ACT 2 CHAPITRE 1 : PROCES

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2600 après-JC,

Le gong se mit à gronder, un son profond et solennel qui sembla faire vibrer les murs de l'amphithéâtre. Les bourdonnements montèrent, d'abord discrets, puis de plus en plus insistants, résonnant dans l'immense salle comme un chant inquiétant. L'heure du procès, redoutée par tous, avait sonné. L'atmosphère était chargée de tension, un mélange d'excitation et de crainte palpable dans chaque respiration.

Les compagnons, vêtus de capes sombres et dissimulant leur identité sous des capuches abaissées, se glissèrent discrètement dans la foule dense. Leurs visages étaient indistincts, masqués par l'ombre, si bien que même les plus observateurs peinèrent à les reconnaître. Ils prirent place sur l'un des bancs, mêlés à la masse humaine, se fondant parfaitement dans la confusion ambiante. La pagaille régnait, chacun murmurait, commentait, spéculait sur l'issue du procès.

Le protagoniste du procès, Jules, au centre de l'attention, scrutait nerveusement l'assemblée. Pourtant, ses yeux ne parvinrent pas à percer la dissimulation de ses frères. Il ne ressentit ni leur présence rassurante, ni le réconfort d'un regard familier. Ils étaient là, et pourtant, ils lui semblaient à des mondes de distance, perdus dans l'anonymat oppressant de la foule.

Assis sur les bancs dans l'amphithéâtre, nos compagnons observaient la scène avec une attention soutenue, leurs regards perçant l'atmosphère tendue qui imprégnait la salle. Leurs cœurs battaient à l'unisson avec l'anxiété ambiante, chaque détail leur paraissant crucial. Jules, au visage grave, monta sur l'estrade accompagné de son père, le Roi, dont la stature imposante et le regard sévère imposaient un silence respectueux à l'assemblée. Le poids des responsabilités pesait lourd sur les épaules du jeune prince, qui se tenait droit, tentant de masquer le tumulte intérieur qui le rongeait.

De son côté, Gaël ne quittait pas des yeux l'accusé. Son regard, plus dur qu'une lame d'acier, ne cachait pas la colère qu'il éprouvait. Cet homme, inconnu aux bataillons, avait osé s'en prendre à la vie de son cher petit frère. La douleur de cette trahison était encore fraîche dans l'esprit de Gaël, rendant son observation de l'accusé encore plus impitoyable. Comment un être aussi insignifiant avait-il pu pénétrer dans un des palais royal, armé et déterminé à commettre l'irréparable ? Gaël serrait les poings, luttant pour contenir la fureur qui bouillonnait en lui.

Les juges, vêtus de leurs robes d'un pourpre solennel, échangèrent quelques mots à voix basse, leurs visages impassibles, avant de commencer l'interrogatoire. Leurs questions fusaient, cherchant à comprendre les motifs de cette tentative d'assassinat. Mais l'homme restait muré dans son silence, ne répondant que par des phrases courtes et évasives, comme s'il défiait encore la justice de le faire fléchir. Pour certaines questions, il ne daignait même pas ouvrir la bouche, ajoutant à l'incompréhension générale.

« Ses enfants ne sont que des bâtards. », murmura l'accusé tout en tenant le regard du prince de Mars froidement.

Chacun dans la salle sentait que cet homme s'était volontairement condamné, refusant obstinément d'offrir une explication ou une justification. Ses yeux, sombres et vides, ne révélaient rien de ses pensées, mais son attitude trahissait une détermination désespérée. Quoi qu'il advienne, il s'était placé dans une position sans retour, une impasse où aucune porte de sortie ne semblait exister. Le verdict paraissait inéluctable, et pourtant, un malaise s'était installé, comme si une vérité plus sombre se cachait derrière ce mutisme énigmatique.

Il revendiqua, avec une ferveur presque fanatique, pendant de longues minutes, la tentative d'assassinat comme étant un acte de justice, une aide terrestre envers les siens, un sacrifice nécessaire pour un avenir meilleur. Ses paroles résonnaient avec une intensité qui semblait vouloir convaincre l'assemblée, mais elles ne faisaient que renforcer l'horreur de son geste. Les humains avaient cette tendance à justifier leurs actes les plus violents en les qualifiant de "pacifiques", une ironie cruelle qui n'échappait à personne dans l'amphithéâtre. Mais ce discours résonnait particulièrement douloureusement aux oreilles de Layla.

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