16 - inattendu

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Point de vue de Lyliana

Devrais-je faire comme si de rien n'est ou devrais-je avouer immédiatement ? Il n'est pas bête, il sait très bien ce que j'ai fait. Cela ne servira donc à rien de réfuter ce mensonge.

Mais si je lui avoue la vérité, qu'arrivera-t-il encore ? Cette faute est impardonnable, à la limite de la tromperie. Si ce n'est pas moi qui encours un danger, alors ce sera Liam et il en est hors de question.

— Je suis désolée, je ne voulais pas ! dis-je d'une voix enrouée. Il lève la main comme pour me stopper dans mon élan.

Si je ne peux même plus tenter de me défendre, alors c'est peine perdue...

— J'imagine que tu veux savoir comment je l'ai su ? À vrai dire, ça a été beaucoup plus simple que ce que je pensais. Tu devais aller dormir chez les deux pétasses qui te servent d'amies, c'est ça ? J'ai réussi à trouver leurs numéros dans ton téléphone pendant que tu te préparais. J'en ai enregistré un, celui de Julie ou un truc comme ça...

— June. Le coupai-je brusquement, voyant son regard changer je me mis aussitôt à regretter cette intervention.

— Je m'en fous, écoute la suite, ça va devenir intéressant.

Il a presque l'air de s'amuser à me dévoiler son plan...

— Donc je disais, j'ai pris son numéro et je vous ai laissé du temps toutes les trois. J'avais été apparemment trop con de t'avoir fait confiance mais passons. J'ai appelé Julie vers 23h30. Quelle surprise j'ai eue quand elle m'a répondu avec de la musique derrière elle, j'ai vite compris qu'elle était dans un bar. Je lui ai demandé si elle était avec toi, peut-être que tu m'aurais désobéi et changé tes plans pour aller boire dehors avec elles. Mais non, ta faute était bien pire que ce que j'imaginais. Elle m'a simplement répondu que tu étais partie avec ton copain du lycée, plus conne tu meurs. Même pas elle aurait essayé de te protéger, tu ne leur a donc rien dit de ton plan, ma puce ?

Ses doigts se resserrent sur le canapé, il semble contenir sa colère avec difficulté.

« Donc non seulement tu étais à une soirée alors que je t'interdis d'aller à ce genre de conneries, et en plus tu es partie le soir chez ce connard ? Tu te fiches de moi là je crois. Et tu crois t'en sortir comme ça ? Tu es plus bête que ce que je pensais. Quelle déception, tu ne me mérites même pas.

Il déclare tout son discours d'un calme hallucinant... Je ne l'aurais pas reconnu. À chaque injure, mon cur se resserre un peu plus.

Il se lève ensuite, je recule jusqu'à me cogner contre l'encadrement de la porte. Il avance d'un pas sûr et rapide, bien que tanguant quelque peu. Mon souffle se coupe, comme pour ralentir le temps avant l'impact.

J'ai les yeux fermés d'une force telle que mes yeux pourraient s'enfoncer un peu plus loin dans leurs orbites. Mais rien ne vient, j'ouvre un il pour vérifier où il est mais je ne le vois plus face à moi. J'entends la porte claquer, il vient de partir. Il ne compte donc rien me faire ?

L'après-midi passe et toujours aucune trace de lui, pas un message, pas un bruit dans la maison non plus. L'ambiance est lourde quand il n'est pas là. Un calme plane sur la maison. J'ai peur que sur l'énervement, il fasse une bêtise et qu'il lui arrive quelque chose.

Je m'empresse alors de prendre mon téléphone et j'appelle son numéro. Plusieurs sonneries retentissent avant que son répondeur ne se fasse entendre. Je réitère cette action plusieurs fois avant de sentir mes larmes monter.

Où est-il ? Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ? Pourquoi ne décroche-t-il pas ? J'ai si peur pour lui que tout mon corps tremble. Je l'ai blessé profondément et il est parti à cause de moi. Et s'il ne revient pas ? Que deviendrai-je sans lui à mes côtés ? J'ai besoin de lui pour poursuivre cette vie misérable. S'il n'est pas à mes côtés je ne suis rien. J'ai besoin de lui plus que jamais. Et moi, qu'ai-je fait ? Je viens de ruiner notre couple.

Les aiguilles de l'horloge entament un nouveau tour et toujours aucune nouvelle de Kyllian. J'ai peur qu'il ne rentre jamais, je ne peux m'empêcher de penser à lui, repenser à tous ces moments que nous avons vécus. Penser à notre si belle rencontre et à tout l'amour que j'ai pour lui. Des larmes dévalent mes joues en un torrent. Je ne veux pas le perdre. Je ne peux pas le perdre.

Plus les heures défilent et plus je suis convaincue qu'il m'a abandonnée. Il n'a pas le droit de me laisser dans une situation pareille ! Mon cerveau subit un torrent de questions et de doutes permanents. Mon cur semble se déchirer à chaque pensée. Comment pourrais-je vivre sans lui ?

Pour me changer les idées, je me mets à nettoyer et ranger la maison de fond en comble. Même la pièce à débarras qu'on n'a jamais rangée depuis notre emménagement est en ordre jusqu'à la moindre poussière. Je prends quatre bonnes heures en tout pour faire cela. Mais une fois fini il n'est encore que 18 heures. Cela fait sept heures qu'il est parti, me laissant sans aucune nouvelle. Je tente à nouveau ma chance et l'appelle.

Mais encore une fois, la seule réponse que je reçois est celle de son répondeur. Mon cur s'emballe à nouveau à l'entente de sa voix. Lui est-il arrivé quelque chose ou est-il réellement parti ? Ces questions ne me quittent pas de la journée. Qu'est-ce que j'ai pu être bête de faire ça.

S'il avait fait la même chose, j'aurais été au plus mal, et je me permets moi, de faire une chose pareille. Je me déteste et je le comprendrais si lui aussi me déteste. Comment aimer et donner sa confiance à quelqu'un qui nous a trompé ? Impossible.

J'entame ensuite une recette de cookies. Peut-être que cela me redonnera le moral de manger un petit peu... Je viens de finir la pâte de mes cookies, fraîchement prête à mettre au four. Puis je m'arrête un moment, le regard fixe sur ce plat rempli de cette délicieuse recette. Je bloque dessus.

Dans un élan de colère, je prends le plat et le lance à travers la pièce. La rage prend le dessus sur la tristesse qui me pesait avant. Je me mets à balancer tout ce qui se trouve à ma portée. Je raclais chaque espace libre de mes bras, balayant tout sur mon passage. Des fracas se font entendre de tous les côtés. Tous les meubles sont vierges d'une quelconque décoration. La cuisine ne présente plus un seul ustensile sur le plan de travail. Désormais, le sol est rempli de débris.

En me rendant compte de tout le bazar que je viens de faire, je m'effondre au sol. Mes pleurs redoublent d'intensité. Je me sens minable de pleurer aussi souvent.

Je crie de douleur, non pas physique mais bel et bien psychique. Mon cur souffre. Je viens de faire la pire erreur de ma vie. Je viens de me séparer de ma moitié, de l'amour de ma vie.

Je n'ai jamais pleuré autant, mes larmes sont chaudes de désespoir et mes cris viennent rompre le silence pesant qui régnait jusqu'ici. J'ai tellement pleuré que ma tête est prête à exploser.

Puis sans crier gare, le visage abattu de Kyllian dépasse de l'encadrement de la porte.

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