LORELËY

CHAPITRE 12 : SLOW

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2501 après-JC,

Assise devant le bar, un verre de champagne à la main, Lorelëy fixait le liquide doré avec une certaine appréhension. Les bulles remontaient à la surface, éclatant doucement, mais la sensation pétillante sur sa langue lui était étrangère, presque désagréable. Chaque gorgée semblait plus difficile à avaler que la précédente. Le goût acide et raffiné du champagne n'avait rien de commun avec ce qu'elle avait connu jusque-là, ce monde de luxe était encore un mystère pour elle.

Après quelques tentatives laborieuses pour finir son verre, elle jeta un regard discret autour d'elle, s'assurant que personne ne prêtait attention à ses gestes. D'un mouvement rapide et calculé, elle versa discrètement le reste de son champagne dans le lavabo du bar, le liquide s'échappant silencieusement dans les tuyaux. Elle réajusta sa posture, tenant le verre vide avec une fausse assurance, feignant de savourer les dernières gouttes qui n'y étaient plus.

Un sourire forcé étira ses lèvres tandis qu'elle faisait mine d'apprécier la boisson, espérant que personne ne remarquerait son petit subterfuge. 

La blonde lançait de temps à autre des regards moroses aux invités qui s'approchaient d'elle, leurs intentions déguisées sous des sourires charmeurs. À l'entente des premières notes d'un slow, elle sentit une boule d'appréhension se former dans son estomac. C'était la dernière chose dont elle avait besoin : être exposée sur la piste de danse, entourée d'inconnus qui ne voyaient en elle qu'une future épouse potentielle. L'idée d'effleurer leurs mains, de sentir leur proximité imposée, la révulsait presque.

Cependant, alors qu'elle s'apprêtait à esquiver une énième invitation maladroite, une main différente, plus noble, se tendit vers elle. Celle du prince de Tershia. Contrairement aux autres, son geste n'était pas précipité ni insistant, mais empreint d'une certaine élégance qui la désarma. Elle leva les yeux vers lui, croisant son regard, et se rappela que danser avec le prince était une tradition à chaque initiation. Une tradition qui, curieusement, ne lui déplaisait pas.

L'idée de partager une danse avec lui, sous le regard envieux des autres invités, lui apportait une étrange satisfaction. C'était peut-être l'unique moment de la soirée où elle ne se sentirait pas un simple objet de convoitise, mais une femme, appréciée pour ce qu'elle était. 

Elle se leva d'un bond, son cœur battant à tout rompre, et épousa délicatement la main que le prince lui tendait avec ce sourire enjôleur qui lui était si familier. Sa poigne de fer, bien que douce, laissa des traces de rougeurs sur sa peau fragile, ou peut-être était-ce simplement le stress qui faisait affluer le sang à ses joues. Elle ne savait plus trop. Tout ce qu'elle comprenait, c'est qu'elle se sentait comme hypnotisée, incapable de résister à l'attraction magnétique de Gabriel, malgré son habituel dédain pour les princes de la galaxie.

Chaque pas qu'elle fit à ses côtés la rapprochait du centre de la salle, là où tous les regards convergeaient. Les invités s'étaient tus, leurs conversations s'étant évanouies dans l'air lourd de l'attente. Les femmes et les enfants les observaient avec des sourires bienveillants, captivés par la grâce inattendue de Lorelëy. Elle, qui d'ordinaire se fondait dans l'ombre, se retrouvait soudain au centre de toutes les attentions, rayonnante, tel un astre éclairant la vaste pièce. Le contraste était frappant : d'un côté, elle se sentait terriblement mal d'avoir accepté la main de Gabriel pour danser ce slow, comme si elle trahissait une partie d'elle-même. De l'autre, elle ne pouvait ignorer la chaleur douce qui émanait de lui, la manière dont il la tenait, ni trop fermement, ni trop doucement, juste assez pour qu'elle se sente en sécurité dans ses bras.

Leur entrée au milieu de la salle créait une scène presque féerique. Les lourds rideaux de velours pourpre encadraient ce moment avec une majesté silencieuse, tandis que les lustres scintillants au plafond projetaient des éclats de lumière dorée sur leurs silhouettes, les enveloppant dans un halo presque irréel. Les invités, nobles et dignitaires de Tershia, avaient cessé de murmurer. Une attente respectueuse flottait dans l'air, comme si chacun savait que cet instant était précieux, unique.