Mordred et les feuilletés aux épinards

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Jeudi 1 octobre

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Jeudi 1 octobre

Si je suis bien certain d'une chose, c'est que je n'ai réellement besoin de personne de plus dans ma vie. Tout est compartimenté et, en toute honnêteté, je me sens rarement seul. Souvent pathétique et pas au niveau et frustré par la vie des autres quand je me compare, mais très rarement sincèrement en manque de compagnie. Quand j'y réfléchis, c'est plus le prestige social de la compagnie qui lui manque. Ça fait trois ans que rien ne change pour moi, que je ne rencontre personne de nouveau et je m'en contente très bien. Les études ont rempli ma vie de façon tout à fait satisfaisante.

J'ai mes collègues, Lise et Hanna, mes anciens camarades d'université, les québécois sympathiques avec qui je joue à LoL ou à Donjons et Dragons certains week-ends et ce professeur de licence, M. Duranne, qui voulait absolument me diriger dans une thèse et qui me souhaite toujours mon anniversaire.

Et... non, pas ma famille ! Eux, je les évite. il ne vaut mieux pas en parler. Disons que depuis que je ne me coltine plus Noël, que je ne m'y confronte même plus annuellement par tradition pour les éviter soigneusement ensuite, je vis bien mieux. Ils représentent pour moi une maladie chronique extrêmement désagréable qui additionnerait la gastro, la grippe, l'asthme et une gigantesque extinction de voix. Mais je suis vacciné à vie. Du moins je l'espère. Adios.

Bref, tout est bien rangé et à sa place dans ma vie. Alors je ne me serais pas attendu à ce que Galaad y prenne si vite une place confortable. Enfin, confortable, disons coutumière. Disons qu'il ne me gêne pas, ce qui est déjà beaucoup. Allez, disons-le, ce qui est carrément miraculeux ! Je n'aime ni la nouveauté ni les interactions forcées. Même avec Hoa, ma collègue préférée, les silences gênés arrivent et à chaque fois que j'en traverse un, j'ai la sensation de finir un marathon. Alors qu'avec Galaad, ça roule toujours. Quand on s'arrête de se parler, je ne vire pas parano. Quand on y pense, on s'envoie des messages et on peut s'arrêter quand on veut. C'est vraiment bien comme ça. Il n'y a aucune ambiguïté malvenue, juste la certitude franche et apaisante qu'on veut se parler quand on peut. C'est très agréable.

Et puis, ce n'est pas si mal par écrit. Je pensais que je n'aimais pas ça parce qu'étrangement, Lise et moi, on se dispute dès qu'on s'envoie des messages alors qu'on ne fait que se taquiner à l'oral mais avec Galaad, ça passe.

– Et tu penses vraiment que c'est juste un ami ? Parce que tu as passé une demi-heure à parler d'elle !

Lise me regarde, son torchon sur l'épaule. Je suis passé la voir après le travail et je l'ai aidée à préparer des feuilletés aux épinards pour Hanna. Et malgré ma générosité, la voilà qui me met en boîte !

– Ça fait à peine une semaine que je lui parle, je n'ai pas tant de nouveautés que ça dans ma vie et tu te plains toujours que je ne parle que de bouquins ! Et puis, tu devrais t'estimer heureuse que j'ai suivi tes conseils et suis vraiment allé sur ce stupide site !

Galaad et Mordred, coachs en relationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant