CHAPITRE 15 : ELLE MORD

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2600 après-JC,

Gaël sortit du magasin, les bras chargés de sacs débordant de vivres variés, son expression malicieuse trahissant un plaisir évident. Malgré la courte distance qui séparait le magasin du château — à peine 4000 mètres —, il avait pris un soin particulier à surcharger ses bras de provisions, comme pour ajouter une touche supplémentaire à son habitude de taquiner les autres. Sa démarche était nonchalante, presque délibérément provocatrice, comme s'il cherchait à faire passer le temps en augmentant le fardeau de Lorelëy.

Il posa les sacs devant elle avec un geste théâtral, les déversant sur ses genoux nus avec une nonchalance déconcertante. Les paquets s'éparpillèrent en un désordre qui aurait fait rougir un organisateur de banquet, les boîtes et les sacs se mélangeant en une montagne de nourriture.

Lorelëy, visiblement exaspérée par le spectacle, leva les yeux vers lui avec une expression mêlée d'irritation et de résignation. Sa patience était à bout, et le désordre devant elle n'était que la cerise sur le gâteau. Elle lança, la voix tremblante d'agacement : « On ne vous a donc jamais appris la politesse et la galanterie ? » Sa remarque, mordante et chargée de sarcasme, flottait dans l'air comme un défi.

Les sacs de nourriture, désormais éparpillés, étaient le reflet parfait de l'attitude désinvolte de Gaël. Les coins des emballages, déchirés par le poids et le mouvement brusque, laissaient échapper des arômes alléchants qui se mélangeaient aux éclats de rire épars des autres invités. La scène, aussi chaotique qu'elle fut, ne manquait pas de piquant et donnait à la situation un air de farce.

Gaël, impassible face à sa réprimande, arborait un sourire en coin qui ne faisait qu'accentuer le contraste entre sa désinvolture et la frustration palpable de Lorelëy. Il avait l'air de savourer chaque moment de son tour de force, conscient que son comportement allait alimenter les ragots de la journée.

-Bien évidemment, mais... », il marqua une pause puis enchaîna : « Seulement avec ceux qui le mérite, vous savez ?", il prit un faux temps pour réfléchir à la réplique qu'il avait surement déjà préparé au préalable, puis en faisant mine d'avoir trouvé, il continua :"Les nobles !" Il fit volte-face puis lança le reste de la nourriture à Layla et au jeune gardien bien décidé à les pousser à bout. Pour finir il tira le pan de sa veste pour la jeter dans les bras du gardien sans oublier de lancer des regards discrets vers la foule. Il ne voulait surtout pas que les Tersians soient au courant que le prince de Zodiac passait du temps avec des fugitifs. En bref, le prince de Zodiac, Gaël II. La blonde ne préféra pas relever et roula des yeux dramatiquement.

A force de marcher, le petit groupe finit par enfin atteindre leur destination. Ils s'arrêtèrent devant un pont-levis tout ce qu'il y a de plus simple. Ne préférant pas attirer les soupçons, Gaël entreprît d'appeler son frère lui même. Mais lorsque la blonde amorça un pas en avant du pont, il se baissa lentement comme si elle en avait donné l'ordre. Notre protagoniste tourna la tête fièrement vers le prince puis le fit une révérence des plus insolente. Mais comme un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, il suivit Lorelëy en haussant les épaules.

Le château à quelques mètres, la blonde endigua sa marche pour respirer un grand coup avant de revoir le héros de son initiation. Elle avança et comme elle vit tous les autres se placer devant la porte, elle fit de même. Gaël donna alors trois grands coups sur la porte en bois médiéval. Il ne se fit pas prier pour réveiller toute la ville avec se bruit. La porte s'ouvrit en un grand fracas puis toutes les décorations du château montèrent aux yeux de Lorelëy.

Ses souvenirs défilèrent devant ses yeux à une vitesse incroyable. Son initiation.

Un malaise s'installait en elle lorsqu'elle se rappelait avoir voulu rester dans les bras du prince Gabriel plus de 90 ans plus tôt. Le prince de Zodiac, de sa main poussa la protagoniste au milieu de la salle puis il s'adressa au garde : « Où est mon frère j'ai besoin de lui parler ! » Les gardes ne laissant pas entrer Gaël, il décidait lui même d'entrer dans la chambre de son frère en prenant soin de pousser quiconque l'en empêchait. De sa force brute, il enfonça les portes du boudoir royal avec un fracas assourdissant. Les deux panneaux de bois se brisèrent en éclats sous l'impact, révélant Gabriel XVI, le prince de Tershia, encore engourdi de sommeil. Vêtu uniquement d'un boxer en coton, il semblait tout droit sorti d'un rêve troublé, les cheveux en bataille et l'air confus. La scène, à la fois incongrue et hilarante, détonnait avec l'austérité habituelle du palais.

LORELËYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant