ACT 2 CHAPITRE 28 : Le prince de Mars (suite)

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2600 après-JC,

Devant Lorelëy se dressait un trône majestueux, un symbole de pouvoir équivalent à celui d'un roi, peut-être même d'un Seigneur suprême. Pourtant, malgré sa grandeur, un détail insignifiant attirait l'attention : un petit trou, à peine visible, qui semblait être un emplacement pour un gobelet. En réalité, ce creux minuscule était conçu pour quelque chose de bien plus précieux, de la taille d'un écouteur, probablement destiné à accueillir une bague.

Derrière elle, Jules observait la scène avec une intensité silencieuse, tenant entre ses paumes le bijou qui avait tant de valeur. Ce moment marquait la fin d'une promesse faite à son oncle, une promesse qu'il s'apprêtait à trahir. Car pour lui, le destin était désormais clair : arrivés à ce point, les trois frères seraient contraints de se séparer de tout ce qui les avait autrefois définis. Leur bague, symbole de leur héritage. Leur trône, signe de leur pouvoir. Leur père, figure d'autorité, et enfin, Lorelëy, incarnation de tout ce qui avait été et tout ce qui devait être abandonné.

Il leva la tête, cherchant l'approbation de la jeune femme du regard. Lorelëy, fascinée par l'instant, hocha doucement la tête, acceptant silencieusement ce qui devait être fait. Elle s'agenouilla près de lui, et dans un geste empreint de douceur et de solennité, Jules posa son front contre le sien, unissant leurs pensées et leur destin. Il serra un peu plus fort la bague verte, comme s'il puisait dans sa force pour accomplir ce dernier acte. Leurs cheveux, de la même couleur pâle, se mêlèrent dans une étreinte intime, effleurant leurs joues.

De loin, on aurait pu les prendre pour des jumeaux, deux âmes parfaitement en miroir l'une de l'autre, partageant un lien indissoluble, même dans l'abandon. 

"Sachez qu'après ça, il n'y aura plus de retour possible, je le sais, faites moi confiance, ouvrez un portail avant.", lui faire confiance, évidemment que Lorelëy lui faisait confiance. Cependant, elle ressentait au fond d'elle que ce n'était pas le premier mensonge de Jules. Pourtant, elle n'attendit pas avant d'agir. La buée de leur souffle respective planait toujours dans les airs qu'elle avait déjà reculé. La jeune femme se tenait sur ses genoux nus, glacés, elle sortit de l'emprise de Jules pour essayer de trouver une quelconque faille. Effectivement, à la droite du trône, une énergie magique planait dans les airs. Peu importe la raison de sa location, Lorelëy pouvait miraculeusement s'en servir pour éjecter le prince de ces lieux. Elle eut quand bien même un mouvement de recul. Anxieuse, elle prononça à haute voix :"J'étais pourtant certaine qu'il n'y avait pas autre moyen de sortir d'ici. À moins que nous soyons les seuls en capacité de le détecter, où cela peut-il mener ?"

Le prince, à ses pieds, lui tapota délicatement le mollet avec son talon pour la ramener sur terre, elle fit volte-face le regard troublé. Jules lui fit comprendre en peu de mots sa désinvolture :"Ne vous en faites donc pas pour moi, j'ai traversé bien plus de portails fantômes que vous puissiez l'imaginer." Non convaincu, la blonde le regarda de haut en bas, comme pour jauger la véracité de ses propos. Lorelëy ne pouvait se mentir plus longtemps, elle avait plus peur de sa capacité à ouvrir des portails fiables qu'en la survie du prince à travers le chemin. Ceci étant dit, elle reproduit les mouvements qu'elle vit lorsque d'autres ouvraient des miroirs. Précisément, les mouvements de Layla, celle qu'elle voyait comme sa sauveuse, qui l'eut ironiquement entraîné à la mort.

Il fallait commencer par se concentrer sur sa respiration, une faille, et le portail éclatait. Ensuite, il fallait tracer un chemin dans son esprit, celui menant à une planète, une contrée, un village, n'importe quel lieu. La clef de la réussite était de s'imaginer traverser le portail, étape que Lorelëy avait du mal à réaliser. En raison des chuchotements proche d'elle. Ceux de Jules, c'est pourquoi, discrètement, Lorelëy mit pause à son enchantement, pour écouter les paroles de son alter-égo. Elle ne le regardait pas, mais pouvait l'imaginer, tenir la bague contre son coeur, et verser des larmes de regret, pour sa promesse non tenue, pour ses frères blessés. Il récitait presque religieusement son discours, reniflant de temps à autre.

LORELËYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant