𝒟𝒾𝓂𝒶𝓃𝒸𝒽ℯ 𝓈ℯ𝓅𝓉 𝒶𝓋𝓇𝒾𝓁 𝓂𝒾𝓁𝓁ℯ 𝓃ℯ𝓊𝒻 𝒸ℯ𝓃𝓉 𝒹ℴ𝓊𝓏ℯ
Jungkook
Je suis dans un pub miteux aux poutres apparentes de Southampton avec Jimin, mon meilleur ami, en train de jouer les quelques livres qu'il nous reste. J'aime le jeu. Mais on ne peut pas dire que j'ai beaucoup de chance. Au contraire. Je suis plutôt perdant. A croire que lorsque l'on né sans cuillère d'argent dans la bouche, rien n'est censé nous sourire dans cette putain de vie.
Aujourd'hui, le pub et les rues sont déserts, ce matin en particulier, la messe étant programmée, donc seuls de vieux loups de mer ivrognes, gitans et jeunes prostituées nous tiennent compagnie dans cet horrible endroit où même les rayons du soleil n'osent pas traverser les carreaux sales des minuscules fenêtres au cadre fissuré.
Sans oublier que les habitants doivent préparer leurs bagages pour le grand voyage qui va les mener en Amérique à bord du titanesque paquebot dont on ne fait que radoter depuis l'annonce de sa construction et la date du départ dans les journaux.Je pense que ce soir, s'il n'y a pas de gardien qui rôde, on va aller dormir sur les quais avec Jimin. De ce côté-ci non plus, je ne suis pas très chanceux.
Je suis fils d'artisan mais je n'ai jamais rien su faire de mes mains à part dessiner. Mais le dessin ne mène à rien. Les pierres n'ont jamais pris la belle forme des sculptures sous mes doigts. Mes Vierge ne ressemblent qu'à de vulgaires cochons et mes Vénus n'ont même pas forme humaine.
Je n'aime pas ces outils de tailleur.
Je préfère le graphite, le papier et l'encre.Sortant des pensées, je me mors la lèvre tout en fronçant les sourcils, les yeux rivés sur mon jeu. Si seulement je pouvais réussir à réunir cette saleté de quinte flush...
Jimin m'observe attentivement tout en reportant la cigarette qu'il avait placé derrière son oreille à sa bouche. Ne voyant aucune issue possible mise à part la défaite, je finis par jeter mes cartes de dépit et sort de cette pièce à l'état déplorable pour aller respirer l'air frais de la digue après des heures passées dans cette atmosphère plus qu'étouffante.
Mon meilleur ami me rejoint quelques secondes plus tard et appuie ses bras sur la rambarde, commençant à être attaquée par la rouille, en soupirant.— Ce n'est pas là-dedans que l'on va trouver l'homme de notre vie ou la fortune. Qu'est-ce qu'on fout là hein ?
Il a raison. La fortune m'importe peu.
Moi, je cherche l'amour. Et lui aussi.
Malgré tout, un peu d'argent ne serait pas de refus. Car tous les hommes qui pourraient nous intéresser s'ils n'étaient pas bien trop prétentieux, sont riches. Ce n'est évidemment pas après leur argent que nous en avons, bien entendu. Si nous en voulons, il nous suffit de faire les entrées des restaurants et pubs le soir pour délaisser les poches des manteaux des portes-feuilles qu'elles contiennent. Non, pour ce qu'il s'agit des hommes, nous commençons à fleureter gentiment puis l'autre dégaine un éventail de billets de banque, pensant qu'il leur suffit d'agiter leur étiquette sociale pour nous avoir. Autrement dit, nous leur sommes semblables à des marchandises. Nous nous en tirons généralement sans dommage mais lorsque ces messieurs deviennent trop insistants, les brûlures de cigarettes sont très efficaces.— Tu crois qu'on va les trouver un jour ? je demande, contemplant l'horizon doré.
— Pas en restant ici en tout cas. Il faut qu'on parte ! Regarde ! On prend le Titanic et on se casse à l'autre bout du monde ! Ha !
— Jimin... il n'y a que des bourges là-dessus.
— Justement ! Ce sont eux qui ont les plus beaux culs !
Nous rions à sa bêtise. C'est vrai qu'ils ont de beaux culs.
Moi aussi, je voudrais partir. Mais on n'a pas d'argent.Mon meilleur ami est si insouciant. Il est devant moi, dans son pantalon à bretelles et sa chemise couleur crème, admirant le coucher de soleil, les bras fendants l'air, ses cheveux blonds dérangés par le vent, rêvant sans doute à l'homme de sa vie.
J'avais tenté de le dessiner une fois.
Jimin me l'avait décrit de la tête aux pieds et n'avait pas oublié de le gratifier d'un surnom.
Ce fût Min. Parce que Jimin.Une chevelure brune s'accordant à merveille avec ses joues rondes, des lèvres minces, dessinées au pinceau, un nez de grandeur juste par rapport au reste de son visage sans oublier ses yeux bien sûr, ses yeux bruns traduisant un regard hautain mais aussi interrogatif. Une petite et fine taille. Je l'avais gratifié d'un sourire des plus mignons qu'il soit.
Quant à moi... il a les cheveux blonds, bouclés, encore plus clairs que ceux de mon ami. Et des yeux d'une couleur que je ne saurai décrire. Un regard arrogant tranchant avec son adorable sourire. C'est Kim. Car lorsque j'étais petit, je vivais en Corée et notre unique plat était le Kimchi. Je sais que ça a l'air nul mais c'était avant qu'on soit obligé de fuir...
Le soleil se couche doucement puis nous mettons nos sacoches rapiécées sur nos épaules et partons à la quête d'un endroit où dormir. Nous n'avons même pas essayé de récupérer nos livres certainement disparues dans la paie d'une chope de bière.
Il fait froid et le vent souffle terriblement fort. Les voiliers s'agitent sur l'eau dont la houle fait se soulever successivement la proue et la poupe du petit bateau. J'aimerais pas être là-dessus. La symphonie de la gerbe, très peu pour moi.Nous nous asseyons aux pieds d'un escalier en brique face à la Manche.
Jimin ne peut pas s'endormir s'il ne voit pas la mer. C'est un fils de marin.
Il a toujours aimé l'eau, ses reflets, sa faune, sa flore et les activités pratiquées à sa surface, rêvant de traverser un jour l'Atlantique.
Il est heureux face à elle.Moi je suis désemparé. J'ai déjà vingt ans. Kim où es-tu ?
Je te cherche depuis si longtemps...
Quand donc te manifesteras-tu ?
Combien de temps devrais-je t'attendre ?
Seulement vais-je te rencontrer un jour ?
Je ne te connais pas pourtant tu me manques déjà tellement...
J'ai toujours rêvé de te dire : "je t'aime".Une larme roule malgré moi sur ma joue et mon meilleur la remarque.
De son petit pouce, il l'essuie et embrasse ma pommette.
On s'est toujours promis de veiller l'un sur l'autre, comme des frères, faisant de notre mieux pour nous rendre mutuellement heureux. Malheureusement ces temps-ci, nous n'y arrivons plus vraiment.
Plus les couchers de soleil se succèdent, plus nos chances de les rencontrer un jour, diminuent malgré nos efforts constants.— Hé mon Kookie, ne pleure pas d'accord... tu verras, tu le verras très bientôt, j'en suis plus que certain.
Et moi, je serais à tes côtés pour te soutenir. Tu te souviens ? Entre nous, c'est à la vie, à la mort.— Je t'aime mon Chim...
— Je t'aime mon Kook.
Il dépose ses lippes pulpeuses sur mon front en guise de réconfort. Il a toujours été là. J'espère que lorsqu'il aura trouvé son Min, nous resterons tout de même ensemble. Je ne peux plus me passer de son visage angélique et de ses bêtises permanentes. Il est avec moi depuis si longtemps qu'il est un frère à mes yeux.
Lorsque le soleil disparait derrière la limite entre la mer houleuse et le ciel doré, nous sortons notre couverture et nos chandails pour nous tenir chaud en ce mois d'avril particulièrement frisquet. Les températures avoisinent les -3 degrés nous a confié le patron du pub dont le fils fait de grandes études, nous n'allons pas tarder à être frigorifiés. D'ailleurs ce patron parle toujours de son fils. Son fils étudie à Oxford alors. Son fils veut être un grand médecin. Il sait que son fils défèque comme tout le monde ? Je m'esclaffe puis râle.
Pourquoi fait-il si froid un soir de printemps ?
Nous nous allongeons, côte à côte.
Je prends la main de Jimin, il me caresse la joue et comme chaque fois avant de nous endormir, depuis plus de quinze ans, nous pensons à Min et Kim. Nos anges, perdus quelque part dans l'immensité du monde.Cette nuit-là, j'ai rêvé de lui mais ses cheveux au lieu de flotter au gré de l'air étaient comme emprisonnés et peignés sur son crâne.
N'importe quelle personne serait ébouriffée ce qui est normal.
Sauf si c'est un bourge...
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𝑻𝒊𝒕𝒂𝒏𝒊𝒄
FanfictionTaehyung, fils de riche bourgeois, né avec une cuillère en or dans la bouche, aime dépenser sans compter, les plaisirs humains. Il adore les voitures et l'art. Il exècre l'amour depuis longtemps. Jungkook, fils d'artisan, né entouré de statues sans...