166 - Le Fils de Saul de Lazlo Nemes (2015)

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Dans le cadre des Milles Films De Ma Vie, je vous propose Le Fils de Saul de Lazlo Nemes (2015) avec Geza Rohrig , Urs Rechn, Levente Molnar, Marcin Czarnik, Tod Charmont et Uwe Lauer.

Octobre 1944, Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d'assister les nazis dans leur plan d'extermination. Il travaille dans l'un des crématoriums quand il découvre le cadavre d'un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il décide d'accomplir l'impossible : sauver le corps de l'enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture.

   Laszlo Nemes est un jeune réalisateur hongrois de 38 ans qui a été l'assistant de son compatriote Bela Tarr sur le film "L'Homme de Londres". Il réalise ici son premier film qui a été présenté et surpris sur sa forme et sur le fond au Festival de Cannes 2015 (Grand Prix Cannes 2015 et Oscar 2016).

Bon, il faut être bien accroché pour suivre le film, comme je le dis le plus haut sur le fond et la forme, en effet le réalisateur prend des points de vue pour montrer sans expliquer la solution finale.

Je ne connaissais pas l'existence de ces Sonderkommando et donc de leurs rôles pendant ce conflit, surtout que ces hommes donc Juifs s'avaient pertinemment ce qui se passaient derrière les portes des douches, et rien que cela est perturbant, et renvoie comme j'en parlais récemment sur la capacité à l'homme à obéir à des ordres aussi nauséabonds qu'il soit, la théorie de Milgramm s'applique ici dans le plus grand effroi.

Je ne suis pas assez cultivé et concerné par le sujet pour donner un avis, mais en tout état de cause c'était une horreur sans nom, et je n'arrive pas à comprendre comme pour toutes les dictatures du monde, que des hommes puissent obéir aveuglément à des ordres de cette nature, la nature humaine est bestiale et sans concession. Pour ceux qui ont encore des doutes sur le degré de l'horreur et de l'obéissance, il ferait bien de regarder ce film.

 on voit ce que voit Saul, on sent ce qu'il sent, et surtout comme le suggère beaucoup de réalisateurs de ne jamais montrer l'horreur, on entend le bruit et la fureur de l'horreur. On est fixé pendant 100 minutes sur le visage de Saul dans le tumulte et sous la caméra de Mathyas Erdely et le considérable travail sonore qui nous donne l'impression de voir l'innommable.

On ne verra rien et c'est tant mieux de cette solution finale extrême, le réalisateur ne donne aucune explication non plus, sachant pourtant que toute sa famille a péri dans les camps, pas d'explication et chacun en fera son chou gras.

Le film est toujours sur le fil du rasoir tétanisant, la caméra est toujours mobile, allant tout le long du corps de Saul comme dans un ballet chorégraphié.

Il est vrai que le réalisateur emploi trop souvent son principe dans le film, mais il reste malgré tout un fort témoignage de ce qui s'est passé, avec également une quête de la religion à travers la mort.

Une scène est fondamentale dans le film : Saul participe à une prise de photos, entreprise qui, si elle avait été découverte, aurait signifié pour ses auteurs une mort immédiate. Une manière pour Laslo Nemes et Clara Boyer de poser "de l'intérieur" la question de l'image, au cœur de la "représentation de la Shoah. Une manière aussi de marquer les limites du cinéma de fiction ? Qu'ils en aient à ce point conscience et qu'ils l'aient gardé à l'esprit, c'est la clef de leur réussite.

On retiendra surtout la performance extraordinaire et captivante de l'acteur qui incarne Saul (Geza Rohrig) qui est de tous les plans et qui amène une dimension irréelle au personnage.

Ce choix n'est pas anodin, et loin de là. Il fut abandonné par sa mère, placé dans un orphelinat, adopté. Adolescent, il joue dans un groupe punk-rock hongrois underground "Hucklberry" qui n'est pas avare de critiques sur le régime politique qui prévaut en Hongrie. Bouleversé par un voyage scolaire en Pologne sur les lieux de l'Holocauste, il écrit deux recueils de poèmes sur la Shoah, "Livre d'incinération" (1995) et "Captivité" (1997).

La fin du film peut paraître un feu singulier avec l'apparition de cet adolescent dans les environs du camp, comme un signe religieux dont je ne comprends pas la cause.

Un film bouleversant a montré dans les écoles mais également dans celle de cinéma, par la maitrise et du sujet et de la forme.

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