11- confidences nocturnes

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Point de vue de Liam.

Après lui avoir envoyé ce message, j'enfile vite mes chaussures et sors de chez moi. En à peine cinq minutes, je suis devant chez elle. Je toque à la porte. J'attends quelques longues secondes et une petite tête brune fait son apparition dans l'entrebâillement de la porte.

Quand elle comprend que c'est moi, ses yeux s'agrandissent comme des billes. Elle s'avance rapidement et ferme la porte avec précaution. Elle me crie tout en chuchotant en même temps : « Tu es complètement malade de venir ici ! Tu as de la chance qu'il dorme sinon je ne sais pas ce qu'il aurait pu te faire. »

— Il fallait vraiment que je te parle, tu ne me réponds plus et tu ne viens plus en cours depuis une semaine, ça devenait inquiétant, lui dis-je les mains dans les poches d'un air innocent.

Elle pousse un soupir avant de repartir à l'intérieur. Bon, ce n'est pas très concluant... Je m'apprête à repartir quand la porte se rouvre dans mon dos. Elle est revenue.

— Je lui ai juste écrit un mot disant que j'étais partie courir.

Je lui demande de me suivre, ce qu'elle fait sans poser de questions. Je l'emmène dans un petit parc qui est dans le quartier, pas loin. C'est un petit endroit mignon et assez paisible malgré la plaine de jeu des enfants de l'autre côté.

Nous nous asseyons sur le rebord de la grande fontaine. Le bruit de l'eau est apaisant et je la vois plus calme. Je la regarde, espérant qu'elle entame la discussion, mais elle laisse son regard planté dans le sol.

— Je pense avoir compris certaines choses, mais j'ai besoin que tu m'en dises plus.

Elle dirige son regard vers le mien et je vois un éclair de peine passer dans son regard. Elle baisse à nouveau les yeux.

— C'était au lycée, il était en terminale et moi j'étais en seconde. On avait tous les deux été invités à la même soirée. Un mec un peu trop bourré me collait et Kyllian est venu m'aider. Le gars n'ayant pas apprécié que je refuse ses avances m'avait poussée dans la piscine. Kyllian m'avait aidée à sortir de l'eau, il m'avait amenée à la salle de bain et m'avait donné son pull pour que je n'aie pas froid. On était ensuite restés là à discuter, je n'avais pas vu le temps passer, mais on était restés près de deux heures à discuter. Il m'avait ensuite raccompagnée chez moi, on a échangé nos numéros et nous parlions tous les jours. On se voyait de temps en temps suite à notre premier rendez-vous, et petit à petit je suis tombée amoureuse de lui.

« On avait emménagé ensemble après un an et demi de relation. Ça peut paraître un peu prématuré et surtout à notre âge, mais c'était l'amour fou. Il y a eu bien sûr quelques dérapages, mais il m'avait dit que c'était comme ça dans tous les couples. C'est mon premier copain, alors je l'ai toujours cru là-dessus. Un jour ça va, et le lendemain on s'énerve un peu, mais on continue de s'aimer.

Avant ça, je vivais avec ma mère et mon frère, selon eux, c'était une relation toxique. Ils croyaient qu'il me faisait du mal. Kyllian avait réussi à me faire ouvrir les yeux. Ils ne voulaient juste pas que je sois heureuse avec lui, ils voulaient nous séparer. J'avais eu une grosse dispute avec eux à ce sujet, ils étaient persuadés qu'il me voulait du mal, mais c'était faux. Je suis partie de chez moi après ça, encore aujourd'hui je n'ai plus de contact avec eux. Ils ont bien essayé de m'appeler plusieurs fois, mais Kyllian me disait qu'il valait mieux ne pas répondre. J'avoue qu'ils me manquent un peu par moments, mais je ne peux plus revenir en arrière.

Petit à petit, je me suis séparée de mes amies, je ne leur parlais plus. Tout comme ma famille, ils ne cessaient de me dire que mon couple battait de l'aile et que ça me faisait plus de mal qu'autre chose. Mais je l'aimais. Je l'aimais plus que tout au monde. Alors quand j'ai emménagé chez lui, j'ai complètement coupé les ponts avec mon ancienne vie. Je vivais l'amour parfait, mon premier amour, ma première fois. Tout était beau. Tout se passait magnifiquement bien. Mais il a commencé à s'énerver plus souvent et à beaucoup boire. »

Ses mains tremblent, je vois qu'elle a du mal à m'expliquer. Je prends ses mains dans les miennes et les serre en signe de réconfort.

— Il ne lâche plus ses bouteilles, il vit juste pour son travail et quand il rentre, il se pose devant la télé avec une bouteille de vodka ou de rhum à la main... Ça me fait de la peine de le voir comme ça, et dès que je commence à parler de mes inquiétudes, il s'énerve sur moi... Il crie tout le temps, il me dit à quel point je suis inutile. Que j'aurais mieux fait de ne jamais être née. Que je ne suis qu'une erreur dans cette société. D'abord il m'insulte, puis il commence à être violent. Il me frappe. Me blesse. Parfois c'est physique et psychologique en même temps. J'ai été hospitalisée un bon nombre de fois.

« Mais malgré tout, je n'arrive pas à l'abandonner. Je n'arrive pas à partir. Je l'aime tant, oh si tu savais. »

Une larme dévale sa joue, puis une autre, et puis ce sont des avalanches de perles salées. Je la prends dans mes bras, et elle se lâche complètement. Je dois avouer que moi-même je tremble. J'ai si peur pour elle, et tout ce qu'elle vient de me dire m'a profondément choqué.

— Je vais t'aider Lyly, je ne te laisserai pas vivre ça une seconde de plus. Tu vas t'en sortir, tu m'entends ? On va s'en sortir ensemble. Je sais que tu ne veux pas en parler, mais il est dangereux pour toi. Il t'a déjà tout pris, je ne le laisserai pas t'arracher à la vie.

J'ai une phrase que j'ai lue un jour et qui m'est restée en tête jusqu'à aujourd'hui, c'est : « Je ne subis pas ma vie, je suis maître de mon destin. ». Tu es maître de décider de te laisser mourir ou de prendre les choses en main et survivre. Je tiens énormément à toi, tu sais. Je veux te voir sourire à longueur de journée, je veux que tu sois heureuse, lui dis-je en glissant un bisou sur le haut de son crâne. Elle resserre son étreinte autour de moi.

— Je veux vivre, glisse-t-elle dans un murmure.

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