ACT2 CHAPITRE 3 : LA LORELËY

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2600 après-JC,

Nos compagnons venaient de franchir le portail, et ce qu'ils découvrirent de l'autre côté ressemblait à un sombre tableau de désolation. Un monde lugubre s'étendait devant eux, où l'ombre semblait avoir englouti toute lumière. Le ciel, lourd et obscur, pesait sur la terre avec une atmosphère presque étouffante, comme si chaque respiration arrachait une lutte pour l'air, dense et chargé de poussière. Le silence régnait en maître, seulement brisé par le murmure du vent qui sifflait à travers les ruines.

Autour d'eux, des silhouettes humaines gisaient sur le sol, épuisées et résignées. Des gens dormaient à même la terre battue, leurs corps amaigris et recouverts de haillons, comme s'ils avaient abandonné toute idée de confort ou de sécurité. Les visages creusés par la faim et la fatigue trahissaient une existence marquée par la survie, où chaque jour semblait une bataille perdue d'avance. Pourtant, même dans ce paysage dévasté, la vie continuait, d'une manière aussi fragile que ces maisons de fortune faites de bois vermoulu et de tôle rouillée, prêtes à s'effondrer au moindre souffle.

Plus loin, des enfants jouaient avec des bouts de ferrailles rouillés, ignorant la misère qui les entourait. Leurs sourires naïfs contrastaient de manière poignante avec la réalité dévastée de leur environnement. Leurs rires résonnaient faiblement dans l'air lourd, comme une mélodie dissonante dans ce monde sans couleur. Ces instants d'innocence, si rares, paraissaient presque irréels, un éclat de lumière dans un univers de ténèbres.

La terre sous leurs pieds était dure et stérile, craquelée par la sécheresse et parsemée de pierres éparses, témoignant d'un sol autrefois peut-être fertile, mais maintenant mort et désolé. Les maisons, ces abris précaires, semblaient tenir debout par miracle, tremblantes sous le poids du temps et des éléments. Leur fragilité reflétait celle des habitants, un symbole de l'équilibre précaire entre la vie et l'effondrement total.

L'air, lourd et oppressant, portait avec lui une odeur de rouille et de terre humide, une odeur qui semblait s'accrocher à eux, imprégnant chaque respiration d'une saveur métallique. Nos compagnons se regardèrent, conscients que ce monde, aussi misérable qu'il paraissait, cachait certainement des dangers plus terrifiants encore que cette misère apparente. Le silence pesait sur eux comme une chape de plomb, interrompu seulement par le gémissement lointain du vent ou le craquement sinistre d'une structure qui se désagrège lentement.

« Bienvenue dans l'autre côté. Là où tous les pauvres et les sans-race survivent. » Le prince de Tershia murmura ces mots, son ton dissimulant à peine une pointe de honte en contemplant ce peuple abandonné, délaissé sur sa propre planète. Ses yeux parcouraient la scène avec une tristesse silencieuse, car il savait qu'il faisait partie de la machine qui avait contribué à cette misère, même s'il n'avait jamais voulu l'admettre pleinement.

Sans race ? Cette idée semblait presque absurde dans un monde où chaque être vivant était catalogué, étiqueté, enfermé dans des cases. Dans un univers où les frontières ethniques étaient tracées au scalpel, cette population défiait toute classification. Certes, les espèces ne se comptaient plus que sur les doigts d'une main, une tragédie silencieuse, si l'on omettait les innombrables mélanges d'Hybrides, ces êtres qui portaient en eux le sang de plusieurs lignées, mais qui, paradoxalement, n'appartenaient vraiment à aucune.

Ces différentes races Aliens fruits de l'histoire tourmentée de leurs ancêtres, étaient souvent les cibles de mépris et de violence. La cohabitation forcée de leurs ethnies avait engendré des tensions insoutenables, des guerres intestines qui, au fil des décennies, avaient fini par les anéantir. Les Plutoniens, par exemple, étaient un exemple tragique. Autrefois une race fière et redoutée, ils avaient été balayés par les conflits incessants, exterminés lors de la grande guerre de Tershia. Quelques-uns de leurs hybrides avaient survécu à l'extinction de la race pure, mais leur existence était éphémère, réduite à de faibles murmures dans les archives du passé.

LORELËYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant