Vendredi 23 octobre
Je n'y arrive pas avec ce défi. Et je ne sais pas ce qui me retient d'envoyer à Galaad une fausse description de mon succès. Je suis trop droit dans mes bottes. Pourquoi ? Je me le demande ! En fait, je dois bien avouer que quand il m'a dit qu'il me faisait confiance, je me suis senti un peu... responsabilisé ? Terrifié ? Horrifié ? Abominablement angoissé ! Je ne suis pas habitué à être vu comme quelqu'un de fiable. Je veux dire, je fais ce qu'il faut dans mon travail et je suis là pour Lise et Hanna mais à part ça, je ne me vois pas vraiment comme un parangon de loyauté. Et c'est une sacrée pression. Et un malentendu abominable. J'ai l'impression que Galaad va se réveiller un matin et réaliser que je ne vaux pas le coup et juste tout couper. Mais bon, la distance a son charme aussi, son charme sécuritaire. Rester loin est à la fois rassurant et angoissant. Rassurant parce que je peux mentir, angoissant parce que je ne le fais pas et que j'ai peur que ce ne soit pas réciproque.
Le premier soir qui a suivi notre discussion je suis passé chez Lise pour parler et me débarrasser du défi mais j'ai été bien incapable de trouver la moindre chose positive sur la semaine passée. Certes, j'avais envoyé ma proposition de communication, mais sans réponse positive, ça ne comptait pas vraiment. Je suppose que les dernières parties de LOL que j'avais menées n'étaient pas mauvaises mais ça n'allait pas non plus très loin et mes collègues ne s'étaient pas plaintes de moi ce qui relève simplement de la décence la plus élémentaire.
Ce n'était pas grand chose. Ce n'était pas assez, alors je n'ai pas réussi à parler à Lise. Je ne lui ai même pas expliqué pour la proposition de communication. D'ailleurs, je l'ai envoyée sur un coup de tête et je n'ai pas reparlé à monsieur Duranne parce que le recontacter dans ce contexte revient à lui donner de l'espoir et rendre mon futur échec plus tangible. Et puis, ça signifierait plus ou moins que je devrais lui faire mon coming-out et je n'en ai pas du tout envie envie. Jusque là, on continuait à échanger au féminin et ça se passait bien.
Il m'a renvoyé un message pour me dire que son ami comité de sélection du colloque avait vu ma communication passer et s'était montré encourageant. J'aurai ma réponse d'ici la fin de la semaine et ensuite il faudrait que mon papier soit prêt pour la semaine suivante. Ce sera serré. Qu'on me dise oui ou non, la perspective est horrible. Soit, je dois improviser un papier dans des délais surréalistes et me ridiculiser, soit j'essuie un refus déprimant.
Est-ce que Duranne a déjà remarqué ma transition ? Est-ce que son ami l'a remarqué et lui a parlé de ça ? Je ne pense pas, j'ai rédigé le mail en évitant soigneusement de trop me décliner et j'ai signé avec mes initiales. Comme si je pouvais poursuivre cette mascarade longtemps. Je me sens idiot.
Monsieur Duranne... s'il-vous-plaît, faites le travail à ma place. J'en ai assez de faire des coming-outs ! De me justifier ? Pourquoi croyez-vous que je ne vois plus ma famille ?
J'aurai dû faire mon coming-out auprès de lui alors que j'étais encore un jeune homme pré-transition, peut-être que dans cette situation, ça aurait pu se faire en douceur. Là, imaginons qu'il soit au colloque, je serai là : BIM bonjour, je suis un homme maintenant ! Quoi qu'on fasse, une transition est soit spectaculaire soit pas respectée. Et je voulais qu'on me respecte... c'est pour ça que j'ai pris mon temps. Mais maintenant que mon genre masculin ne fait plus aucun doute, je n'ai pas envie d'être une bête de foire. Et je ne peux plus lui cacher que je suis un homme parce que depuis la dernière fois que Duranne m'a vu deux ans de testostérone (que je supporte très bien puisque j'ai à présent la voix d'un crooner américain et un début de calvitie... mais pas la moindre barbe en vue, bon) ont complètement changé la façon dont la société me perçoit. Enfin, il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
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Galaad et Mordred, coachs en relation
RomanceSur OkLimpid, on ne se cache rien. C'est ainsi que Mordred, maître de l'autodépréciation qui fume ses clopes avec filtre mais vit sans, et Galaad, amoureux transi qui n'ose jamais rien dire, se retrouvent à se confier l'un à l'autre. Et s'il se coac...