Chapitre 2

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PDV Karma

Deux semaines après l'arrivée de Lee, Koro nous rendit nos copies des examens blancs. Il rendit ses copies à Lee avec un air soucieux, qui m'intrigua. Après quelques secondes, je haussai les épaules. A quoi bon chercher à comprendre, cette fille n'avait jamais ouvert la bouche depuis qu'elle était arrivée, pas même pour répondre aux professeurs, ce qui énervait Madame Pouffe.

Chaque jour, Lee arrivait avec un tenue et une coiffure différentes, plus ou moins décalées. Du peu que j'en savais, les gens qui affichaient un style vestimentaire décalé étaient généralement des artistes dans l'âme. Peut-être qu'elle en était une, qui sait ?

La cloche sonna, déclarant la récréation. Lee et moi fûmes les derniers à sortir, comme toujours. Sauf que, cette fois-ci, Koro l'interpella pour lui parler en tête à tête. N'y prêtant pas vraiment attention, je rejoignis Nagisa, Rio et Kayano. Cette dernière parlait de son sujet préféré depuis deux semaines : les tenues de Lee.

"J'ai jamais vu des vêtements pareils ! Je suis trop jalouse, je veux les mêmes !", bouda faussement la verte. "Ils sont vraiment introuvables !

- A mon avis, tu ne sais juste pas chercher Kaede, répondit avec douceur Nagisa.

- Non, je te jure que j'ai cherché partout ! Elle a dû les customiser elle-même, c'est la seule solution.

- Pourquoi tu ne lui poses pas la question ? demanda le bleu.

- Nagi, même à toi elle parle pas.", soulignai-je en buvant une briquette de lait à la fraise. "A croise qu'elle est muette.

- C'est bête qu'elle ne nous parle pas, elle a l'air sympa... soupira Rio.

- Elle est peut-être juste très timide, supposa Nagisa.

- Au point de ne même pas ouvrir la bouche pour répondre aux professeurs ?", rétorquai-je. "Mais en fait, pourquoi vous parlez que d'elle depuis deux semaines ? Je veux dire, si elle veut pas s'intégrer, c'est son problème. 

- Tu n'es pas curieux de savoir pourquoi elle ne parle pas ? s'étonna la blonde.

- Ca me regarde pas.", répondis-je en haussant les épaules.

PDV Siyeon

Pfff... si Halmeoni voyait ces copies... je crois que je vais les brûler en rentrant. J'ai les pires notes de toute l'école, même Terasaka a des meilleures notes que moi. J'ai la moyenne nul part et plusieurs, voire presque, que des zéros. Ah non, j'ai aucun zéro parce que j'ai marqué mon nom, mon prénom et ma classe sur la copie, du coup que j'ai que des un sur cent quasiment.

"Lee, je ne vais pas te le cacher, je m'inquiète vraiment pour ton avenir. A ton niveau, de telles notes ne devraient pas exister. Il est important que tu te mettes sérieusement au travail si tu veux réussir dans la vie."

Je n'ai pas besoin de travailler à l'école pour ça, je vis déjà en exerçant le travail que je veux. De ce fait, ma grand-mère ne faisait que payer que mes études et subvenir à mes besoins, le reste je l'achetais avec l'argent gagné après le passage des impôts. 

"Lee, as-tu la moindre idée de ce que tu veux faire plus tard ?", me demanda Koro.

Je croisai les bras sur ma poitrine. Qu'il me prenne pour une quiche ! Il était tellement intelligent qu'il devait sûrement avoir deviné mon projet professionnel.

"Lee, réponds-moi s'il te plaît. Je ne te force pas à t'intégrer dans la classe, mais la moindre des politesse est de répondre aux professeurs quand ils te parlent."

Je soupirai. Il avait raison, mais c'était plus fort que moi. Comme si, moins je parlais et moins j'aurai d'ennuis. En même temps, je mentais comme je respirais, c'était plus fort que moi. Je mentais à tout le monde : à ma grand-mère, à mes anciens camarades de classes... même à Andréa, ma meilleure amie, et Dana, une petite de huit ans qui vivait dans mon quartier et qui était comme une petite soeur pour moi. J'avais besoin de m'inventer une vie, les filles banales comme moi n'intéressaient pas. Plus jeune, à chaque fois que les autres filles parlaient de leurs parents, je ne pouvais m'empêcher de mentir à propos des miens. Après tout, j'avais été adoptée par ceux qui sont devenus mes grands-parents donc je ne connaissais rien de mes parents. Tout était possible quant à qui ils étaient, n'est-ce-pas ? Ils pouvait très bien être danseurs à l'opéra de Paris, mannequins pour de grandes maisons de couture, PDG d'une firme multinationale... à force d'inventer leur identité, les autres élèves et les profs avaient fini par comprendre que je mentais et me rejetaient comme une poupée de chiffon. Depuis, quelle que soit l'école où j'allais, c'était la même chose. Les gens finissaient par comprendre que je mentais et me rejetaient, me mettaient à l'écart. Les profs ne croyaient plus à mes excuses sur mes retards et mes devoirs maison non rendus (qui étaient, pour certains, des raisons véritables. Les autres n'étaient que des mensonges). Mentir, encore et toujours mentir. Tout ça pour quoi ? Pour fuir, fuir une réalité : j'étais adoptée, destinée à n'être appréciée que par ma grand-mère et un robot. Le jour où Andréa comprendra enfin que je lui mentais tout le temps sur ce sujet précis, elle me rejettera elle aussi. Dana était la seule à savoir la vérité et, par miracle, elle n'avait encore rien dit à personne. Elle l'avait découvert toute seule, en me voyant rentrer la mine sombre un soir, il y a deux ans. Elle s'était inquiétée et m'avait demandé avec la plus grande innocence du monde ce qui n'allait pas. Et j'avais craqué, j'avais tout déballé parce que je n'avais pas le courage de mentir encore une fois à cette petite fille.

Ensemble - Toi et moi contre le reste du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant