148 - Captain Fantastic de Matt Ross (2016)

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Dans le cadre des Mille Films De Ma Vie , je vous propose Captain Fantastic (2016) avec Viggo Mortensen , George MacKay, Annalise Basso, Samantha Isler , Shree Crooks , Nicholas Hamilton , Charlie Stowell et Erin Moriarty

Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie tout entière à faire de ses six jeunes enfants d'extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu'il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l'obliger à questionner ses méthodes d'éducation et remettre en cause tout ce qu'il leur a appris.

Pourquoi ce film : Le Festival de Deauville nous a habitués comme d'autres festival avant lui de nous présenter des petites pépites qui éclairent nos yeux du spectateur badas, qui se laisse transporté par la magie d'une histoire, c'est le cas ici avec ce Captain Fantastic, comme cela avait été le cas de State Garden, Whiplash, Les Bêtes du Sud Sauvage ou Little Miss Sunshine, et qui ont tous le point commun de nous parler de la crise de la société mais dans un ton accessible au spectateur lambda.

C'est le deuxième film de Matt Ross après 28 Hôtel Rooms en 2012, mais c'est à la télévision qu'il a fait plus ses gammes surtout comme acteur dans Silicon Valley, American Horror Story, Big Love ou des films comme Volte/Face, American Psycho ou Company Man.

Dès le début du film, on prend connaissance de la vie et de l'éducation de Ben le père de famille (Viggo Mortensen) qui initie son aîné Bo (George McKay) à un rite sauvage qui consiste à tuer une biche dans les bois (on a trouvé le responsable de la mort de la mère de Bambi snif ...) et de lui manger son cœur devant tous les membres de la famille excités qui n'attendent que leur tour.

C'est vif, sanglant, sauvage, mais très vite on se retrouve dans les habitudes de cette famille qui vit dans une forêt et dans leur bus "Sam" comme des hippies que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, avec les moyens du bord, ou à Noël (pardon à la fête de Noam Chomsky) le père leur offre, arc, couteau de chasse ou de boucher ou au plus jeune un livre sur l'éducation sexuelle, avant de revenir au vrai cadeau qui fera plus plaisir au gamin, un couteau de chasse comme les grands.


Ben a décidé dans son éducation de ne pas parler de religion, de ne jamais leur mentir, d'appeler une chatte "un vagin", de se promener nu sauf pour manger (pour les tâches ?) de collectionner et dépecer des castors des bois et surtout de leur faire lire des lectures de leurs âges, de Lolita de Nabok, de Jean Jacques Rousseau, Victor Hugo ou Karl Marx, une éducation à son rythme avec des contrôles périodique qui troublent quand même ses enfants.

Mais entre deux ludiques, il envoie ses enfants faire des escalades périlleuses même au détriment de la santé et de la sécurité de ses enfants.

Bien sûr Ben n'est pas un père parfait, certains protagonistes de la Manif pour tous, seraient effrayés par sa méthode d'éducation, comme le grand-père dans le film (Ben Gazzara) mais au fil de l'eau qui coule dans les bois, Matt Ross ne nous impose pas un parent parfait et nous dit pas que l'une ou l'autre éducation est meilleure qu'une autre.

C'est surement en revanche une critique acerbe de la société de consommation, ou les votes des électeurs sont souvent dictés et dirigés par les entreprises qui font la pluie et le mauvais temps pour une population qui consomme comme ils vivent.

La scène où les enfants se retrouvent dans une administration et constatent que tous les gens sont gros jeunes ou moins jeunes, les exaspèrent, et ce n'est pas le fait que leur père les empêche de manger dans un fast-food qui les fera changer d'avis. 

Mais cette philosophie utopiste va être mis à mal, par le suicide de leur mère, bouddhiste sur la fin, qui souhaite être incinéré au grand dam de ses parents et être vidé dans des toilettes (scène hilarante et qui résume bien le film et le sentiment de cette famille pas comme les autres). 

Les enfants vont commencer à avoir des envies d'ailleurs comme Bo qui veut allez faire des études en Namibie ou de Rellian (Nicholas Hamilton, une gueule à la River Phoenix pour ce dernier) qui se rebelle mettant en danger le bon équilibre soudé que le père et leur mère avait mis en place. Il y a quelques scènes qui vont rester culte, face à l'autorité morale ou de la police, quand les enfants vont se mouvoir en Enfant de Dieu (alors que la religion est proscrite dans la famille) pour faire céder un officier de police de verbaliser les contrevenants, ou dans la scène très shakespearienne ou Bo qui vient de faire son premier baiser, la demande en mariage et veut lui faire des enfants en enfonçant .... sa langue devant l'incompréhension de la fille et de la mère désabusée, surtout que le lendemain matin il doit reprendre la route, un flash utopiste.

Captain Fantastic est une fable écologiste et humaine et à l'heure ou nos ados ne font que regarder leurs smartphones, cela fait du bien d'un peu de transgression et de bonheur pur. Viggo Mortensen (complètement nu mesdames, sans complexe) est excellent dans cette fable surréaliste mais tellement addictives comme toujours il fait les bons choix dans sa carrière, et je noterais aussi ses 6 enfants que je suis certains de revoir au cinéma, car dans cette petite troupe, il y a de la gueule et du tempérament comme surtout Nicholas Hamilton (Rellian), mais également Annalise Basso (Vespyr), Charlie Shotwell (Nai) ou Shree Cooks (Zaja). Et également l'excellent Georges McKay déjà vu dans Pride.

Bon il est vrai que Matt Ross n'a pas appris les ellipses au cinéma, mais son film reste un bonheur total, qui restera longtemps dans ma mémoire. A noter une très jolie composition musicale.

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