🚢🖤Chapitre 8🖤🚢

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ℳℯ𝓇𝒸𝓇ℯ𝒹𝒾 𝒹𝒾𝓍 𝒶𝓋𝓇𝒾𝓁 𝓂𝒾𝓁𝓁ℯ 𝓃ℯ𝓊𝒻 𝒸ℯ𝓃𝓉 𝒹ℴ𝓊𝓏ℯ

Jimin

C'était incroyable !
Ça l'est toujours !
Nous avons quitté la ville qui a abrité une partie de nos vies. Nous ne la reverrons jamais. Et j'en suis éperdument heureux. La joie se lit sur mon visage et les bateaux qui nous accompagnaient au départ exécutent un demi-tour pour revenir au port. Les neufs ponts sont toujours remplis de personnes qui pleurent, de bonheur ou de tristesse, je ne saurais le dire.

Face à la proue de ce paquebot gigantesque, deux bancs de fer sont installés. D'un simple regard commun, nous nous entendons.
Pas de cabine, cela fait des années que nous dormons dehors, sous les étoiles, nous n'allons certainement effacer cette habitude. Ce n'est pas un gardien qui pourra changer ça.

Je ne peux pas croire que nos vies vont enfin changer après tous ces faux espoirs et toutes ces attentes.

Nous avons déjà tenté de partir mais puisque nous ne trouvions pas mieux ailleurs, nous revenions toujours.
Je n'avais jamais osé espérer, être libéré de cette manière.

J'utilise des termes liés à l'emprisonnement car je considère le fait de ne pas pouvoir se permettre d'avoir un logement, une réelle identité, semblable presque en tout point à cette privation de liberté.

Toute ma vie, ce manque m'a frustré au plus haut point.
Mon père tant admiré a renoncé à ce qu'il aimait réellement pour devenir ce qu'il haïssait du plus profond de son cœur.
Il a été privé de sa liberté de pensée et d'être.

De jeune homme en pantalon à bretelles abîmé, en chemise salie par ses nombreuses excursions en mer et à la casquette Gavroche occidentale, rieur, beau-parleur, il est devenu cet homme aigri au costume trois-pièces impeccable, taillé sur mesure.
Froid et calculateur. Qui m'a renié.

Je ne veux jamais avoir à renoncer à ma personnalité pour l'homme que j'aime. Il m'acceptera tel que je suis sinon nous n'aurons rien à voir ensemble.

Au loin, sur les quais, des centaines de personnes agitent toujours la main ou un mouchoir en notre direction.
Ils savent parfaitement qu'ils ne reverront jamais ceux qu'ils continuent de saluer dans un dernier adieu.

Un groupe de jeunes femmes glousseuses assez mal vêtues se dirige vers nous en agitant leurs éventails bien qu'il fasse plutôt frais.
Jungkook ne semble pas s'en formaliser et continue de vérifier que tous nos objets sont bien à leurs places.
D'un sourire satisfait, il dépose nos besaces à mes pieds et s'appuie sur la rambarde qui nous fait face.
Il pense. Je sais qu'il est heureux de se retrouver sur ce paquebot avec moi.
De prendre un nouveau départ.
Démarrer une nouvelle vie sur un continent inconnu par nous.

Les jeunes femmes minaudent en s'amusant de mon regard fuyant.
Elles se contentent pour l'instant d'observer mon corps avec attention en me tournant autour.
Elles sont assez maquillées, le rose fuchsia aux joues autant que l'alizarine, aux lèvres et le sarcelle aux yeux.
Leurs tenues sont assez extravagantes, de longs manteaux de fourrure brune recouvrent leurs corps maigres et en dessous, se dissimulent quelques monceaux de dentelle sale.
Leurs éventails sont délavés et prennent un air distingué au bout de leurs fume-cigarettes.

L'une d'entre elles s'approchent de mon ami et entreprend de caresser les bras de celui-ci de manière sensuelle.
Je ne veux pas passer pour un homme violent alors je serre les poings et ne bouge plus.

- Odieuses ! Laissez donc ces jeunes hommes en paix !
Ne voyez-vous donc pas que vos silhouettes malingres ne les intéressent pas ? Allez donc vous adonner à vos jeux sordides avec les maîtres d'hôtel !

𝑻𝒊𝒕𝒂𝒏𝒊𝒄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant