ACT2 CHAPITRE 11 : CONDAMNÉ

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2600 après-JC,

Une nuit et une journée s'étaient écoulées lorsque nos voyageurs atteignirent enfin la moitié de la colline. La montée avait été rude, mais leur situation était étrangement favorable. Les provisions étaient suffisantes, leurs forces intactes, et une énergie farouche les animait, suffisamment pour poursuivre leur périple sans accorder de pause. Un équilibre précaire entre la fatigue et la détermination les maintenait en mouvement, comme si le vent même de la montagne les poussait vers leur destination.

L'idée de Lorelëy s'était révélée brillante, presque prophétique. Choisir de suivre ce chemin escarpé et ardu, malgré sa longueur et sa rudesse, leur avait offert une tranquillité inattendue. Aucun signe de vie humaine ou autre n'avait perturbé leur progression sur ces sentiers battus d'Ardigan, chemins oubliés par tous, menant inexorablement vers les montagnes enneigées de Gagnar. Ce silence, loin d'être oppressant, les enveloppait d'une sérénité presque mystique, comme si le monde entier se tenait à distance, les laissant accomplir leur quête sans interférence.

Ces montagnes, situées à l'extrême nord de Tershia, s'élevaient comme un rempart impénétrable, une forteresse naturelle censée protéger le royaume des assauts extraterrestres. Pour Gaël et Gabriel, ces hauteurs glaciales étaient plus qu'un simple obstacle géographique. Elles étaient peut-être le dernier bastion où se cachait le cœur des robots, la source même de la menace qui pesait sur leur monde. Cette hypothèse, bien que spéculative, leur semblait être la solution la plus plausible à l'énigme qui les tourmentait.

Le terrain environnant était d'une hostilité rare, totalement inhabitable pour l'espèce humaine. Les pics acérés, les vents glacials, et les ravins insondables rendaient la région presque maudite, un lieu où la vie ne pouvait s'accrocher. Ardigan, malgré sa réputation, n'était donc qu'une petite enclave, loin de l'expansion que l'on pourrait imaginer d'une cité aux confins de ce royaume. La vaste majorité de cet espace demeurait inexploitable, un désert où seuls les plus audacieux ou les plus désespérés s'aventuraient.

Les humains, obstinés et souvent aveuglés par leur propre fierté, avaient longtemps rejeté toute aide extérieure. Ils voyaient ces terres comme une malédiction à supporter seuls, sans accepter les moyens qui auraient pu leur permettre de les dompter. Leur refus acharné de toute intervention étrangère les condamnait à rester dans l'ombre de ces montagnes, incapables de saisir leur véritable potentiel. 

Alors que les trois voyageurs approchaient enfin de la fin de leur périple, éreintés mais déterminés, le prince de Mars, Jules, restait plongé dans ses propres tourments. Il était fataliste, conscient que la situation devenait de plus en plus critique pour ses frères, et pourtant, une lueur de résolution brillait en lui. Il savait déjà comment les retrouver, comment localiser leur position avec une précision infaillible. Ce qui le tourmentait réellement, c'était la confrontation inévitable avec son oncle exilé, un homme aussi redoutable qu'imprévisible.

Jules se doutait bien que ses frères, tout comme lui, n'avaient qu'une seule personne à qui se tourner pour une aide extérieure : cet oncle autrefois banni, une figure à la fois détestée et nécessaire. Il savait que cette rencontre serait inévitablement tendue, mais il n'avait plus le luxe du choix. La situation exigeait une action immédiate.

Préparé pour l'affrontement, Jules rassembla ses forces. Il avait sélectionné son meilleur garde, un guerrier loyal et silencieux, et rassemblé juste assez de provisions pour ce qui promettait d'être un voyage court mais décisif. Le vaisseau, déjà prêt à décoller, l'attendait dans l'obscurité du hangar. 

« Jules ! »

La voix tremblante mais ferme de sa femme perça l'air, et il s'arrêta net, tournant lentement la tête pour croiser son regard. Elle se tenait là, une silhouette fragile mais résolue, son visage marqué par l'inquiétude. Une humaine, simple dans sa beauté et dans son être, elle était pour Jules la première merveille du monde, une lumière dans les ténèbres de son existence.

LORELËYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant