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Point de vue de Liam.

Un gars ouvre soudainement la porte. Je ne l'ai jamais vu ici et pourtant, je connais tout le monde dans ce lycée. Lyliana remonte la tête vers moi en sursaut, elle ne s'attend pas à ce que la porte claque comme ça. Je vois ses yeux se poser sur moi, l'air de demander qui se trouve là. Je ne peux pas lui répondre, me demandant la même chose qu'elle. Elle se tourne vers la porte et je la vois se raidir.

Elle doit sûrement le connaître au vu de sa réaction. Je pose ma main sur son épaule tout en lui demandant si tout va bien. Le gars qui était auparavant posté dans l'entrée se précipite vers nous presque en courant. Lyliana se lève rapidement du banc et place ses bras devant elle pour se protéger. Mais enfin que lui veut-il ?

Malgré ce qu'elle pense, il ne s'arrête pas près d'elle mais continue sa marche jusqu'à moi. Il m'agrippe par le col et me soulève.

— Mais tu es malade ou quoi, lâche-moi !!

— On peut savoir ce que tu fais avec MA copine ?! Gueule-t-il comme un marchand de poisson. Une pluie de postillons vient s'écraser contre mon visage.

Je tique tout de même sur un mot en particulier : sa copine ? Elle est en couple ? Pourquoi ne me l'a-t-elle pas dit ? Ça veut dire que j'ai fait tous ces efforts pour rien.

— Kyllian, lâche-le ! Il n'a rien fait de mal, tout va bien. Elle s'approche de lui lentement, plus elle avance et plus il resserre sa poigne. Elle essaye de le calmer mais rien n'y fait, il ne veut pas me lâcher. Il me jette contre le mur et se jette sur moi pour me mettre un poing dans l'il.

Ohhh non, ça ne va pas se passer comme ça. Personne ne me met la main dessus. Je m'agrippe et le retourne de sorte à ce que ce soit moi qui me retrouve au-dessus de lui pour le dominer. Je hausse mon poing et me prépare à lui donner le plus gros coup que je n'ai jamais donné de mon existence, quand je sens une main se resserrer autour de mon poignet.

Lyliana est derrière moi en pleurs. Je m'arrête instantanément. La voir dans cet état me fait mal au cur. Je m'excuse auprès d'elle, prends mes affaires et pars sans me retourner vers elle et son copain.

Son copain... je ne comprends pas pourquoi elle ne me l'a pas dit. Et surtout pourquoi elle a levé les bras pour se protéger comme ça. Voir sa copine seule avec un autre garçon a pu l'énerver, je le comprends, mais est-il violent avec elle aussi ?

Je mettrai ça au clair avec elle demain. En attendant, je vais à l'infirmerie pour mettre de la glace avant d'avoir un il au beurre noir, bien qu'il soit sûrement déjà trop tard.

La nuit est longue, très longue même. Je ne fais que penser à la réaction qu'a eue Lyliana en voyant son copain arriver. La façon dont elle était contractée en le voyant, le fait qu'elle se protège de lui. Mais aussi son regard, rien n'est cohérent. Elle a l'air d'avoir peur de lui, mais elle le regarde avec tant d'amour... C'est incompréhensible.

Je repense soudainement à quelque chose. Elle m'a donné son numéro après que je lui ai proposé de l'aider avec sa guitare. Je le cherche, retourne toute ma chambre mais pas moyen de mettre la main dessus. Rien dans mon sac, rien dans ma table de nuit, rien que le bureau. C'est pas vrai, où est-ce que j'ai bien pu le mettre !

Une illumination vient éclairer mon esprit. Mais oui bien sûr ! Quel idiot, comment ai-je pu oublier ça ! Je descends alors presque en courant près de l'entrée. Je dévale les escaliers et faillis même tomber. Je me dirige vers le porte-manteaux. Je l'ai glissé dans la poche de ma veste quand elle me l'a donné. Je ne l'ai pas bougé de place depuis.

Je remonte dans ma chambre, le précieux petit papier dans ma main. Je le regarde avec tout l'espoir du monde. Je tape vite le numéro sur mon téléphone, mais au moment d'écrire mon message, je m'arrête complètement. Que dire ? Je me triture l'esprit pendant bien 15 minutes, puis me décide simplement à lui envoyer : «Salut, c'est Liam. Tu es réveillée ? Il faut que je te parle.»

Je ne m'attends pas à voir une réponse à une heure aussi tardive, alors je décide d'aller me coucher. J'ai du mal à m'endormir, tournant dans tous les sens, repensant à ce qu'il s'est passé.

Des souvenirs me reviennent alors en mémoire. Le fait qu'elle relève ses manches sans arrêt, ses blessures, son arrêt en sport. Ses tremblements. Son énervement en cours...

Tout est plus clair. Il faut vraiment que je lui parle. Si son copain est violent avec elle, il faut qu'elle me le dise, il faut que je puisse l'aider et la sortir

de là. Il faut croire que son discours en classe m'a permis de me remettre en question.

À la base je ne comprends pas trop tout ça. Je ne le comprends pas, mais la dispute qu'on a eue ensemble en classe m'a mis une claque. Et le fait de me rendre compte que c'était peut-être en train d'arriver me fait un plus grand choc encore. C'est réel cette fois, c'est devenu réel dans ma tête. Je regrette soudainement tout ce que j'ai pu dire et même penser jusqu'ici. Je suis en train de me rendre compte que la vie n'est pas si belle que ça.

Le lendemain, elle n'est pas venue en classe. Le jour d'après non plus, et celui encore après non plus. Encore moins les 4 jours qui suivent. Je commence à m'inquiéter sérieusement. Et s'il lui est arrivé quelque chose ? Et s'il lui a fait du mal ? Je lui envoie des messages tous les jours, elle n'y répond jamais. Au début je vois qu'elle les lit, mais après trois jours, elle ne les ouvre même plus.

Les vus, bien que pas des plus agréables à se prendre, me permettent de savoir qu'elle va encore bien.

Je tente le tout pour le tout. Cela fait une semaine que nous ne nous voyons plus, je commence à sérieusement m'inquiéter. Même le directeur n'a eu aucune nouvelle de sa part. Je lui envoie un dernier message sous peine de finir à la police pour harcèlement.

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