Sur OkLimpid, on ne se cache rien. C'est ainsi que Mordred, maître de l'autodépréciation qui fume ses clopes avec filtre mais vit sans, et Galaad, amoureux transi qui n'ose jamais rien dire, se retrouvent à se confier l'un à l'autre. Et s'il se coac...
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TW Transphobie
Samedi 31 octobre
Je suis beaucoup plus apaisé le deuxième jour du colloque... mais néanmoins un peu nerveux. J'ai pris mes marques la veille, on saura qui je suis. Je serai à ma place. J'ai encore l'impression d'être terriblement déplacé mais Duranne est plutôt gentil et m'a présenté à quelques chercheurs et j'ai pu échanger avec eux sur mon sujet.
Ce qui me rend un peu nerveux par contre, c'est d'inviter Sara à un date... enfin un café. Un date, je ne suis pas sûr. Ca dépend. Je ne sais pas si j'en ai tant envie d'aller en rendez-vous avec Sara. Enfin, elle a beaucoup de charme et elle n'a pas eu l'air de me trouver bizarre d'être trans mais je ne suis pas sûr qu'elle ait bien compris cet aspect de moi. Et si on finissait par sortir ensemble et que je devais la prévenir de nouveau un tout petit peu avant de passer à l'acte. Ou que je ne la prévenais pas et qu'elle s'étonnait ? Il faut que j'empêche mon cerveau d'escalader ! Je lui ai juste parlé une fois et oui, ça s'est très bien passé, mais pas de quoi en faire des caisses !
Bon, en tous cas je m'apprête avec un peu plus de soin qu'à l'accoutumée. Je repasse ma chemise avant de l'enfiler et je mets même un de ces blazers gigantesques que j'avais achetés en friperie à l'époque où j'imaginais que la testo allait faire doubler mes épaules de volume (ça n'a pas été le cas). Il y a quand même des épaulettes, ça me donne une petite allure et transforme la tige longiligne que je suis en triangle conquérant. J'attrape un carnet de notes, un stylo, épingle à nouveau mon badge sur ma poitrine et... ruine toute mon allure en m'engonçant dans mon vieux duffle-coat élimé. Il est merveilleusement confortable mais je ressemble à un petit garçon pas fini dedans. Enfin...
J'attrape un véloc' et me parle tout seul le temps d'arriver à la gare :
– Salut Sara, au fait... je me disais qu'après le colloque... vu que nos sujets sont si similaires... on pourrait peut-être se capter pour un café ou quoi... Enfin si ça te dit...
– Salut Sara, c'était un plaisir de te rencontrer mais je me disais que c'était trop court et qu'on pourrait peut-être se revoir ?
– Salut Sara... je suis en région parisienne et je suppose que tu dois au moins faire des allers-retours vu que Duranne te dirige et que donc tu es affiliée à l'université de Paris X et donc peut-être que ce serait possible qu'on se revoit parce que...
J'ai l'air d'un stalker ! Je prends ce défi beaucoup trop au sérieux ! Il faut que je me calme. Je laisse mon véloc' et sors mon portable en arrivant au tourniquet de la gare. En attendant le train, je vérifie mes messages. Pas de nouvelles de Galaad depuis hier. Elle n'est pas très loquace ces derniers jours. Je me demande si j'ai fait quelque chose de travers. Mais on s'est expliqué et je me suis excusé quand j'ai réagi un peu vivement. Enfin, il n'avait pas l'air de mal le prendre. Il me le dirait s'il y avait un problème, non ?
