Miswa

Chapitre 10

An 1 Troisième âge, Lond Daer Eneth

Miswa se dirigeait vers la cuisine, les bras chargés d'un plateau débordant de choppes, bols, assiettes et autres couverts. Elle lâcha la tout sur la table, soupirant, avant d'observer cet amas de vaisselles salles. Inspirant, elle se remonta les manches et s'élança dans le nettoyage avant qu'ils n'aient plus assez d'ustensiles pour servir les clients. Elle entendit entre deux les portes battantes claquer les pas de sa collègue qui vient lui apporter un peu plus de travail en soupirant lourdement.

Sophia : « Tu fais comment pour porter autant ?! Je porte la moitié de ce que tu prends et j'en ai les bras qui tremblent ! »

Miswa : « Question d'habitude. »

Sophia : « Erf, moi aussi ! Je fais quand même ce boulot depuis que j'ai 12 ans ! »

Miswa l'observa du coin de l'œil. Voilà 10 années qu'elle croupissait ici ? Elle comprenait pourquoi les Hommes ne vivaient pas si vieux.

Sophia : « Y a Janis qui est revenu... »

Dit-elle plus bas. Miswa se reconcentra sur ce qu'elle faisait. Janis... Ce client, elle commençait à un peu trop le connaitre et entendre parler de lui.

Sophia : « Je ne pense pas que les patrons te laissent lui dire non cette fois. »

Miswa : « Je ne vois pas pourquoi je ferais ça. »

Sophia : « Voyons, ce n'est pas tous les clients et ça rapporte bien. T'es pas mariée, alors tu ne trompes personne. Et puis, y en a qui se débrouille bien. »

Miswa : « Tu aimes ça ? »

Sophia : « Aimait... En vrai je ne sais pas, je pense que oui, enfin, ça ne me rebute pas. Et au moins, pendant ce moment j'oublie. Je suis complètement ailleurs. »

Oublier...

Sophia : « Si ça peut t'aider, bois un peu avant. »

La porte claqua soudainement, faisant sursauter Sophia.

Malina : « Sophia ! Je ne te paye pas à discuter ! Retourne à la salle. »

Sophia : « Oui m'dame ! »

Elle fila rapidement et Miswa prit une profonde inspiration en entendant la femme du patron venir.

Malina : « Janis est là. Il a pris une chambre et il te demande. »

Miswa : « Je ne suis pas payée à discuter non plus. »

Malina : « Ne te fous pas de moi avec ta belle gueule ! Tu vas aller le voir sinon, ne penses pas à revenir demain et encore moins pour demander ton salaire ! Et crois-moi, je ferais en sorte que personne ne t'embauche dans la région, c'est bien clair ? »

Miswa serra les dents.

Malina : « Après ton service, tu vas le trouver. Il a déjà payé. T'es son style apparemment, parce qu'il a payé cher, alors ne le déçoit pas. »

La concernée observa la dame repartir avant qu'elle ne se lance dans le nettoyage des casseroles, au moins, devoir les récurer la détendait. Progressivement, elle entendait l'auberge se calmer et se vider petit à petit. La fin du service approchait. Elle en eut la confirmation lorsque la porte de la cuisine s'ouvrit de nouveau et qu'elle vit là, Malina la fixer avec sévérité. Miswa s'essuya les mains avant de lâcher le torchon et d'aller vers elle.

Malina : « La chambre 4. »

Miswa expira lourdement mais se dirigea vers l'étage. Une fois devant la porte, elle abaissa les yeux, resongeant à cet homme, quelques décennies plus tôt. Elle resongea à ses baisers, à ses mains, à ces échanges si intimes. Est-ce que ça a été agréable ? Oui. Plutôt. Sophia avait raison, dans ces moments-là, il arrivait à lui faire oublier. Tout oublier.