Mordred et le roi des glands

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Samedi 7 novembre

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Samedi 7 novembre

Ma dernière conversation avec Galaad, que j'ai maladroitement interrompue car elle commençait à me terrifier, me laisse plein de questions... et beaucoup de doutes. Alors, évidemment, comme l'adolescente obsédée par la romance que je n'ai jamais admis que j'étais, je convoque Hanna et Lise autour d'un café pour analyser tous nos messages. Il est encore un peu tôt mais Hanna travaille l'après-midi et si Lise est du genre à traîner au lit le matin et à programmer toute la nuit, elle s'est déplacée pour cette "urgence". Un code Sirène comme on les appelle. Je ne l'avais jamais utilisé à part une fois au lycée quand cette connasse de Laura m'avait outée en plus de me rejeter avec le même genre de retroussage de lèvres dégoûté qu'une méchante fille de film américain.

Dans ma cuisine/salleàmanger/salon/bibliothèque, le jour grisâtre se lève. J'ai ouvert la fenêtre pour fumer nerveusement et c'est déjà ma troisième. L'air pique le nez. J'ai l'impression d'avoir une gueule de bois et un examen à passer dans quelques heures.

– Je veux bien concéder qu'il y a un truc, conclut Lise après trois lectures transversales.

– Ca, c'est parce que t'es une lesbienne qui a pas les yeux en face des trous, lui balance Hanna, c'est évident qu'il y a un truc !

– Évident comment ? je demande, le menton enfoui dans une main instigatrice avec le même genre de regards plissés que Sherlock Holmes quand il est sur une piste.

– Évident comme : mon cher, il semble que vous soyiez pris dans un triangle amoureux.

– Un carré plutôt, je rétorque, il y a aussi Prisha... et le mec de Prisha, le hareng là... un pentagramme amoureux ! Et ça se trouve, Sara a aussi des affaires de son côté. C'est pour ça que le polyamour me semble inaccessible, c'est épuisant d'avoir autant de personnes dans la tête !

– Ce n'est pas le polyamour qui te pose problème mon petit Mordred, c'est la sociabilisation. Pourtant, nous autres êtres humains sommes réputés pour notre instinct grégaire, lance Lise.

– Avoir besoin des autres pour survivre ne signifie pas qu'on a envie de penser aux autres à chaque seconde de sa vie, je rétorque.

– C'est ce que tu ressens pour tous les membres de ton pentagramme romantique ou tu peux hiérarchiser ? demande Hanna, je doute que ton investissement émotionnel soit aussi intense pour "le hareng" que pour, disons, Galaad.

– Je suis investi émotionnellement à travers Galaad pour le hareng, j'explique.

Lise et Hanna échangent un regard entendu.

– Et Sara ? demande Lise.

J'ai presque envie de répondre "quoi Sara ?" puis, je me rappelle qu'on a passé une bonne partie de nos derniers rendez-vous à s'embrasser.

– Je ne la connais pas depuis longtemps, je dis, hésitant.

– Mais tu as eu des conversations émotionnellement chargées avec elle et vous vous êtes pécho à de multiples reprises, dit Hanna.

Galaad et Mordred, coachs en relationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant