Moi avant tout

Chapitre 16

Je me prépare à sortir. J'ai hâte de voir ce que nous réserve cette journée. Je vais peut-être comprendre ce qu'ils nous arrivent. J'ai dit oui sans hésiter, mais je crois que je n'avais pas le choix. Je suis incapable de lui dire non. Je pars me laver et me doucher. J'enfile un short noir, entre temps, je mets du vernis sur les ongles. Jason entre pour la deuxième fois de la journée dans ma chambre.

- Que me veux-tu encore ?

- Comme si je te dérangeais, dit-il en levant les yeux aux ciels. Agaçante.

- Jason !

Je balance un stylo qui traîne sur mon bureau qu'il évite. Il s'approche de moi, et me chatouille. C'est fou comme tout peut changer, si vite.

- Désolée ! Mon vernis ! Je te promets de ne plus te jeter de stylo.-

- Petite fille agaçante, et menteuse. Tu as fini de te préparer, où on y va l'année prochaine ?

- Non. Dans cinq minutes.

Jason retourne sur le balcon. J'ai fini mon vernis, alors je suis Jason, et il me regarde avec ses yeux bleus-gris. Dans le silence, Jason s'approche de moi et décoiffe mes cheveux. J'ai envie de le tuer. Il veut que je me dépêche pour qu'on puisse partir mais il me décoiffe et me déconcentre.

- Mes cheveux ! Je ne peux pas les recoiffer avec mon vernis, j'ai peur de l'abîmer.

- Tu es plus belle les cheveux détachés.

Je ne réponds rien. Il se penche et me dit :

- Et puis j'aime bien, quand tu ne mets pas de haut.

Je sursaute quand il pose ses mains sur les hauts de ma poitrine. Je le pousse, et il explose de rire quand j'entre dans ma chambre en claquant la porte. Je cri :

- Tu aurais pu me prévenir !

Dix minutes plus tard, je rejoins Jason qui est déjà dans sa voiture avec un haut cette fois-ci. Nous ne sommes pas partis au même moment, pour que Clara ne nous voit pas ensemble. Elle m'interdirait de sortir avec lui, j'en suis sûre. Jason ouvre la portière de l'intérieur, et j'entre avec le sourire aux lèvres.

- Tu as mis ton maillot de bain ? demande-t-il.

- Oui, chef !

- A la place de chef, appelle moi chéri.

- Espèce de dragueur !

Je lui donne une tape sur l'épaule. Je ne l'appellerais pas « chéri », déjà que je ne sais même pas si on est amis. Parce qu'avec nous deux, c'est blanc ou noir. Nous sommes aussi bipolaires l'un que l'autre. Je lui demande où nous allons.

- A la rivière, annonce-t-il comme si c'était normal, mais pour moi ça ne l'est pas.

- L'eau ne va pas être froide ?

- Elle sera gelée même.

- Vous êtes malade les Corses ! dis-je pendant que Jason démarre.

- Arrête de dire n'importe quoi, tu vas adorer. Et puis, ma chère, tu es d'origine corse aussi. Ta mère est corse, elle est juste partie à Paris.

Je lui souris et tire la langue. Ma mère a grandi ici, dans ses grandes montagnes. Pourtant, je ne suis allée en corse qu'une seule fois avant cette année. Ma mère est, comment dire, pas du tout famille. Rien en dehors de son mari et ses enfants ne compte pour elle. Lorsqu'elle est partie, elle a tout laissé derrière ses montagnes. Paris était son rêve avec un mari et des enfants, nous. Finalement, je crois qu'elle n'a pas regretté d'avoir quitté sa famille. Conséquence, je ne connais pas mes grands-parents, mes oncles, ni les montagnes où elle a grandi.